Chapitre 19 : La musique adoucit les moeurs

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Comme je le prévoyais, j'ai rapidement pris mes marques à UCLA. Matthew s'avère être un camarade précieux qui lentement mais sûrement, se transforme en ami sincère. J'ai participé à deux conférences déjà. Une sur le cinéma japonais et une autre sur l'évolution des techniques d'effets spéciaux. J'ai absolument adoré ça ! J'ai aussi fait la connaissance de Lucy, une étudiante en première année avec qui je partage tous mes cours. Sans le vouloir, nous nous sommes rapprochés naturellement, devenant presque inséparables. Le premier semestre est passé à une vitesse record. Je n'ai pas l'impression de faire des efforts pour maintenir mes notes, car les cours me passionnent. Je me nourris de tout ce que je peux, je n'ai jamais autant regarder de films de ma vie et j'en suis heureuse ! Bien que nous nous attachons à l'aspect financier dans notre métier, il y a aussi une part d'affect qui n'est pas négligeable. Il faut sincèrement aimer les films pour vouloir leur donner vie.

Assise à mon poste, dans les locaux de Dimmension Production, je réponds au téléphone encore une fois. À vrai dire, je suis un peu frustrée de voir qu'autour de moi, les autres employés font ce que je rêve de faire. Ils courent dans tous les sens, reçoivent des scénarios, obtiennent des financements pour tel ou tel projet, reçoivent des accréditations pour participer à des festivals... Un jour... peut-être, j'aurais ma chance !

Un coursier s'avancent jusqu'à moi, et me remet un plis urgent à l'intention de Stefan Nomis, l'un des trois producteurs de la société. Je sors de mon bureau pour le lui remettre. Je ne l'ai croisé que deux fois, et il n'a pas l'air très commode, mais bon ici à Hollywood, ils ne semblent pas s'encombrer de politesses...

— Mr Nomis ? Dis-je, en frappant contre sa porte ouverte.

Il est au téléphone et me fait signe de rentrer. Je dépose le plis sur son bureau et alors que j'essaye de m'éclipser, il me fait signe de rester. J'attends qu'il termine son appel et quand il raccroche enfin, il me regarde.

— Rose. C'est ça ? 

— Oui. Répondis-je, surprise qu'il ai retenu mon prénom.

— Est-ce-que vous avez déjà vu Jurrasic Park 

— Euh... oui. Pas récemment, mais je l'ai vu. Dis-je, sur la réserve.

— J'ai reçu un scénario, il n'y a pas longtemps, et il m'a fait penser à ce film. Puis, je me suis dit, pourquoi refaire ce qui a déjà été fait ? Surtout quand c'est aussi populaire. J'ai envie de découvrir le prochain Kubrick mais pour le moment je ne rencontre que des sous-Spielberg... Dit-il, avec déception.

— J'en suis désolée pour vous. Dis-je, ne savant pas quoi penser. Peut-être, devriez-vous juste essayer de découvrir un réalisateur qui a sa propre vision, sans chercher à le comparer à l'incomparable. Stanley Kubrick à peut-être été le Fritz Lang de quelqu'un, en son temps. Je pense qu'il faut laisser les gens être ce qu'ils sont et voir si ça peut marcher, afin de proposer quelque chose d'innovant. 

Il m'observe, sans dire un mot. J'ai la sensation qu'il réfléchit à ce que je viens de le lui dire.

— Merci Rose. Vous pouvez disposer. Dit-il, regardant ce que continent le courrier que je lui ai donné.

Je sors de son bureau, avec la sensation bizarre, que j'ai parlé pour ne rien dire... Je récupère mes affaires à mon bureau, puis quitte le bâtiment. J'ai promis à Julian que je viendrai le récupérer et je ne suis pas en avance.

Quant j'arrive devant son école, il est déjà sortie mais il discute avec quelques personnes, lorsqu'il me voit, il me fait signe et marche jusqu'à la voiture. Il s'assied à côté de moi et je démarre.

— Tu as passé une bonne journée mon bichon ? Dis-je, imitant la voix de Diane. C'est bien comme ça qu'elle t'appelle ? 

— Oui, mais ton imitation est à travailler... Si ça t'ennuis de venir me récupérer, je peux me débrouiller. Dit-il, renfrogné.

Strive : Youth - T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant