Chapitre 34 : Souffle au coeur

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Il est six heure du matin et cela fait deux heures que j'écris sur mon ordinateur. Il me reste encore plusieurs séquences à écrire, mais j'ai bien avancé sur mon scénario. Je pense le terminer pour la rentrée, après, je ne sais pas ce que j'en ferai. Je ne suis pas sûr de vouloir l'envoyer à un producteur tout de suite. J'ai des courts-métrages à réaliser avant de me lancer dans le long. Cependant, cette histoire semble avoir quelques chose de particulier. Elle m'obsède depuis longtemps. Je l'ai en tête depuis plusieurs années et je me suis décidé à l'écrire pour faire de la place dans mon esprit. Je ne le regrette pas, car cela m'a permis de me rendre compte que j'avais tout cela en moi.

Je n'ai pas de nouvelles de Rose depuis une dizaine de jours. J'ai bien essayé de l'appeler mais elle ne répond pas. J'en ai marre de toujours faire le premier pas ! Les premiers jours ont été difficile. Je n'ai fait que penser à elle. J'ai été tellement déçu qu'elle ne me comprenne pas, qu'elle soit têtu. Je savais en m'engageant avec elle, que ce ne serai pas facile, mais je ne savais pas à quel point! Elle ne se remet jamais en question, persuader d'avoir la science infuse. Je repense à ce que mon père m'a dit, lorsque nous sommes parti pêcher... peut-être devons-nous vivre nos propres expériences de notre côtés, afin de pouvoir mieux nous retrouver, lorsque nous aurons assez appris ? Quand deux coeurs sont destinés l'un à l'autre, ils se retrouvent forcément. C'est ce en quoi je crois. Je ne m'interdirais pas de vivre, cependant UCLA est bien plus grande que Hedmond High, nous n'aurons pas le loisir de nous y croiser comme auparavant. Je vais donc expérimenter la vie sans Rose. cette perspective me broie le coeur, mais je n'y peut rien, c'est ainsi que les choses se sont goupillées.

Repu d'avoir écrit une bonne partie de la matinée, je me décide à me doucher et à m'habiller, avant de descendre prendre le petit-déjeuner. Ma mère et mon père regarde la télé dans le salon. Je rejoins donc Timothy dans la cuisine. Il est arrivé il y a quelques jours, accompagné de sa charmante fiancée! Ils nous ont annoncé hier, leur désire de se marier, lors d'un dîner au restaurant. Ils ont aussi décidés de s'installer à L.A, afin de développer leur entreprise, car en plus de vivre ensemble, ils vont travailler ensemble... Tout ce bonheur me laisse perplexe, mais je n'en suis pas moins ravie pour mon frère. Nous sommes très différent l'un de l'autre et il a toujours réussi là où je trébuchais, pas étonnant donc qu'il vive une histoire d'amour fusionnel avec Éléonore. Ils m'ont posés des questions sur Rose, mais j'ai été très évasif, ne voulant pas m'éterniser sur le sujet, je leur ai juste appris qu'ils ne la verrais plus aussi souvent qu'avant . Savoir, qu'un membre de ma famille sera à mes côté à Los Angeles me rassure, car l'année à venir sera compliquée.

— Tu fais quoi aujourd'hui ? Me demande mon frère en buvant son café.

— Rien. Pourquoi ? 

— On voulait aller à la fête foraine, ça te dis ? Propose Éléonore. 

— Pas vraiment... j'ai des choses à finir.

— Il va bien falloir que tu quitte ta chambre, tu sais... Tu croiseras bien Rose un jour, et le plus tôt sera le mieux, tu ne pourras pas te cacher d'elle, longtemps. Rétorque Tim.

— Je ne me cache pas de Rose ! Je n'ai juste pas envie de me retrouver entouré de monde. Je dois terminer un scénario et tant que j'ai de l'inspiration, j'ai envie de continuer, c'est tout. 

— Ça m'ennuie quand même que vous soyez en froid, je l'aimais bien... Dit Éléonore en finissant son toast.

— Fiances-toi avec elle, alors. 

— Si je ne l'étais pas déjà avec ton frère, c'est ce que je ferai. Répond-t-elle avec humour.

Je souris pour la première fois depuis longtemps. Elle a un sens de l'humour très second degré, c'est assez plaisant.

— Quand nous serons à Los Angeles, je me suis dit, que si tu voulais... tu pouvais venir chez nous ? On va visiter des maisons dans pas longtemps et il y aura de la place pour toi. Me propose Tim.

Sa déclaration me va doit au coeur, je ne suis pas surpris qu'il me le propose, mais plutôt qu'Éléonore soit d'accord elle aussi.

— Merci, mais j'ai ma chambre à la fraternité et ça me va pour le moment... merci de me le proposer. Surtout en sachant qu'Éléonore à des vues sur moi. Dis-je, calmement.

Elle éclate de rire, alors que Timothy reste de marbre, habitué à mes provocations.

— Je n'ai donc pas pu le cacher... C'est tout moi ça, je serai plus discrète à l'avenir. Me dit-elle, amusée.

...

Le petit-déjeuner se termine et au lieu de m'enfermer dans ma chambre, je prends mon ordinateur et m'installe dans le jardin. Assis sur une des chaises longues, je poursuis mon récit. Captivé par la liberté de mes personnages, j'en suis même jaloux. Ils font des choses que je rêverais de faire! En même temps qu'est-ce-que le cinéma, si ce n'est l'illusion de la réalité ? On peut tout faire dans un film : voler, marcher sur la Lune... alors que dans la vraie vie, c'est autre chose. Dans mon scénario l'un de mes personnages principal va à la Nouvelle Orléans à un moment de sa vie où il souhaite faire le point. Alors que je dois faire des descriptions de cet endroit, je me retrouve à tergiverser, car je n'y ai jamais mis les pieds. Soudain, une idée me vient en tête...

J'ouvre une page internet, et recherche des informations sur l'office du tourisme de la ville en question. Les images me plaisent, on y fait l'éloge de la cuisine et des traditions créoles de là-bas. Je ne réfléchis pas et pars sur le site d'American Airlines, regarde les billets pour cette destination et décide de prendre un vol. Le premier avion décolle jeudi, c'est à dire : demain. À peine ai-je confirmer mon billet, que déjà, je me demande si j'ai bien fait de céder à la précipitation ! C'est déjà trop tard, me dis-je pour me donner du courage. Je me décide donc à prendre un hôtel pas trop cher pour mon voyage, j'en trouve un, dans le quartier de Lafayette. Je réserve pour quatre jours et confirme à nouveau. Décidément c'est si facile de planifier un voyage de nos jours. Je m'enfonce dans ma chaise longue, satisfait. Je vais à la Nouvelle Orléans tout seul ! Je vais m'aérer l'esprit, faire des choses par moi-même, pour moi-même! Il est temps de laisser derrière moi l'adolescent que j'étais pour faire apparaître l'homme que je suis en train de devenir.

...

Le lendemain matin, je fais mes bagages précautionneusement. Je ne pars qu'avec un sac, vu que ce n'est que pour quelques jours. Les autres ont été surpris de mon envie de départ soudain, mais cependant, ils m'ont félicité de cette initiative. On frappe à ma porte.

— Tu es prêt, on peut y aller ? Dit mon père, impatient.

C'est lui qui me dépose à l'aéroport, mon vol étant très tôt, il n'y a que lui de levé de si bonne heure.

— Oui, c'est bon. On peut y aller. 

Lorsqu'il me dépose à l'aéroport, je le trouve étrangement ému, lui qui ne montre jamais ses sentiments. Je ne comprends pas car, je ne vais pas si loin que ça... je ne me souviens pas de l'avoir vu dans cet état pour Timothy.

— Fais attention à toi. Ne sois pas imprudent, et surtout... profite ! 

Je lui sourit, amusé de ses recommandations.

— Je ferai ça, je te le promets. 

— Passe un coup de fil quand tu seras arrivé. Sinon ta mère va se faire un sang d'encre. 

J'acquiesce de la tête.

— Il faut que j'y ailles, l'avion ne va pas tarder à... 

— Vas-y. me coupe-t-il.

Je rejoins le terminal, puis m'enregistre. Quand je me retrouve assis dans l'avion, une vague de bien être m'envahit. C'est vraiment ce dont j'avais besoin, tout laisser derrière moi, et me focaliser sur le présent. Cependant, c'est quand l'avion décolle, que je prends conscience que je ne quitte pas que New Haven... mais aussi Rose. En tout cas, une partie de moi, se sépare d'elle. J'ai envie de pleurer mais je n'en fait rien, je regarde juste par le hublot, le ciel embrumé de nuages que nous traversons comme du coton. Ma vie est en train de changer.

Strive : Youth - T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant