Chapitre 4

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Les yeux bouffis par le sommeil et les cheveux ébouriffés, Blanche se présenta à la cuisine le lendemain matin. Elle n'avait pas eu la force de lire le journal, et l'avait rangé, proprement enroulé dans un tee-shirt pour ne pas l'abîmer dans sa valise. Ils rentraient aujourd'hui dans leur petit village, et les préparatifs battaient leur plein pendant que l'adolescente prenait son petit déjeuner, encore à moitié endormie. Sa nuit avait été mouvementée, emplie de cauchemars et de rêves étranges, dans lesquels elle retrouvait toujours sa grand-mère, tenant son carnet à la main, et lui disant quelque chose qui paraissait très important, au vu de son expression paniquée, mais Blanche ne pouvait rien entendre, car plus elle s'approchait de la vieille dame, plus celle-ci s'éloignait.
Blanche s'était réveillée frustrée et de mauvaise humeur. Elle savait que le seul moyen d'avoir des réponses à ses questions était de lire le journal, mais c'était trop tôt, elle n'avait pas le courage, la disparition de sa grand-mère était trop récente.

La route fut longue pour retrouver sa campagne, et Blanche eut tout le loisir de lire pendant des heures sans être dérangée. Lorsqu'ils arrivèrent à destination sept heures plus tard, la jeune fille n'attendait même pas que le moteur soit coupé, elle bondit hors de la voiture et courut au travers du pré derrière la maison, pour se diriger vers un chêne immense et majestueux. En deux temps, trois mouvements, elle était au coeur des feuilles, lovée entre les branches.
Elle prit une grande inspiration et laissa l'air pur inonder ses poumons. Pour la première fois depuis plusieurs jours, elle se sentait à sa place et bien dans sa peau. Elle ferma les yeux et s'endormit, d'un sommeil sans rêves et reposant.
Lorsqu'elle se réveilla, il faisait nuit, et la fraîcheur s'était installée. Elle descendit de l'arbre, et s'allongea dans l'herbe humide, les yeux fixés sur les milliers d'étoiles. Le spectacle était magnifique, mais Blanche dut se résoudre à rentrer.

                              ***

Assise devant son bureau, la tête entre les mains, Blanche avait le regard fixé sur le petit carnet rouge. Un mois avait passé depuis leur retour de Paris, et ses cauchemars revenaient toutes les nuits. Cependant, la nuit dernière, le rêve avait changé: elle avait pu s'approcher de sa grand-mère et entendre son message:
"Lis le journal, accomplis ta destinée, je compte sur toi, sois forte ma petite fille adorée, lis le journal..."
Et elle avait disparu, avalée par un nuage de fumée, laissant un écho derrière elle
"Lis le journal, lis-le"
La jeune fille pris son courage à deux mains, inspira un grand coup, et ouvrit le carnet. On y avait glissé une lettre à son attention.
                        

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