Chapitre 12 : Signe du destin

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Allongée sur le tapis de ma chambre, Rose pianote fébrilement sur son ordinateur portable. Elle envoie des CV à différentes entreprises à Los Angeles, afin d'obtenir un stage. Elle est si prévoyante, que je commence à me demander si ce n'est pas moi qui suis trop nonchalant.

— Tu cherches dans quelle branches ? Dis-je, allongé sur mon lit, lançant en l'air une balle de base-ball.

— J'envoie à des studios, des boites de productions indépendantes, même à des agences de comédiens... du moment que ça à un rapport avec le cinéma, je ne lésine sur aucunes opportunités... Dit-elle, ne cessant de tapoter.

Je suis surprit par ce qu'elle me dit. Je ne savais pas qu'elle était intéressée par le cinéma. Nous n'avons pas parler du cursus que nous allions suivre, nous savons uniquement que nous serons dans la même fac.

— Tu ne m'a pas dit pourquoi tu tenais tant à faire UCLA. Dis-je, avec curiosité.

— C'est la meilleure fac, en ce qui concerne l'apprentissage de la production cinématographique. Les studios sont sur place, et l'État de Californie est le premier employeur du secteur. Dit-elle, interrompant ce qu'elle fait.

— Tu veux être productrice ? Dis-je, avec étonnement.

Elle me regarde, mal à l'aise, comme-ci j'avais révélé à haute voix un secret honteux.

— Oui. C'est ce que je veux faire. Dit-elle, prudente.

— Tu n'as pas peur ? C'est un métier qui semble assez masculin... 

— Je ne m'inquiète pas pour ça. Je saurais me faire une place et puis il y a des femmes, c'est juste qu'on ne les met pas assez en avant. Produire des films, c'est donner la chance aux histoires d'exister. Le reste m'importe peu. 

Je l'observe, abasourdi par son ambition. Elle me fascine et m'impressionne à la fois. 

— Et toi ? Pourquoi UCLA ? Demande-t-elle, plongeant ses yeux dans les miens.

Je détourne le regard, recommençant à jouer avec ma balle, pour ne pas avoir à faire face à son jugement.

— Pour les mêmes raisons que toi. Je veux faire du cinéma, mais à un poste différent. Les histoires que tu veux faire exister... et bien moi, je veux les réaliser. Dis-je, peu sûr de moi.

— Tu veux être réalisateur ?! Dit-elle, ne cachant pas sa surprise.

— Oui. Tu crois que je n'en suis pas capable ? Dis-je, sur la défensive.

— Non ! C'est juste que... tu as été si discret sur tes projets que c'était insoupçonnable. 

— J'ai réaliser de petits films. Souvent c'est Timothy qui faisait l'acteur... j'ai écrit des choses mais je ne suis pas sûr... je ne sais pas... 

— Tu as écrit des scénarios ? Dit-elle, avec intérêt.

— En réalité, je ne sais pas si on peu appeler ça des scénarios... Dis-je, embarrassé.

— Et si j'en lisais un ? Pour te dire si c'est un scénario ou une simple histoire sans intérêt ? Comme ça tu seras fixé. Dit-elle, avec un petit sourire.

J'hésite. Je n'ai jamais fait lire quoique ce soit à qui que ce soit. Elle est si perfectionniste, qu'elle risquerait de trouver ça nul, et je ne le supporterait pas.

— Tu es sûr ? Je ne veux pas te forcer... 

— Tu ne me forces pas. C'est moi qui ai demandé. Donne-moi l'histoire que tu veux, je la ramènerai chez moi et je la lirai.

Je me lève et me dirige vers mon bureau, j'ouvre le tiroir en-dessous de ma table et sors une pochette. Je fouille à l'intérieur et prend une pille de feuilles un peu écornées et lui tend.

— Tiens, ce n'est pas vraiment aboutit, c'est juste... Dis-je maladroitement, en essayant de me justifier.

— Ne te justifie pas. C'est à moi de te dire, si c'est aboutit ou pas. Dit-elle, avec autorité. Je le lirai avec attention. Comme ça, je pourrai m'exercer à mon nouveau métier. Mon avis ne compte pas vraiment tu sais, je peux aimer comme détester, si tu as envie que cette histoire se réalise, c'est ta volonté qui primera. Quoiqu'il arrive. 

— Si tu le dis. 

Elle se lève du tapis, puis se met devant moi et passe ses mains autour de ma taille pour coller son corps contre le mien.

— Nathan. Dit-elle, levant la tête vers moi.

— Oui. 

— Non, rien. Je voulais juste dire ton prénom haute voix. J'ai encore du mal à réaliser que je peux le dire sans aigreur... Dit-elle, amusée.

— Un jour, je te le ferai crier, et crois-moi, tu adoreras... Dis-je, avant de l'embrasser passionnément. 

De mes deux mains, je caresse la peau de ses joues, m'appliquant à lui prodiguer un baiser profond. Elle fait glisser sa main sur mon entre-jambes et m'effleure  à travers mon jean, provocant mon excitation. 

— Ne fais pas ça... Soufflais-je, contre ses lèvres.

— Pourquoi ? Demande-t-elle, haletante.

— Parce-que, je ne sais pas si je pourrais me maitriser... J'essaye de me contenir depuis tant de temps... je ne veux pas forcer les choses. Tu mérites mieux que ça. Avoue-ai-je, avec sincérité.

Elle arrête ses caresses et me regarde droite dans les yeux.

— Crois-tu être le seul à souffrir de l'attente ? Je te désire presque autant que tu me veux! J'aimerais pouvoir te rendre, tout le plaisir que tu me donnes. 

Je suis enchanté par sa déclaration. Elle me désire! Je suis extatique! L'entendre me dire ses mots me plonge dans un état second, et me conforte dans l'idée, que je dois être patient et la laisser venir à moi et non le contraire. Je ne veux pas qu'elle regrette d'avoir partagée sa première fois avec moi. Jamais!

— Un jour... Dis-je en chuchotant contre son oreille. Un jour, toi et moi nous ne ferons plus qu'un... et c'est toi et toi seule, qui en décideras. Je te fais confiance pour choisir le moment propice. Dis-je, l'embrassant à nouveau.

...

Cela fait maintenant deux heures que Rose a quittée la maison, mais son parfum stagne encore dans l'air...

Je me suis mis à regarder les petits  films que j'ai filmé il y a quelques années. Cela ne fait pas longtemps que j'ai commencé. Il y a trois ans, mon père m'a offert une caméra et je me suis dit, que c'était peut-être le moment de voir si j'arrivai à produire quelque chose. J'ai acheter par la suite un logiciel de montage, qui me permet de construire de petites histoires. Timothy n'est pas le plus grand acteur du monde, mais il écoute bien mes directions, et essaye de les recréer avec enthousiasme. Je n'aurais pas pensé pouvoir partager cette passion avec Rose ! Je l'ai vu quand elle parlait de cinéma, la façon dont ses yeux ce sont illuminés. Sa voix était claire, il n'y avait pas une once d'hésitation dans son esprit! Elle a toujours eu, cette sorte d'autorité naturelle, qui faisait qu'elle était écoutée quoiqu'il se passe. C'est peut-être pour cela qu'elle a été nommée reine du bal, il y a quelques temps.

Je souris à l'évocation de ce souvenir. La soirée avait commencée d'une façon bizarre, avant de prendre un tournant plus agréable. Dans un mois, elle et moi seront projetés dans une tout autre vie. Nous vivrons à des milliers de kilomètres de nos parents, et surtout, nous serons libres ! Libres d'être qui nous sommes et de grandir l'un avec l'autre... en tout cas, je l'espère. Je suis même prêt à m'accommoder de la présence de Julian, si je dois passer du temps avec Rose, car je sais que celui-là, n'est jamais bien loin.

C'est la fin d'une époque. Bien que cela me rende un peu nostalgique, je ne suis pas moins enthousiaste pour autant! J'ai hâte de vivre tous ces changements, je les veux et j'en ai besoin!

Strive : Youth - T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant