Alèide

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    Alèide s'habilla ce jour-là de façon légère. Le mestre du château avait annoncé qu'il ferait très chaud. Elle choisit des chausses brunes et une chemise de tissu. Si elle devait s'enfuir, courir en robe ne serait pas facile. Une fois qu'elle eut décidée ce qu'elle allait mettre, elle alla prendre un bain. Une des servantes refusa la demande de la fille. Elle se lava donc avec un seau d'eau, le liquide glacé coulant dans son dos et dans ses cheveux. Puis elle descendit aux cuisines demander quelque chose à manger. On lui refusa, en lui annonçant que Lord Calmor ne voulait pas qu'elle se nourrisse plus d'une fois par jour pendant son absence. Aléide s'étonna : « Son absence ? Ah, comment ai-je oublié ? Je suis confuse, mais laissez-moi prendre un bout de pain, je vous prie.
-Non, vous mangerez ce midi. »
Aléide se retourna, fit quelques pas pour sortir ; puis rebroussa chemin. La cuisinière, touillant sa grosse marmite, fit les gros yeux en la voyant s'avancer. La jeune fille brandit son poing, et ce dernier atterrit en plein dans le visage de la vieille dame. La cuisinière perdit l'équilibre et renversa sa mixture par terre. La jeune fille prit la parole d'un air impérieux :
« - Je suis la femme de Lord Calmor. Laissez-moi manger, sinon je vous mettrai à terre encore une fois, jusqu'à ce que vous me donniez quelque chose. La vieille se massa le visage, puis dit :
- Tenez, un bout de pain et une cruche d'eau.
- Merci, j'espère ne pas trop vous avoir dérangé, vous pouvez reprendre votre travail. »
Elle saisit la miche de pain et l'eau et partit dehors. Les jardins étaient loin 'être somptueux, ils étaient... simples. Quand elle était petite, Aléide adorait se rouler dans l'herbe jaunit par la chaleur, et cueillir des bouquets pour son père et sa mère. Les jardins, chez elle, étaient gigantesques, de grandes plantes poussait, et un ruisseau coulait en travers. Elle ne reverrait sans doute jamais ce ruisseau, ni le pont blanc qui le traversait, ni son frère. Sauf si il vient me libérer, je serais libre... Ou si je m'enfuis. Pour l'instant, il n'y avait pas son mari, ce qui lui permettait d'être plus libre. Je pourrais gouverner et rebeller les gens, et quand mon cher époux reviendra, il se fera rejeter. Non, ce n'est pas possible, je me ferai tuer par ses fidèles. Elle donna un grand coup de pied dans une pierre, et le caillou alla valdinguer sur un garde des portes. Alèide se cacha dans les herbes, et le garde reprit son poste comme si de rien n'était. Puis elle se releva et marcha en direction des écuries. Arrivé là-bas, elle vit un jeune garçon, d'à peu près son âge, qui était occupé a désarçonner un cheval et a le brosser. Elle lui proposa :
« - Tu veux que je t'aide ? Je ne sais pas quoi faire.
-Euh... Si tu veux... Je... Je n'ai pas l'habitude de voir des gens par ici.
- D'accord, qu'est-ce qu'il faut faire ?
- Tu n'as qu'à le brosser pendant que j'enlève ses harnais. »
Elle travailla donc toute la matinée avec ce garçon. Au bout d'un moment, quand tous les chevaux furent brossés, elle demanda : « Quel est ton nom ?
- Floxel. Et toi ?
- Euh... Alèide
- Alèide ? Tu es la femme de lord Carmor ?
- Euh... Oui, mais... Oh non, pas la peine de me prendre pour une personne importante, je... je cherche à me faire oublier.
- D'a... D'accord. »
Alèide suivit le garçon jusqu'à chez lui. Il avait une petite maison en pierre, et un rosier était en train de bloquer la porte. Alide proposa au garçon d'aller au château, plutôt. Il accepta, quelque peu gêné. Elle arriva devant les portes, et les gardes ne lui opposèrent aucune résistance, ce qui l'étonna. Le garçon fut étonné par la grandeur de la grande salle. La jeune fille, orgueilleuse, dit « Chez moi, c'est deux fois plus grand.
- Chez toi ? Mais, c'est ici chez toi, non ?
- Non, chez moi, c'est à Kingdomsea. Viens par-là, je vais te montrer ma chambre. »
Il la suivit et quand elle ouvrit la porte, une personne se tenait sur son lit en soie. Elle avait un capuchon noir. Il était d'une carrure imposante, et un poignard lui barrait les genoux. La fille prit peur, et l'homme releva son capuchon et découvrit son visage. Elle le connaissait bien, très bien. Il prit la parole d'une voix grave :
- Alèide, cela faisait longtemps.

La prison des ténèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant