Chapitre 17

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La porte ouvrait sur une immense pièce qui bouillonnait d'activité. De longs bureaux étaient alignés devant un écran géant qui projetait les images de caméras de surveillances disséminées sur tout le territoire. Blanche reconnu l'entrée du palais devant laquelle ils étaient passés plus tôt, elle vit des places grouillantes de monde, et sur une majorité des images, des plumes étaient accrochées aux fenêtres et balcons, de la même manière qu'au village. Sur les bureaux s'étalaient des ordinateurs, cartes, téléphones, tas de documents et machines diverses. Entre les bureaux et l'écran géant était placée une grande table ronde. Ses bords étaient ornés de dizaines de boutons, manettes et petits leviers,  tandis que son centre était légèrement enfoncé par rapport aux bords. Du centre enfoncé, s'élevait un plan holographique de Niitey, qui tournait sur lui même.
Le regard de Blanche se posa sur les trois murs restants, qui étaient couverts de photographies en couleur ou en noir et blanc. Sous chaque photo était inscrit un nom, une date, un lieu et un grade, ou le nom d'une section. Nora surprit son air interrogateur et s'avança jusqu'à elle.
"Ce sont toutes les personnes mortes pour le réseau ces quarante-cinq dernières années, ceux que vous voyez sur le mur du fond, qui entourent les portraits de Ophélia, sont les premiers qui ont sacrifié leur vie pour la liberté. Les derniers sont sur les extrémités, sur les murs des côtés."
Blanche fut stupéfaite, il y avait des centaines de visages affichés.
"657, pour être exacte, 657 âmes sacrifiées..."
Tous ces gens, hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux, se battaient corps et âmes pour la cause qu'ils défendaient, et ils étaient prêts à y laisser leur vie.
Lorsqu'elle se retourna pour rejoindre le groupe, il se dirigeait vers la table circulaire. Elle courut pour les rejoindre, se plaçant à leur suite autour de la table, ils formaient un arc de cercle face à la salle. Nora était au centre, Anna à sa droite, Blanche à sa gauche. De part et d'autre des trois femmes, se tenaient Lay et Abe. Aaron et Gyn avaient rejoint les bureaux, et se tenaient face à eux. Nora appuya sur un bouton bleu et une alarme retentit. Le brouhaha qui régnait, les gens qui s'interpelaient sans relâche cessèrent d'un coup, regagnant aussitôt leur place, attentifs. L'alarme cessa et Nora pris la parole, accompagnée de son accent Niity.
"Rebelles, rebels, je vous amène la meilleure nouvelle que nous n'ayons jamais eu."
Des murmures enthousiastes s'élevèrent à cette annonce, et ils s'étouffèrent aussitôt, sous le regard sévère du Capitaine.
"Ce soir, je vous l'annonce! Quina est parmi nous! Nous sommes sauvés!"
Cette fois, une salve d'applaudissements et des cris de joie résonnèrent dans la salle. Nora les laissa exprimer leur soulagement, le sourire aux lèvres. Le silence retomba peu à peu et les regards curieux s'arrêtèrent sur Blanche, rouge jusqu'aux oreilles d'être présentée en public, et de voir autant d'espoir reposer en elle. Elle sentait maintenant le poids de ce fardeau sur ses épaules, mais les regards tournés vers elle étaient si heureux qu'elle reprit courage, elle ne pouvait pas les laisser tomber. Nora reprit son discours
"Je vous présente Blanche, la petite fille de notre bien aimée Reine Ophélia! Elle vient de France, et il y a quelques semaines elle ne connaissait pas l'existence de Niitey, alors je sais que vous placez énormément d'espoir en elle, mais je vous demande d'être indulgent et de la traiter avec tout le respect qu'elle mérite, car je vous le rappelle, elle est l'héritière au trône et donc votre future Reine. Sur cette information, je vous laisse, on m'attend. Et rappelez vous, L'espoir nous guide.
Bonne nuit."
Elle descendit de surélévation et quitta la pièce au pas de charge, par une porte que Blanche n'avait pas remarquée dissimulée sous l'écran géant.
Ce fut aussitôt un véritable capharnaüm, tout le monde se précipitait pour parler à Blanche, se présenter, lui dire un mot. Les jumeaux se dressèrent entre l'adolescente tétanisée et la foule en folie, créant un mur humain, ne laissant passer que quelques personnes à la fois, qui exprimèrent à Blanche leur admiration, gratitude, leurs espoirs ou encore leur soutien. La jeune fille vit ainsi défiler plus de personnes qu'elle ne pouvait en compter, jusqu'à ce que le flot de Rebels se calme.
Soudain, un garçon se présenta, il était parfaitement calme et repoussa tranquillement Lay, qui lui bloquait le passage, en lui adressant quelques mots dans une langue que Blanche ne comprit pas. Il avait les cheveux couleur blé doré, dont les plus longues mèches tombaient sur des yeux verts rieurs. Il lui adressa un grand sourire et avec un fort accent plus marqué que celui de Nora, il lui dit:
"Salut! Je m'appelle Val, de la section actions et sabotages, j'habite au QG, je te fais visiter?"
Blanche fut hypnotisée par ses yeux émeraude et acquiesça vigoureusement. Il lui prit la main et traversa la foule sans y faire attention.
Il lui montra les bureaux de la section surveillance du Portail et espionnage, ceux de la section actions et sabotages, les rares postes d'infiltration au gouvernement, et la partie réservée aux moins de dix ans, chargés de missions de renseignement et d'espionnage, sous la tutelle d'adultes chargés de leur protection et de leur formation.
Il lui expliqua qu'il était spécialisé dans le piratage informatique, pour glaner des informations sur les actions de la République et pour saboter leurs réseaux.
Blanche était impressionnée par l'organisation de la Rébellion, et par tous les moyens dont elle disposait.
"Je ne savais pas que vous aviez une technologie aussi avancée, vous avez des ordinateurs, des écrans géants, des voitures!
-Tu serais étonnée de voir toutes les choses que nous avons élaborées qui n'existe pas chez toi. Répondit-il, malicieux. Malheureusement, on ne peut plus rien utiliser légalement, le gouvernement a tout confisqué et a stoppé toutes les recherches. Les ingénieurs ont été arrêtés et toute tentative pour continuer leurs travaux est passible de prison. Jobias veut avoir le contrôle total de la population, on ne peut plus se déplacer que par les taxis de la République, qui n'emmènent qu'à certains endroits et ils sont extrêmement chers, ou à pied. Le gouvernement tente de séparer les gens, pour qu'ils ne puissent pas se révolter, mais il n'a pas compris que rien n'empêche les hommes de rejoindre leur famille ou leurs amis. Mais ici rien de tout cela n'est valable! De toute façon nous sommes tous hors-la-loi, alors autant l'être jusqu'au bout! Viens."

QuinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant