Je sors de chez moi et commence à me promener dans la ville, essayant de reprendre mes marques dans un lieu que ne connait que trop. Je n'ai pas vu, ni parler à Rose depuis trois jours. Depuis la dernière fois que nous avons fait l'amour. C'est très étrange mais j'ai eu la sensation que quelque chose s'était brisé entre nous, bien que je sois fou d'elle, je n'arrive pas a accepter son manque de loyauté. Je ne peux pas me battre avec elle, car j'ai d'autre combat à mener pour moi-même ! Au moment où les choses entre Julian et moi s'apaisait un peu... Il a fallu que ça se délite entre nous. La voir dans ma chambre à la fraternité, en train de lire ce scénario que je n'avais pas encore finaliser, ça a suffit à me mettre dans tout mes états ! Je n'arrive toujours pas à comprendre son désir quasi-obsessionnel de tout maîtriser. Il y a bien des moments où elle arrive à être elle-même et à lâcher prise, mais c'est bien trop rare pour être véritablement apprécier. Lorsque nous faisons l'amour par exemple. Elle se donne à moi, entièrement, sans retenue, je le sens dans sa façon de s'accrocher à moi, de me sentir, de me toucher... elle se laisse aller, avide de sensation. Malheureusement pour nous, nous ne vivons pas dans un lit, et lorsque nous quittons les parois rassurantes d'une chambre, c'est là que les choses sérieuses commencent.
Je m'arrête un instant, lorsque je passe devant le parc où Rose et moi avions nos habitudes. Nous le fréquentions déjà enfants, c'était le lieu des piques-niques mais il n'a véritablement pris son sens que quand nous avons commencés à nous voir en cachette. C'était si excitant et plaisant de savoir que personne à part nous savait... Je ne m'étais jamais essayé à entamer une relation amoureuse avec qui que ce soit, je n'en avais pas l'envie, ni la maturité, jusqu'à ce que j'entrevois ce que cela pourrais donner avec Rose. Avec elle, j'étais prêt à tout essayer ! C'est peut-être cela qui a faussé les cartes. Pour donner une chance à notre couple, je n'ai pas voulu trop m'affirmer car je savais qu'auparavant elle et moi, étions chien et chat, et je ne voulais pas de conflit perpétuel entre nous. Ronger mon frein en silence n'a cependant mené à rien, elle ne s'est pas rendue compte de mes efforts, trouvant mon habitude tout à fait normale. Je lui en veux pour cela! J'ai préféré m'éloigner d'elle pour ne pas avoir à la détester. Elle vaut mieux que ça, et moi aussi.
Alors que je continu ma flânerie dans le centre ville, je suis soudain happé par une main sur mon épaule, je me retourne violemment pour demander des comptes à la personne qui osé m'aborder ainsi, mais suis agréablement surpris de reconnaitre mon ancien coéquipier : Daniel.
— J'allais t'en coller une, tu sais ! Lui dis-je, avant de le saluer chaleureusement.
— Je t'aurais esquivé comme d'habitude, de toute façon. Répond-t-il, amusé. J'ai cru que je rêvais quand je t'ai aperçu. Qu'est-ce-que tu fais ici ?
— Je suis revenu pour les vacances. Je reste quelques semaines, avant de retourner à UCLA. Et toi ? Comment ça se passe à Columbia ?
— Avant de te répondre, allons nous asseoir, on a trop de chose à se dire pour rester debout sur le trottoir... Dit-il, me guidant au café situé à quelques mètres.
...
Lorsque nous sommes attablés, nous discutons à bâton rompu.
— Il n'y a que des trous ducs et des fils à papa, mais l'équipe est géniale! On a été champion cette année. Dit-il, fièrement.
— C'est ce que j'ai entendu. Mes félicitations. En même temps ils ont débauché l'un des meilleurs passeurs que je connaisse...
— Si c'est toi qui le dit, ça me va... et Rose? Comment va-t-elle? Je dois t'avouer qu'on a tous été surpris d'apprendre qu'elle et toi, étiez et bien...
— Ensemble ? Répondis-je à sa place.
— J'ai même du mal à le dire, car je ne le réalise toujours pas ! Toi et cette fille n'avez cessés de vous envoyer des horreurs à la gueule pendant près d'une décennie! Après je peux comprendre, ce qui t'a plu chez elle... tous les garçons lorgnaient sur Rose Finley, mais ils n'ont jamais osés quoique ce soit. Elle est assez intimidante.
Je ne peux qu'acquiescer. Elle a cette présence, ce charisme indéniable qui fait qu'on ne voit qu'elle dans une pièce...
— Elle va bien. Répondis-je pour unique réaction.
— À ce qu'il parait, vous êtes dans la même fac ? Décidément, Nathan Davis tu es le mec le plus chanceux que je connaisse ! Une vie en Californie avec la plus belle fille de la ville... on ne peut pas rivaliser avec ça ! Dit-il, admiratif.
Je garde bien évidement pour moi, ce que je pense vraiment de ma situation, le laissant entretenir ce mythe.
— Bien sûr que si ! Tu as gagné le championnat ne l'oublie pas ! Tu es toujours avec Anna ? Demandais-je nonchalamment.
Son visage change immédiatement.
— On s'est séparé. Avec elle à Washington et moi à New York, ça n'a pas tenu. C'est pourquoi je t'envie d'avoir eu la présence d'esprit d'avoir suivie Rose jusqu'à Los Angeles.
— Je ne l'ai pas suivie ! Répondis-je agacé. Nous nous sommes rendus compte que nous avions fait les mêmes choix, c'est tout.
— N'empêche que vous êtes toujours ensemble, alors qu'à présent, je suis tout ce qui il y a de plus célibataire ! Dit-il, dépité. Tu fais quelques chose samedi soir ? Dit-il, changeant de sujet.
— Non, mais je sens que tu vas me proposer une idée pour combler ma soirée...
— Je fais une sorte de petite réunion avec les anciens de l'équipe de Hedmond High, histoire de se remémorer le bon vieux temps. On serra entre nous. Les gars seraient content de te voir... Si tu veux venir, tu es le bien venu.
J'hésite un instant, je n'ai pas spécialement envie de sortir en ce moment... j'aime bien ma solitude...
— Je ne sais pas.
— Allez... ça fait une éternité qu'on s'est pas vu, tu peux au moins te libérer juste pour cette fois ? Dit-il suppliant.
— D'accord, mais je ne resterais pas longtemps... C'est à quelle heure ?
Il me sourit, ravie de ma capitulation.
— À 20h. Tu connais déjà l'adresse.
Quand je le quitte, et reviens sur mes pas pour rentrer chez moi. Je regrette déjà d'avoir dit oui. J'ai été content de le revoir, mais les autres ? Je n'étais pas spécialement proche d'eux et savoir ce qu'ils font à présent, ne m'intéressent pas plus que ça. Ce sera peut-être l'occasion de me changer les idées. Alors que je traverse le parc, mon corps est comme attiré par une onde de chaleur. Je regarde sur le banc et reconnait Rose. Elle y est assise, un manuscrit à la main et des écouteurs sur les oreilles. Elle est absorbée par ce qu'elle lit. Je l'observe, un instant. Ne l'ayant pas vu depuis un certain temps, sa beauté me stupéfie comme à son habitude. Je crois que je ne saurais jamais m'en défaire. J'hésite à la rejoindre, mais je n'en fait rien, c'est moi qui ai demandé une pose dans notre relation et je m'y tiendrai ! Nous avons trop besoin de ces moments avec nous même, pour y renoncer à la première épreuve ! Je cristallise dans ma mémoire son image avant de reprendre mon chemin et de finalement rejoindre la maison de mes parents.
...
Je prends une longue douche tiède, car en ce temps d'été, New Haven est une vraie fournaise, puis m'enferme dans ma chambre comme à mon habitude. Je m'assoie à mon bureau, ouvre mon ordinateur et continu la rédaction de Together. À défaut d'être ensemble dans la vie, peut-être le serons-nous en fiction.
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Strive : Youth - T.1
General FictionRose est déterminée à obtenir une bourse pour son entrée à la prestigieuse UCLA, où elle souhaite y faire des études de cinéma. Son existence a été conditionnée pour ce but ultime, sa dernière année au lycée de Hedmond High est donc déterminante, el...