Chapitre 15

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Aaron fit visiter à Blanche la capitale, ils passèrent devant le palais, où des centaines de soldats armés jusqu'aux dents montaient la garde. Blanche n'était pas tranquille, mais la présence du garçon la rassurait, et elle se détendit.
L'adolescent l'emmena ensuite dans un grand parc désert, où autrefois des rires d'enfants devaient résonner, mais les parents ne laissaient plus leurs enfants sortir à cause des Nawrds qui rôdaient, et le parc était laissé à l'abandon.
Aaron s'était détendu suite aux dernières révélations, et un éclat malicieux brillait désormais dans ses yeux. Il était plus naturel, et plaisantait volontiers avec Blanche. Ils passèrent une excellente après-midi à visiter la ville et à s'amuser à éviter les patrouilles de soldats qui arpentaient les rues, sans doute déjà à la recherche de la jeune fille. Le duo était conscient du danger, mais leur témérité prenait toujours le dessus et ils restaient toujours plus longtemps à découvert.
Le soir venu, Aaron glissa un regard malicieux à Blanche, et dit:
"Maintenant, je dois te présenter quelqu'un."
Il se mit à courir et Blanche le rattrapa en riant.
"C'est loin?
-Non ne t'inquiètes pas, on passera la nuit là bas et on rentrera demain matin. "
Il s'arrêta à l'embouchure d'une ruelle sombre et sale, Blanche vit briller de petits yeux cruels dans l'obscurité, et se rendit compte qu'ils appartenaient à un gros rat qui détala lorsqu'ils s'avancèrent. La jeune fille, peu rassurée, se rapprocha de l'adolescent.
"Où est-ce que tu nous emmène? Demanda-t-elle d'une voix tremblante
-Tiens, c'est ici."
Il s'arrêta devant une vieille porte en bois qui semblait condamnée. Il frappa trois coups longs et deux courts, et attendit. Blanche entendit des petits pas précipités et la porte grinça. Une petite fille se tenait dans l'embrasure de la porte.
"Bonjour Gyn, on vient voir Anna, je peux entrer?"
La fillette hocha de la tête et se décala pour les laisser entrer. Elle se pencha pour jeter un coup d'oeil d'un côté puis de l'autre de la porte et la referma précautionneusement.
Blanche observa autour d'elle, ils marchaient dans un couloir sombre et humide. Ils s'avancèrent jusqu'à une pièce éclairée au fond du couloir. Là, un feu de cheminée brûlait, et dans un fauteuil placé devant les braises, une vieille femme était assise. En la voyant, Aaron s'inclina bien bas, et lorsque Blanche vit son visage, elle suffoqua et sentit ses jambes flancher. Aaron se précipita pour la rattraper avant qu'elle touche le sol.
"Désolé, j'aurais dû te prévenir qu'elle lui ressemblait un peu.
-Un peu?! Tu te fiches de moi! Elle est le portait craché de ma grand-mère! "
Cria-t-elle en reprenant ses esprits. Lorsqu'elle se rendit compte que le garçon la tenait contre elle, elle se dégagea violemment, et se tourna vers la vieille dame, soudain plus calme.
"Vous devez être Anna, la soeur d'Ophélia. La doyenne se tourna vers elle et sourit.
- C'est bien moi, et toi tu dois être Blanche, ma merveilleuse petite nièce, désolée, je ressemble à ma soeur, ça doit être douloureux de me regarder, j'en suis navrée.
-Ne vous en faites pas, c'est juste un choc car je n'étais pas préparée. Elle jeta un regard assassin à Aaron.
Mais, je ne comprend pas, je croyais que vous étiez retenue prisonnière par la République?
Aaron prit la parole à la place de Anna.
-Ils l'ont relâchée car elle ne leur servait à rien et était incapable de  gouverner le royaume, même si elle l'avait voulu. Elle n'est  pas folle en vérité, mais a fait croire à tout le monde qu'elle l'était...
-Pour pouvoir préparer ta venue annoncée par la prophétie. Termina l'ancienne. Je n'étais pas à même de mener une révolte, alors j'ai tout préparé pour qu'à ton arrivée, le peuple soit prêt à renverser la République, et il est prêt."
Blanche était abasourdie. Elle avait entendu beaucoup trop de révélations en une journée et était perdue. Elle s'assit sur une chaise à côté du fauteuil et prit sa tête entre ses mains.
Quelques minutes plus tard, on entendit trois coups longs et deux courts frappés à la porte, et Gyn se précipita pour aller ouvrir. Blanche entendit des éclats de rires et des voix enjouées, et Gyn revint accompagnée de deux hommes et une femme.

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