Chapitre 22

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"Quelle surprise, Val."
Blanche avait mit tout le dégoût dont elle était capable dans le nom du traître aux yeux verts. Il se tenait là devant elle, une haine infinie dans le regard, mêlée à un amusement sadique.
"Tu as oublié tes livres, ce matin. Mon cadeau ne t'as pas fait plaisir?"
Il jouait comme un chat avec sa proie.
"Ce n'est pas très poli de partir comme ça dans un moment pareil, je ne pensais pas avoir mérité ça."
Il fit une moue faussement désolée, se pencha devant elle, releva son menton qu'elle gardait baissé, et colla ses lèvres contre celles de Blanche, qu'elle gardait étroitement pincées, en tentant de reculer sa tête. Mais il la tint fermement pour voir la rage s'insinuer dans son regard.
Val se décolla enfin, la mine satisfaite. Il glissa un regard victorieux à Aaron, qui brûlait de haine. Si un regard avait pu tuer, le garçon blond aurait été foudroyé sur place. Mais il n'en fut rien, et Val continua son petit numéro, se tournant complètement vers Aaron.
"L'ange gardien de Mademoiselle est jaloux? Il n'a pas eu le droit à ce petit plaisir? C'est dommage, tu en rêves, je le sais. Oui, vraiment dommage que Mademoiselle ai préféré accorder son intérêt au fils du nouveau Roi de Niitey!"
Il eu un rictus sadique, mais Aaron soutint son regard, sans répondre.
Blanche, au contraire, puisa dans ses dernières forces pour relever la tête.
"Tiens donc, le fils de Jobias... et comment comptes tu nous faire avaler ça? Demanda-t-elle en riant faiblement.
-Tu n'as donc pas vu la merveilleuse marque que la famille royale possède sur son uniforme? Dit-il en pointant du doigt la couronne sur son torse. Elle est pourtant bien évidente. Je suis le fils caché du grand Jobias! Et c'est moi qui prendrait les rênes du Royaume à sa mort, dès que j'aurai ramené ton corps au Palais, il me déclarera officiellement son fils, et je serai Prince. N'est-ce pas magnifique?"
Blanche le regarda avec effarement s'agiter dans tous les sens à cette annonce.
Il est complètement fou. se dit-elle.
Il est fou, et je vais mourir. Il va ramener mon corps au Tyran et deviendra l'héritier au trône. Tout est perdu.
Elle se rendit compte que Val avait repris son discours.
"Et oui Quina! Tu as perdu! Et il est temps d'arrêter de parler, et de faire ce que j'ai à faire. À moins que tu n'ai une autre idée? Non? Comme c'est décevant... l'Élue, qui n'est même pas capable de se défendre... l'espoir de la Rébellion, n'est-ce pas? Quelle déception! Comment vont-ils réagir, lorsqu'ils vont apprendre que "Quina" n'est plus, et n'a jamais été qu'une simple fille incapable? Oh je pense qu'ils seront déçu... tu imagines, leur déception? Moi j'imagine très bien. Ajouta-t-il en gloussant. Mais je parle trop, je parle beaucoup trop, et toi tu ne veux pas répondre, alors rien ne sert que je continue, adieu ma belle."
Il tira un revolver armé de sa ceinture, visa avec lenteur le front de Blanche, se délectant de sentir le regard affolé de Aaron sur le visage de Blanche résignée, et appuya sur la gâchette. Le coup partit, et tout se passa au ralentit dans la l'esprit de la jeune fille.
La balle arrivant droit sur elle, les battements effrénés de son coeur, ses parents, sa soeur, les derniers instants au bord du lac avec Aaron, le regard de Val, comme un enfant jouant avec son jouet préféré, puis le trou bien net, sur son front, Val a tiré juste.
Le monde qui tangue autour d'elle, le visage ravagé par les larmes de Aaron, qui se débat comme un diable, parvient à se dégager pour se précipiter contre elle, hurlant.
"Nooooon! Blanche non!"
Il la serre contre lui, mais elle ne sent plus rien, et n'entend que le bruit étouffé de la voix d'Aaron qui se brise, sentant son pouls ralentir, il répète son nom, et toujours le même mot: "non".
Elle ne peux plus luter, et soudain, tout devient noir.

QuinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant