Chapitre 33 : Métamorphose

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J'attache le dernier bouton de ma robe, avant de me regarder une dernière fois dans le miroir. J'ai rencontré une camarade d'Hedmond High qui m'a invité à une fête ce soir, elle se passe au domicile de Daniel Ransom. Je n'ai jamais aimé les fêtes mais j'ai besoin de me changer l'esprit, j'en ai marre d'attendre un signe de Nathan. Je ne vais pas passer mon été à me morfondre. Il a décidé de m'ignorer, tant pis pour lui ! Je l'ai vu hésiter à me rejoindre quand j'étais au parc, j'étais persuadée qu'il s'approcherait de moi, mais il a rebroussé chemin... cela m'a peinée bien plus que je n'aurai pu l'imaginer, mais je ne dois pas céder à la tristesse, je ne le veux pas. C'est donc ravie de mon reflet dans la glace, que je quitte ma chambre pour rejoindre la soirée.

...

Quant j'arrive, la maison de Daniel est remplie de joueurs de l'ancienne équipe de football, mais aussi d'autres personnes qui ont été diplômés en même temps que nous. Je pars à la table où se trouve les boissons pour me servir un verre, en attendant de rencontrer quelqu'un qui en vaille la peine. Je prends un verre de punch, que je régurgite presque immédiatement tant il est corsé ! J'ai l'impression qu'il y a du feu qui sort de mes narines. Alors que j'attrape une bouteille d'eau en vitesse, je me cogne à une personne voulant se servir à son tour. Je m'apprête à m'excuser mais me ravise, quand je croise le regard de l'individu.

— C'est une blague? On ne t'as toujours pas mis en prison? Dis-je, avec froideur.

Son visage se ferme instantanément, il est mal à l'aise, je peux le sentir et tant mieux !

— Qu'est-ce-que tu fais là ? Tu n'es pas à Los Angeles ? Réagit Mark avec aigreur. 

— Ma vie ne te regarde pas! Tu es venu agresser une autre proie? 

— J'ai toujours été invité aux fêtes qu'organisait Daniel. En revanche, toi tu n'a jamais trouvé bon de t'y rendre! C'est donc toi qui n'a rien à faire ici. 

— Daniel t'invite toujours car il ne sait pas à qui il a à faire ! Si il savait qu'il recevait un violeur en série sous son toit, crois-moi, tu ne ferais pas long feu ! 

Il n'ose pas me regarder dans les yeux, puis dépose son verre, renonçant à se servir, et quitte la table. Je me resserre finalement du punch, il me faut quelque chose de fort pour faire baisser ma tension. Malheureusement, je n'ai pas le temps de me détendre, quand je vois arriver Nathan dans le salon. Il porte un t-shirt noir, un jean et une paire de converse. Il est superbe, comme d'habitude, dans toute sa singularité. Je me retourne aussi vite, je ne veux pas qu'il me remarque. Je ne m'attendais pas à passer une si mauvaise soirée en venant ici! Je vais devoir m'éclipser, avec le plus de discrétion possible. Je dépose mon verre pour marcher vers la baie vitrée, mais je ne fais pas attention dans ma précipitation, et tout le punch se renverse sur le parquet. Tout le monde me regarde bien évidemment. Daniel crie quelques chose, qui provoque l'hilarité de l'assistance. Je prends des serviettes à mes côtés et commence à éponger. Très vite, Nathan me rejoint à terre et éponge avec moi.

— Laisse, je vais faire. Dit-il, finissant de nettoyer à ma place.

Je prends les mouchoirs déjà usager et pars dans la cuisine pour les jeter. Alors que je m'apprête à rejoindre le salon, il m'intercepte près de la porte.

— Merci... Dis-je rapidement.

— Qu'est-ce-que tu fais là ? Me coupe-t-il abruptement.

— J'ai été invitée. 

— Je m'en fou. Tu ne viens jamais à ce genre de soirée d'habitude. Qu'est-ce-qui t'as fait changer d'avis ? Dit-il sur la défensive.

— Je n'ai pas de compte à te rendre, je vais où je veux ! Répondis-je, agacée.  Si nous prenions des nouvelles l'un de l'autre, peut-être aurions-nous su que nous nous rendions au même endroit et j'aurais évité de venir là où tu te trouves. 

— Je n'ai jamais dit que nous devions nous éviter... 

— Ah bon ? Pourtant c'est bien ce que tu fais ? 

Nous nous interrompons, lorsque nous remarquons que les invités regardent en direction de la cuisine.

— Allons dehors. Dit-il, me prenant par le bras.

Arrivée sur le trottoir de la maison de Daniel, je m'extirpe de son emprise. Aigrie qu'il se soit montré si autoritaire.

— J'allais partir quand tu es arrivé. Je ne voulais pas que ça se passe ainsi... 

— Pourquoi tu voulais partir ? Je n'ai jamais dit qu'on ne devait pas se parler lorsqu'on se croisait, nous ne sommes pas des étrangers l'un pour l'autre. 

— C'est ce que tu te disais, quand tu me regardais dans le parc et que tu n'es pas venu de me voir ? Dis-je avec virulence. 

Il se tût un instant, surpris que j'ai pu le remarquer. 

— Oui, je t'ai vu, pas la peine de te poser la question ! Pourquoi fais-tu cela ? Ce que nous avions ne te suffisait pas ? Pourquoi nous infliges-tu cet éloignement ? 

— Je ne nous inflige rien ! Si tu ne comprends pas pourquoi j'agis ainsi, c'est que c'est bien plus profond que je ne le pensais ! T'étais-tu jamais posé la question de savoir ce qui serait bien pour nous deux ? Pas pour toi ou moi, mais nous deux ! Tu ne penses qu'en individualité et c'est ce que je te reproche. Un jour tu m'as dit, que tu m'avais inclus dans tes plans... j'ai eu le sentiment d'être une sorte de pièce rapportée. Comme je ne suis pas contrariant, tu ne vois pas d'inconvénient de me laisser une place dans ta vie ! C'est ça ? 

— Si c'est ce tu pensais, pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ? Pourquoi attendre que tu n'en puisse plus, pour pouvoir exploser de reproches à mon encontre ? Si j'ai fait des erreurs, tu en a fait aussi ! Nous sommes deux, ne l'oublie pas ! 

— Je ne l'oublie pas, je ne l'oublie jamais ! Je... malgré la colère et l'épuisement que je peux ressentir... l'amour que j'éprouve pour toi ne s'est pas envolé! Je veux juste me protéger. Si je te laisse faire ce que tu veux, un jour, je te détesterais... vraiment, je veux dire. Pas les petites querelles puérils que nous avons eu pendant l'enfance... ce sera presque de la haine. Parce-que je t'aime sincèrement et tu n'es pas la dernière à savoir qu'on aime autant qu'on hait ! 

— Tu racontes n'importe quoi... Réagisais-je atterrée par ses explications.

— Quoi ? Répond-t-il, surpris.

— Ce que tu dis, c'est des conneries ! Tu dis et fais tout ça, parce-que tu as peur ! Si tu as envie d'être avec d'autres filles, parce-que tu te sens coincé avec ta petite-amie que tu as rencontré au lycée, dis-le ! Vas-y ! Mais n'invente pas des excuses grandiloquentes pour justifier tes bassesses ! Je vaux mieux que ça! Je vaux mieux que toi ! Criais-je, froidement.

— C'est vraiment ce que tu penses ? Me demande-t-il blessé.

— Oui ! 

Il s'avance face à moi, à quelques centimètre de ma bouche.

— Va te faire foutre Rose Finley ! Me dit-il, implacable.

Il tourne les talons, puis me laisse sur le trottoir sans se retourner. C'est bon, il a gagné ! Je suis en colère contre lui et pour de bon ! Ce n'est rien de comparable à avant, là c'est bien réel, c'est bien palpable, je sais pourquoi je le déteste : il m'a brisé le coeur. Je lui ai tout donné et il m'a tout balancé au visage, considérant que ce n'était pas assez, ou du moins pas assez bien ! Je ne veux pas rester avec quelqu'un qui ne me fait que des reproches. J'ai acceptée qu'il soit en colère contre moi pour le concours, mais là, ça va trop loin, il remet tout en question pour cette simple erreur ! Je savais que lui faire confiance remettrais mes plans en questions, je lui ai donné sa chance. À présent, je recommence tout à zéro, me focalisant sur la seule chose pérenne dans ma vie : le travail ! Je n'ai pas le temps de me morfonde et de m'apitoyer sur mon sort. Los Angeles est une ville assez grande pour que nous n'ayons pas à nous croiser, comparer à New Haven. Dans cette seconde année qui va commencer, nous n'avons aucun cours en commun et ce, jusqu'au diplôme. C'est une nouvelle étape qui commence, sans Nathan Davis !

Strive : Youth - T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant