Strive : Youth - T.1

Chapitre 26 : Comité de visionnage

Le mini festival mis en place à l'université commence aujourd'hui et se poursuivra pendant trois jours. Trois jours, où nous visionnerons tous les court-métrages en lice, en compagnie de spectateurs qui se sont inscrit à l'avance. D'ailleurs, un prix décerné par le public sera remis au film ayant été le plus plébiscité par celui-ci. Matthew et moi, venons de terminer de regarder le troisième film qui nous a été proposé.

— Alors qu'en as-tu pensés ? Demande-ai-je à Matthew quand la lumière se rallume.

— Pfff... Dit-il, pour simple réponse.

— Oui, c'est ce que je me disais. Pour le moment ce n'est pas terrible, mais la journée est loin d'être terminé. Dis-je regardant sur le programme qui nous a été remis.

— Le film de Nathan est le prochain. Dit-il, avec impatience.

— Je sais. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis aussi stressée, que si ça avait été moi qui l'avais mis en scène. 

Avant la projection, chaque réalisateur monte sur l'estrade et présente en quelques phrases son film. C'est la première fois que je verrais Nathan dans cette position, et pour ne pas le rendre plus fébrile qu'il ne l'ai, j'ai décidée de ne pas me mêler de sa présentation. Je découvrirai donc ce qu'il a à dire, au même titre que les spectateur ici présent, le laissant maitre de la situation.

— J'ai lu le synopsis, ça à l'air intéressant... déjà ça nous changera des parkings mal éclairés et des road-movie sans reliefs que nous venons de visionner.

— Je ne peux pas t'en dire plus, car moi-même je n'ai pas été mise dans la confidence. J'ai voulu resté le plus objective possible. En ne me mêlant pas de ses affaires. 

— Tu ne sais vraiment rien ? Dit-il surpris.

— Pas plus que toi. Répondis-je du tac au tac.

— Cela m'étonne. Sans vouloir te vexée, je sais que tu aimes bien diriger les choses, je m'étais dit, que tu avais préparée Nathan pour le concours... 

— Tu t'es trompé. Je veux qu'il obtienne les choses par lui-même. Ne serais-ce que pour avoir cette satisfaction et puis je ne suis pas si dirigiste que ça ! 

Il me regarde avec insistance, ne croyant pas à mes paroles. 

— Bon... c'est vrai... mais là, je suis vraiment restée à ma place. Ajoutais-je. 

Nathan arrive sur scène, et on lui donne un micro. Il regarde l'assistance un moment, puis m'aperçoit. Il s'accroche à mon regard et commence à parler.

— Le court-métrage que je vais vous présenté s'appelle : If. Il a pour sujet la prise de décision. Qu'aurais-je fais? C'est le point de départ du film, et c'est une question commune à nous tous ici. Avec ce petit film, j'ai essayé d'apporter des réponses à cette seule et unique question. Merci par avance pour votre attention. Dit-il, faisant signe au projectionniste de lancer le film. Il quitte la scène sous les applaudissements, puis disparait derrière le rideau.

— Il à l'air très à l'aise... en tout cas, il m'a donné envie. Chuchote-t-il, lorsque les lumières s'éteignent.

Le générique commence et je ne sais pas mais quelque chose se passe en moi. Je suis soufflée par la mise en scène. Elle est limpide, lyrique un peu... grâce à la musique qu'il a choisi, on est tout de suite transporté. J'ai du mal à croire que ce peut-être Nathan qui ai réalisé cela. Je n'ai lu que ses scénarios par le passé, et il ne m'a jamais montré ses créations fait avec Timothy. Je découvre donc un véritable auteur, et c'est mon petit-ami ! Je suis soudain prise d'une violente fierté à son encontre. Lui qui était si tendu ces jours-ci, il n'y avait pas de quoi car pour le moment, c'est de loin le meilleur film qu'on nous ai présenté ! Je regarde dans la direction de Matthew, pour jauger son impression et tout ce que je vois, c'est un petit rictus au coin de ses joues, les yeux rivés sur l'écran. C'est ce qu'il fait, lorsqu'il apprécie quelque chose.

...

La journée se termine et nous nous retrouvons tous dans un grande salle, pour faire le point sur les films que nous avons passés en revue. De cette première journée, il semblerai que If soit dans le peloton de tête, pour ne pas dire le premier, mais il reste encore deux jours et malgré le plébiscite du public, (car il a été longuement applaudit) on ne peut jurer de rien !

— Alors ? Pour lequel penche ton coeur ? Pour être honnête, j'ai été complément conquis par Nathan. J'en suis même surpris, je ne le savais pas aussi poétique... Réagit Matthew.

— On ne connais jamais vraiment quelqu'un... Me dis-je presque à moi-même. C'est vrai qu'il a été efficace dans sa mise en scène et les acteurs qu'il a choisi sont très bons... 

— Mais... lorsque tu fais cette tête, il y a toujours un mais. Dit-il, amusé.

— Il n'y a pas de "mais". Je me demande juste, si je ne suis pas influencée par la relation que j'entretiens avec lui. J'ai aimée ce film du début jusqu'à la fin, si je ne connaissais pas Nathan, je te dirais qu'on tient un lauréat ! Cependant, j'ai le sentiment d'être un peu trop enthousiaste. Je pense que je vais m'abstenir de voter aujourd'hui. Si le film est bon, rien ne saurait l'empêcher de gagner. 

— Tu es très sévère avec toi-même... tu ne penses pas que c'est une stratégie risquée ? Souvent, un vote fait la différence.

— Je ne pense pas qu'il aura besoin du mien, ça prouve que j'ai confiance en ses capacités. De toute façon, j'ai prie ma décision.

Lorsque je retourne dans la salle de projection, elle est vide. Je pars dans la cabine du projectionniste et lui demande de me projeter le film de Nathan, une nouvelle fois. Ayant l'habitude de participer aux conférences, je me permets cette requête car je sais qu'il n'y verra pas d'inconvénient. Je m'assoie donc seule, au fond de la salle et admire une seconde fois, le travail de l'homme que j'aime. Bouleversée par son talent, et sa précision. Je me serais donc tromper sur toute la ligne en ce qui concerne Nathan Davis. Si un jour on m'avait dit, que je serai émue en regardant un de ses films, je ne l'aurais pas crut ! D'une façon très étrange, je me surprend à retomber amoureuse de lui, découvrant une facette de sa personnalité qui ne s'était jamais montré à moi.

...

Quand je me couche cette nuit là. Je rêve de lui. Il marche jusqu'à moi et me tend un objet que je n'arrive pas à bien distinguer, cependant je ressens le plaisir que cela me procure. Alors je le prends et le sert contre mon coeur.

C'est cette impression que j'ai eu toute la journée : en offrant au monde sa vision peu conventionnel du cinéma, il vient de faire un cadeau aux spectateurs dans la salle et à moi-même par la même occasion !