Chapitre 16 : Apprentissage

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Julian et moi, claquons la porte derrière nous avec satisfaction. Nos mères viennent de prendre le taxi pour l'aéroport et nous nous retrouvons seuls dans notre appartement pour la première fois. J'ai obtenue le poste que je convoitais et Julian a eu une place de vendeur dans un magasin de vêtements. J'ai aussi acheté une voiture, ma mère et mon père voulaient me l'offrir pour mon diplôme, mais je leur ai demandé d'attendre mon installation, car Los Angeles est une ville routière, où les transports en communs sont peu nombreux. Pour la première fois de ma vie, je fais l'apprentissage de la véritable indépendance et pour le moment ça va... c'est assez déroutant.

— C'est mal si je me sens soulagé ? Me dit Julian en expirant bruyamment de soulagement, se dirigeant sur l'un des fauteuils.

— Pas du tout, c'est exactement ce que je ressens ! Répondis-je, m'affalant sur le canapé à ses côtés.

— Il faut que j'installe tout mon matériel dans ma chambre... rien que d'y penser, je suis déjà fatigué... 

— Tu veux que je t'aide ? 

— C'est des pièces qui coûtent cher et je ne sais pas si tu sauras te débrouiller. 

— Tu n'as qu'à me montrer, et puis je suis très précautionneuse je te signale... Ça me permettra de voir comment fonctionne certains de tes logiciels. Ils sont communs à ceux du cinéma, pas vrai ? 

— Certains, oui... d'autre, sont uniquement créé pour la musique. Allez, viens, si je reste là une minute de plus, je ne me relèverais jamais! 

...

Alors que Julian branche l'un de ses micros sur son ordinateur, j'appuie frénétiquement sur les touches du sampleur qu'il a déjà installé. Pour être honnête, je ne suis pas d'une grande utilité car je ne comprends rien à ce qu'il fait, mais j'aime bien tester.

— Donc avec ça, je peux recopier un morceau de chanson et le dupliquer à l'infini ? Demandais-je à Julian. 

— Entre autre. Répond-t-il, occupé. Fais attention ! Ça coûte une blinde ! Si tu le casse, tu mettras ton prochain salaire pour m'en racheter un autre ! M'avertit-il exaspéré. 

Je ne me préoccupe pas de lui, et appuie sur le bouton d'enregistrement et prononce quelque syllabes. J'écoute le son, puis le répète plusieurs fois, sur des tonalités différentes. J'arrive même à un moment à donner du rythme. Je danse sur la chanson que j'ai créé, oubliant la présence de Julian. Tout à coup, il se lève et prend le boitier dans mes mains et le range sous son bureau. 

— Qu'est-ce-que tu comprends pas, dans: c'est fragile et c'est cher ?! Poursuit-il énervé.

— Je n'ai pas quittée la maison de mes parents pour me faire sermonner par toi! À présent nous vivons ensemble toi et moi, et tu va devoir apprendre à apprécier tout les aspects de ma personnalité. Il se trouve que je suis extrêmement créative, ce n'est pas de ma faute, si j'arrive à créer un tube aussi facilement, alors que toi tu galères depuis des jours... 

— Et sinon, ça va les cheville ? Si tu veux, je t'apprendrai à l'utiliser mais pas aujourd'hui, il faut vraiment que j'installe mes micros car j'en ai besoin. Dit-il, s'étant radoucis.

Je regarde les fils jonchant sa chambre et essaye de les démêler pour l'aider, il me sourit silencieusement et reprend ce qu'il faisait. Nous passons l'après-midi entière à ranger et connecter tous ses appareils. Je me rends compte que Julian est vraiment dédié à la musique. Il a appris à utiliser toutes ces choses en autodidacte. Pour être honnête, je ne sais pas si l'académie de musique aura quelque chose à lui apprendre. Peut-être que ça lui donnera plus confiance en lui et qu'il se décidera à publier sa musique pour en faire profiter les autres...

...

Dans la petite salle de bain adjacente au salon, j'enfile un long t-shirt et attache mes cheveux pour me préparer à ma nuit. Je sens une odeur exquise qui s'échappe de la cuisine quand je passe la porte. Le couvert est mis sur le plan de travail et Julian est de dos, face à la cuisinière.

— Ça sent super bon... qu'est-ce-que tu fais ?

— Penne à la vodka... l'alcool s'évapore avec la cuisson, je te rassure. Dit-il, versant le contenu de la poêle dans deux assiettes. 

Je prends ma fourchette et commence y à goûter, c'est absolument délicieux.

— Je ne savais pas que tu cuisinais. 

— J'habite avec ma mère, et dès fois quand elle rentre tard, c'est moi qui prépare le repas, enfin préparait, car maintenant, c'est toi qui auras le privilège de mes dons culinaires... 

— J'en suis ravie... mais je compte bien faire ma part... je ne fais pas de plat aussi élaboré que le tien, mais je me débrouille aussi en cuisine, on fera ça à tour de rôle? "

— Ok, ça me va. Alors ? Nathan ? Demande-t-il, s'assaillant à mes côtés et entamant son plat. 

— Quoi Nathan ? Je sais que vous deux ne vous entendez pas, alors pourquoi veux-tu avoir de ses nouvelles ? 

— Je ne prends pas de ses nouvelles, je me demande juste quand est-ce-qu'il va débarquer ici ? Car le connaissant, il utilisera n'importe quel prétexte pour squatter l'appartement. 

— Écoute, pour le moment, nous n'en avons pas vraiment parlés. Il a une chambre à la fraternité et je ne pense pas qu'il aura le temps de venir aussi souvent que tu le pressent. Si j'ai réussi à dépasser mes a priori sur lui, pourquoi n'y arrives-tu pas ? Objectivement, il ne t'a rien fait ? 

— C'est un con. Tu as peut-être cesser de le penser, mais ça, ça n'a pas changé. Il a une façon de croire que tout lui ai dû, que tout tourne autour de lui... ça m'exaspère ! J'ai grandi seul avec ma mère, on s'est toujours battu pour avoir ce qu'on a. Elle m'a appris à être bon avec les autres, et en attendre le meilleur mais ce mec ! C'est un vrai égoïste, il prend sans véritablement donner, et puis tu sembles oublier comment il s'est comporté toutes ses années avec ces filles, qu'ont plaignaient il n'y a pas si longtemps... 

— Non, je n'ai pas oubliée mais il est différent avec moi... il montre une partie de lui que peu de gens connaissent, si tu lui laissais une chance, peut-être que toi aussi tu verrais ce que je vois. 

— Lui laisser une chance ? Plutôt crever la gueule ouverte ! Dit-il, avec virulence. Aujourd'hui, c'est ce que tu penses, mais qu'arrivera-t-il lorsqu'il t'aura déçu ? Parce-que crois-moi, c'est ce qui arrivera, les personnes comme lui sont toujours décevantes à un moment... surtout quand elles redeviennent elles-même. Les efforts que tu me dis percevoir en lui, un jour laisseront place à sa vraie nature, et tu t'en mordras les doigts... mais tu sais quoi ? Je serais là, pour toi, parce-que c'est ce que font les frères pour leurs soeurs. Dit-il, me regardant droit dans les yeux. 

— Je te remercie de ta sollicitude, mais je pense que je te ferais mentir sur ce que tu crois savoir. 

— Je n'attends que ça et je le souhaite vraiment, car je n'ai pas envie de te voir malheureuse à cause de lui. Tu vaux mieux que ça, et tu le sais. 

Il y a une partie de ce qu'il a dit, qui est vraie, c'est indéniable, mais je n'ai pas envie d'y penser. Je veux profiter de cette relation naissante, j'ai envie que ça marche, car de ma vie, je n'ai aimé qu'un homme et c'est Nathan Davis. Il n'y a que l'amour qui peut vous faire agir de façon si irrationnel et je le vois aussi dans sa façon d'être avec moi, que je compte pour lui. Je sais que tout ne sera pas un long fleuve tranquille entre nous, qu'il y aura des jours avec et des jours sans, mais je l'aime. Je ne peux pas m'en empêcher, quelque fois s'en ai même douloureux, mais je ne veux pas le montrer, je ne veux pas qu'il le sache, car cela me fait honte. Je ne suis pas aussi forte que je le prétendais. Il a raison, si notre couple se soldait par un échec, je crois que j'en serais meurtrit, encore bien plus que ce qu'il peut imaginer.


Strive : Youth - T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant