Quina

Chapitre 18

"Bienvenue dans le laboratoire! Lança Val avec entrain. Approche! Viens! Viens voir la dernière petite merveille que nos ingénieurs ont inventée!"
Blanche s'approcha avec curiosité, et vit un petit cercle transparent, accroché à un cable tout aussi discret, qui reliait le petit cercle à une minuscule plaquette vainée de fils électriques. Le garçon tendit le petit objet à Blanche
"C'est le premier traducteur qui te permet aussi de parler la langue que tu souhaites! Tiens, ce n'est qu'un prototype mais il fonctionne déjà très bien, cela t'aidera à t'intégrer et à passer inaperçue si tu te fait contrôler par des gardes de la République."
Elle lui sourit et prit le traducteur. Il l'aida à l'installer. Lorsque l'adolescent lui tendit un miroir, Blanche n'en crut pas ses yeux, l'appareil était tout simplement invisible! Elle remercia vivement Val et il l'accompagna dans la salle principale.
Blanche avait mit du temps à le remarquer, mais une dizaine de portes très discrètes se dressaient le long des murs. Val lui avait expliqué qu'elles donnaient sur des dortoirs, une cantine, des bureaux privés, des salles d'entraînement, une bibliothèque, une salle qui accueillait un ordinateur superpuissant qui lui servait à pirater les serveurs ennemis, des laboratoires comme celui qu'ils venaient de quitter, ou encore des passages secrets qui menaient à l'extérieur en cas d'attaque du quartier général. La base de la Rébellion était une véritable ruche.
Ils arrivèrent auprès de Aaron, qui attendait Blanche en compagnie de Anna et Gyn.
"Les jumeaux ont regagné le dortoir des chefs et Nora n'est pas revenue de sa réunion avec le commandant du secteur surveillance et espionnage, on va remonter avec Anna et Gyn, elles ont des chambres vides à l'étage de la maison.
Blanche glissa un oeil à Val, l'air déçu.
-On ne va pas rester dormir dans les dortoirs?
-Non, Anna a la gentillesse de nous offrir des chambres, nous dormiront là-haut."
Aaron avait répondu d'un ton cassant qui ne lui ressemblait pas. Blanche lui jeta un regard surprit et peiné. Elle pensait qu'il avait finit par l'apprécier. Finalement vexée par si peu de sympathie, elle se détourna vers Val. Il chuchota, pour ne pas se faire entendre de Aaron.
"Laisse tomber, il est comme ça tout le temps, sans raison. N'y fais pas attention ce n'est pas un garçon intéressant. Puis il continua plus fort. Bon, et bien, on se voit à ta prochaine visite au QG, salut!"
Il lui fit un clin d'oeil discret qui fit rougir Blanche. Aaron prit un air agacé et tira Blanche par le col de son tee-shirt, la forçant à retourner vers l'entrée principale. Une fois remontés dans le couloir en pente, Blanche interpela le garçon, qui courait presque.
"Aaron! Tu peux m'expliquer ce qu'il se passe? Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal?
Il fit volte face, ses yeux durs comme de la pierre.
-Tu me demandes si tu as fait quelque chose de mal? Sérieusement? Depuis qu'on est arrivés ici tu m'adresse à peine la parole, tu t'enfuis comme une voleuse avec Le Pirate, sans prévenir personne, je me suis inquiété alors que tu faisais simplement le tour du propriétaire, j'ai remué la salle de fond en comble de peur qu'il te soit arrivé quelque chose! Tu ne dois pas comprendre qui tu es ici Blanche, tu es Quina! Il avait insisté sur ce dernier mot. N'importe qui peut te vouloir du mal, et même si tu es un peu épargnée ici, il y aura toujours quelqu'un pour vouloir ta mort. Ici, les seules personnes à qui tu peux accorder ta confiance sans risque sont Anna, Gyn, Nora, les Jumeaux, et moi. Souviens-t'en.
-Et comment est-ce que je peux être sûre que toi non plus tu ne me veux pas de mal?
Il la regarda avec une flamme dans le regard, le visage dans une colère noire. Toute trace de la sympathie qu'il lui avait accordée plus tôt dans la journée s'était évaporée. Blanche ne le reconnaissait pas, même lorsqu'il était froid et distant, ses yeux n'avait jamais été dur comme pierre, car une lueur bienveillante brillait discrètement au fond d'eux. La jeune fille avait posé la question de trop.
-Tu peux être sûre que je ne te veux pas de mal car j'ai failli perdre la vie en sauvant la tienne du Nawrd. Il tentait de poser sa voix, mais elle tremblait tant de rage que l'adolescente prit peur et s'enfuit en courant. Elle poussa la porte donnant sur la maison restée ouverte si fort qu'elle claqua contre le mur. Elle monta en trombe les vieux escaliers grinçants vers l'étage, et se retrouva devant une enfilade de portes ouvertes, elle s'avança, un peu calmée et essoufflée par sa course à travers toute la maison. Elle entra dans la première pièce, qui était une chambre paraissant inoccupée. De style ancien, elle possédait un grand lit à baldaquin tendu de soie rouge, accolé au mur. Sur tout le pan de mur opposé au lit se dressait une tapisserie représentant une jeune femme d'une beauté exceptionnelle, parlant à un groupe de personnes en guenilles. Elle avait un air bienveillant et protecteur, et sur la tête une discrète couronne. Au dessus d'elle volait une colombe, la tête tournée vers un petit globe représentant la Terre, sans doute l'expression de son envie de voyage. En bas de l'oeuvre, on pouvait lire son titre: Reine Ophélia rêvant d'ailleurs. Blanche eu un sourire triste, et se détourna pour inspecter le reste de la pièce. Une petite fenêtre face à la porte donnait sur la rue sombre en contrebas, tandis que le sol était recouvert par un grand tapis brodé. Une coiffeuse et un lavabo accompagné d'un nécessaire de toilette se dressait dans l'angle du mur. La jeune fille s'assit sur le lit et se prit la tête entre les mains, découragée. Le garçon qui l'avait sauvée et accueillie chez lui ne voudrait sûrement plus lui adresser la parole après l'insolence dont elle avait fait preuve. Elle soupira longuement.