Chapitre 9

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"On est en vacances! On est en vacances! On est, on est, on est en vacances! "

La joyeuse chanson résonnait dans toute la cour. La dernière épreuve du Brevet venait de se terminer, et les Troisièmes quittaient pour la dernière fois le collège qui les avaient accueillis pendant quatre années. Un climat de fête flottait dans l'air et les collégiens se sautaient dans les bras les uns des autres en se souhaitant de bonnes vacances.
Pourtant Blanche n'avait pas la tête à la fête, pour elle cette fin d'année était signe de séparation, car le lycée dans lequel elle allait était immense comparé à son petit collège de campagne, et elle avait donc très peu de chances de se retrouver dans la même classe que ses amis. La jeune fille avait une autre raison d'être préoccupée, car dans quelques jours elle franchirait le Portail. Elle quittait tout ce qu'elle connaissait pour se lancer à l'aventure, et cette perspective l'excitait autant qu'elle la terrorisait.
Elle se concentra pour faire son plus beau sourire, et courut vers ses amis, l'air de rien, criant et rigolant avec eux. Une fois les adieux faits, Baptiste et elle prirent le chemin du retour, et le masque tomba. Elle redevint sombre et angoissée. Son meilleur ami l'assaillit aussitôt de questions. Elle le stoppa d'un geste de la main.
"Je traverse dans deux jours, dimanche."
Baptiste s'arrêta net, bouche bée. Elle se retourna et dit:
"C'est bon, ça va aller mon pote, tu vas t'en remettre, j'ai juste un peu peur mais c'est normal, je suis plus excitée qu'autre chose!
-Tu me promet de revenir hein?
-Mais évidemment je ne compte pas m'installer là bas! Répondit-elle en rigolant.
-J'ai peur pour toi, imagine qu'il t'arrive quelque chose, on ne pourra rien faire pour toi. Mais si c'est si important pour toi il faut que tu le fasses.
-Écoute, j'ai eu la même discussion avec mon père il y a quelques jours, et je n'ai pas envie de revenir là-dessus, je dois y aller parce que ma grand-mère m'a confié une mission, et je ne veux pas la décevoir, alors je partirai, c'est tout."
Son ami acquiesça en silence, le visage sombre. Elle lui envoya une bourrade amicale dans l'épaule pour le dérider. Il releva la tête et sourit, et ils reprirent leur route.

                             ***

"Vêtements, OK. Vivres, OK. Trousse de secours, OK. Livres, OK. Carnet de dessin, OK. Guide de survie, OK..."
Blanche finissait de préparer son sac lorsque sa mère entrain dans sa chambre.
"Tout est prêt ?
-Presque, je vérifie une dernière fois mon sac et j'arrive.
-Nous t'attendons dans le salon."
Ils avaient décidé de dire à tout le monde qu'elle partait pour une durée indéterminée en Angleterre pour parfaire son anglais. Ses parents avaient décidé de prendre toutes les précautions possibles, car si elle n'était pas de retour pour la rentrée, le lycée serait prévenu d'un changement de dernière minute vers une école anglaise, et elle ne serait pas recherchée.
Elle ferma son sac, et descendit en trombe dans les escaliers. Elle arriva dans le salon où ses parents l'attendaient, assis chacun  dans un fauteuil, la mine préoccupée. Blanche posa le carnet de sa grand-mère au sol, et l'ouvrit à la dernière page. Une lumière bleue inonda la pièce, et le Portail apparu. Elle serra fort ses parents dans ses bras, pensais à sa soeur, qui croyait elle aussi qu'elle partait en Angleterre, et à qui elle avait dit au revoir la veille. La petite n'avait pas dû comprendre la tristesse de sa soeur, qui avait les larmes aux yeux en lui disant qu'elle rentrerait bientôt.
La jeune fille regarda une dernière fois ses parents, et franchit le Portail.
L'espace d'un instant, tout devint blanc, une puissante lumière éblouit Blanche, puis tout cessa. Elle s'avança d'un pas, et observa autour d'elle. Elle était dans une clairière, au coeur d'une forêt. En levant les yeux, elle vit un morceau de ciel se détacher d'entre les arbres, il faisait jour. Elle se retourna, et vit le même portail que dans le carnet, mais celui-ci paraissait plus réel, il était bien ancré dans le sol, et aucune lumière étrange ne l'entourait.
Tout à coup, un rugissement résonna dans la clairière, et Blanche se sentit happée par une immense mâchoire. Les crocs  la transpercèrent, elle hurla de douleur, et tout devint noir.

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