Chapitre 22 : Maintenant ou jamais

265 31 4
                                    

2008

Le premier jour de tournage a commencé. Nous filmons en intérieur, et les comédiens que j'ai choisi en cursus théâtre, sont prêts. Nous sommes pouvons donc tourner notre prochaine scène. C'est un scénario simple, que j'ai écrit à la vas vite. Ce que je voulais, c'était surtout expérimenter, du point de vue de la technique. Bien que le fond compte, la forme est tout aussi importante ! C'est une histoire qui raconte le retour d'un homme dans sa maison d'enfance. Au fur et à mesure qu'il re-découvre des anciennes choses qui lui appartenait, il se demande s'il a été fidèle à ses aspirations. La photo d'une ancienne petite-amie, une lettre écrite à un frère, une peluche dégarnit dont il ne se séparait pas. Chaque objet est un prétexte pour pouvoir expliquer son présent. Les scènes de flash-back ont été tournés il y a deux jours et aujourd'hui nous nous attelons à filmer les découvertes dans la maison.

— On se re-concentre ! Crie-ai-je à l'équipe, s'activant dans tout les sens. Stan, passe-moi mon casque. 

Stanley est mon assistant sur ce projet. Nous avons fait connaissance en cours, et en échange de travailler sur mon film, je travaillerai sur le sien... Il est vraiment efficace et a souvent de bonnes idées, autant vous dire que c'est le genre de collaborateur rêvé.

— Tiens. Dit-il, en me tendant ce que je lui ai demandé. Je dis au perchman de se préparer et après on pourra lancer le moteur. 

— Demande aussi au chef-opérateur si il faut rajouter une autre source de lumière, pour éclairer la pièce. 

— Ouais, je vais voir ça avec lui... Dit-il, partant dans sa direction.

Le second semestre est déjà bien entamé et ce projet, en plus de faire partie prenante de mes notes pour mon examen finale, est aussi, je l'espère, un futur tremplin pour une carrière naissante. C'est un peu la carte de visite qui me permettra de démarcher un producteur pour des projets plus ambitieux. J'ai des tonnes d'idées qui ne demande qu'à prendre vies, mais pour cela il me faut un certain budget, que l'université ne peux me fournir. Pour le moment j'expérimente, je découvre, je cherche, je trouve... ou pas. Je ne me mets pas la pression, car c'est le seul moment plaisant dans la création d'un film : le tournage. On regarde ce que l'on a écrit prendre vie...

Je mets mon casque qui est relié à la caméra et au micro, puis m'assois sur mon siège. Lorsque tous les réglages sont fait, Stan me fait signe et je demande le moteur afin de permettre à tout le monde de se préparer. Je lance l'action, et tourne la scène. J'ai l'impression d'être comme dans un tableau que j'aurai peint et qui commence à naître devant moi. Je suis dans mon élément... c'est la première fois que j'ai du matériel digne de ce nom et des gens qui savent ce qu'ils font. J'essaye de garder mon calme, mais en mon fort-intérieur, je suis extatique ! C'est là qu'est ma place, me dis-je, tout en dirigeant mon premier court-métrage, c'est vraiment ce que je veux faire. Je m'en donnerai les moyens, ce petit film ne sera pas qu'un essai!

Il est à peu près 22h, lorsque la journée se termine. Il me reste encore deux jours et après, la phase de montage commencera. Je rentre donc à la fraternité, prend une douche et me glisse dans mon lit. Alors que je m'apprête à m'endormir, mon téléphone vrombit. C'est Rose. Je décroche immédiatement.

— Oui ma belle... Répondis-je, d'une voix molle.

— Bonsoir beau brun... Je voulais savoir comment s'est passé cette nouvelle journée de tournage. Tu n'as pas oublié de me faire un compte rendu ? Dit-elle, d'une voix joviale.

— Non, je n'ai pas oublié. Mentis-je. Ça s'est passé comme les autres jours. Sauf que cette fois-ci, j'ai pu vraiment me concentrer sur mon acteur principal, puisqu'il n'y avait que des scènes où il était livré à lui-même. Je crois que c'est ce que je préfère dans tout ça, la direction d'acteur... parler, échanger avec eux, pour trouver le bon angle de vue dans l'histoire. 

— On dirait que tu prends bien tes marques dans cet univers... 

— Je ne te cache pas que j'avais un peu peur, je n'avais tourner que des petites scènettes avec Timothy... mais maintenant que je suis entrain de découvrir les rouages de ce métier, j'ai le sentiment que je me suis prouvé à moi-même que j'en étais capable. On verra au montage ce que ça donnera, mais je suis confiant... l'équipe que j'ai choisi est vraiment bien, et Stan est un assistant extrêmement compétent ! Dis-je, ayant retrouvé un peu d'énergie.

— J'ai hâte de voir ce film... en plus, tu ne le sais pas mais, je me suis inscrite avec Matthew au comité de sélection. C'est à la fois le conseil d'administration de la fac et des élèves en production qui attribut les prix. Ça nous permet aussi d'évaluer nos capacités à juger un film. 

— Je vais donc devoir t'amadouer pour obtenir ce que je veux... Dis-je, d'une voix délibérément séductrice.

— Fait juste un bon film et tu auras tout ce que tu veux de moi! Je ne compte pas me laisser acheter aussi facilement ! Il en va de ma réputation, je serai une bien piètre productrice si je te faisais des cadeaux parce-que nous sommes ensemble. Je serais encore plus exigeante avec toi, parce-que je sais que tu es capable de beaucoup ! Alors éblouis-moi !

— Rien que ça ! Tu mets la barre un peu haute, tu ne crois pas ? C'est un premier essai...

— Si tu veux devenir le réalisateur que tu souhaite, il n'y a pas de temps à perdre ! Tu es combatif, je sais que tant que tu n'auras pas le résultat escompté, tu ne t'arrêtera pas... j'ai confiance en toi. Dit-elle, avec douceur.

— Merci... ce que tu me dis, me fait du bien.

— Bon... je vais te laisser dormir. Demain tu as un chef d'oeuvre à terminer. Dit-elle, amusée.

— Je te remercie d'y penser. 

— Bonne nuit, Nathan. 

— Bonne nuit ma belle... Dis-je, avant de raccrocher.

Je m'endors du sommeil du juste, instantanément après son appel. Je sais qu'elle veut le meilleur pour moi, et je l'aime encore plus pour ça, mais quelque fois, j'ai le sentiment d'être condamner à la réussite avec elle. Elle ne semble pas comprendre que j'évolue de façon différente. Je ne suis pas aussi carriériste qu'elle. Je veux avoir du succès, mais trébucher ne me fait pas peur. Je sais que je ne peux pas tout obtenir du premier coup, que peut-être cela prendra du temps. Quand elle me parle ainsi, j'ai l'impression qu'elle ne me laissera pas la ralentir dans sa quête de la perfection. Que si je veux rester avec elle, il faut que je me hisse à sa hauteur. C'est ça façon à elle, de me montrer qu'elle m'aime et qu'elle veut mon bien.

Strive : Youth - T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant