Chapitre 13

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Petit Météore était plongé dans un sommeil d'encre. Tout était si calme, si apaisant.

Soudain, dans le noir le plus total, surgit un grain de poussière de lumière. Il grossit jusqu'à atteindre la taille d'une mouche, puis celle d'une souris. Il doublait de volume à vu d'œil, dérangeant la plénitude du chaton. En plus, des murmures lointains venaient briser le silence. La sphère de lumière venait de prendre la proportion du Soleil et les voix étaient de plus en plus assourdissantes !

Alors, la lumière engloutit complètement les ténèbres et une explosion de sons plus forts les uns que les autres l'accompagna.

Puis, plus rien. Tout était devenu calme.
Petit Météore remua. Ses sens commençaient à s'éveiller.

« Il faudra l'interroger. Je ne connais pas une seule chatte des environs qui a eu des chatons d'environ cinq lunes, dit un chat.

- Ouais c'est chelou. En plus, elle sent bizarre, renchérit une autre.

- Chut ! Elle se réveille ! »

Petit Météore ouvrit les yeux et découvrit qu'elle était allongée dans un nid de paille érigé dessus un immense tas de balles de foins, dans une sorte de grotte carrée en bois, traversée de rayons de lumière, dans lesquels on voyait danser la poussière. L'effluve de celle-ci et celle musquée des rongeurs la frappa de plein museau, mais l'odeur féline était aussi bien présente.

Ensuite, il y avait ces chats qui avançaient vers elle. Le matou avait le pelage roux tigré, les pattes et le bout de la queue blancs et des yeux d'un bleu limpide. Ses oreilles étaient déchiquetés comme s'il s'était battu récemment. La femelle abordait une robe tortue avec la poitrine blanche, les yeux verts feuille. Une cicatrice lui barrait le museau et remontait jusqu'à l'œil. Malgré leur air de guerrier, ils avaient l'air plutôt bienveillants.

« Ça va petite ? la questionna le mâle.

- Oui... enfin je crois, émit-elle. Pourquoi je suis là ? Quel est cet endroit ? Et...

- Wow on se calme avec les questions, l coupa-il en rigolant. Bon, pour commencer, on t'as trouvé dans un sale état pendant un orage. T'étais toute fripée et vu que tu n'est qu'une mioche, on a décidé de t'aider. »

La chatte continua :

« On t'as traîné jusque ici et on t'as nourri et abreuvé de notre mieux.

- Je suis restée combien de temps inconsciente ?

- Cinq jours. À croire que tu étais vraiment au bout du rouleau. On s'est battu comme des cinglés pour te garder en vie car un chaton ne mériterait pas de mourrir si tôt. »

Petit Météore était choquée. Cinq jours... c'est long.

Le matou la questionna :

« Pourquoi t'étais pas auprès de ta daronne ? »

Daronne ? La chatonne ne le comprenait pas, surtout qu'ils utilisaient des mots qu'elle n'avait jamais entendu.

Voyant son trouble, il s'expliqua :

« Ta maman si tu préfères. Donc, pourquoi n'étais-tu pas auprès d'elle ?

- J'ai été chassé de mon Clan, car notre chef ne m'aimais pas, fit-elle.

- Et ils t'on séparé de ta mère ?!

- Oui. Et de mon père et de ma sœur.

- MAIS QUEL BANDE DE SOURIS SANS CERVELLE, ÇA NE SE FAIT PAS DE SÉPARER LES FAMILLES ! »

La femelle prit la parole alors que son camarade proférait des injures.

« Avant, tu as dis 'clans'. Tout le monde dit que ce n'est qu'une rumeur, qu'ils n'existent pas. »

Le matou se tut d'un coup, et écouta, tout ouïe.

« Oui ils existent vraiment, j'en suis la preuve.

- Ah c'est pour ça que tu sens bizarre, car tu viens pas du coin, s'exclama le rouquin. C'est comment là-bas ? »

La chatonne leur raconta alors avec une pointe de tristesse sa vie de chaton au sein du Clan de la Lune et tout ce qu'elle savait et s'excusa de ne pas mieux connaître le reste vu qu'elle n'était qu'un jeune chaton.

Les deux chats errants étaient suspendus à ses babines. Quand elle eut fini, la femelle l'interrogea

« Au fait, tu t'appelles comment ?

- Petit Météore...

- Moi c'est Ombre et l'autre c'est Rayon, la coupa-elle.

- Mais j'aimerai vous préven...

- Tu sais, il y a plein d'autres chats qui vivent ici et je suis sûre que tu vas t'y plaire et que tu vas vite te faire des amis.

- Ouioui mais écoutez-moi ! »

Ombre s'interrompit et la laissa parler.

« Je porte malheur, je ne peux pas rester ici. C'est d'ailleurs à cause de ça que j'ai été exilée. J'ai tué plusieurs chats et gravement blessé un autre, révéla-elle, en baissant les yeux.»

Les deux chats la dévisagèrent.

Soudain, Rayon s'esclaffa :

« En gros on a sauvé une psychopathe ! On est fort dis donc !

- Je ne suis pas une psycho-je-ne-sais-quoi, protesta-elle, rendant le matou encore plus hilare, je porte juste malheur à tout ce que je touche !

- Et pourquoi on n'est pas morts ?

- Ça va arriver et c'est pour ça que je dois partir. »

Ombre s'interposa :

« Ah non ! Pas question ! Tu ne sais même pas chasser et te battre ! Tu partiras d'ici quand tu sauras te débrouiller seule ! Non négociable, » ajouta-elle devant l'air refrogné du chaton.

Sur son ton, Petit Météore comprit qu'elle ne changerait pas d'avis. Alors elle accepta mais à une seule condition

« Vous ne devrez jamais me toucher à part s'il y a urgence. Et une dernière chose : j'aimerais changer de nom. »

Les deux compères comprirent que c'était à cause de son passé, que ce nom lui rappellerai trop de mauvais souvenirs.

Ombre réfléchit une fraction de seconde et clama :

« Alors c'est décidé. Bienvenue chez nous, Nébuleuse. »

LGDC Liées à jamais « Le chat maudit »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant