3. La torture

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Horus endeuillée s'est réveillée avec des frissons. Alors qu'on la croyait éteinte depuis l'avènement du septième Aar'on, l'anti-humanité, par l'entremise de ses lâches soldats, a perpétré gabriedi soir un attentat d'une ampleur sans précédent sur notre bonne vieille planète, alors que s'y tenaient les enregistrements de l'émission « La Fédération a un incroyable Kili'an ». C'est bien la personne du dixième Aar'on qui était visée par cette ignoble tragédie ayant causé un mort par vieillissement accéléré et un nombre indéterminé d'autres victimes par digestion.

Pire, non heureux de gâcher la fête et d'empêcher notre leader brun d'enfin trouver son Kili'an, les terroristes ont osé kidnapper un otage d'une valeur inimaginable : Kémi, un des Nékos personnel de notre magnificence. La rançon demandée n'est rien d'autre que l'amour et la semence de l'Aar'on lui-même. Ce dernier, très malheureux, a tenu à répondre dans nos colonnes aux ravisseurs. Les mots choisis démontrent sa détermination à ne rien lâcher et à lutter jusqu'au bout pour la grandeur de notre Fédération : « Aki'to, t'es trop méchant ! C'est mon chaton ! Rends-moi mon chaton ! J'te jure, si tu fais du mal à mon chaton, je viendrais moi-même chez toi pour t'arracher les yeux et en faire de la pâtée pour chat ! MÉCHANT ! »

Si seulement les terroristes avaient réussi à nous débarrasser de ce minable qui nous gouverne, peut-être aurions-nous pu reprendre espoir. Mais là ? Déjà sous la menace du péril Ashtar qui se fait de plus en plus pressante aux alentours de Solphéra, jamais notre Fédération bien aimée n'avait connu de jours si troublés.

Extrait tiré de l'article « L'anti-humanité est de retour ! » paru dans « Le matin de Vojolakta », par notre reporter de guerre M.A.'thuz.

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Les appartements aaronesques étaient bien tristes, vides et gris. Seul sur son lit, un coussin plaqué sur ses yeux, un jeune adolescent brun d'une quinzaine d'années pleurait. Depuis son avènement, c'était bien la première fois qu'il avait aussi honte. À cause de sa faiblesse, on lui avait dérobé un de ses biens les plus précieux. Cet échec lui avait encore fait perdre une place dans le top 10 des meilleurs Aar'ons, diffusé tous les jours sur la chaîne V6. L'Isolateur venait de lui passer devant et il n'était plus que huitième au classement, juste devant le Belliqueux et le Déchu. Vu comment était embarqué son règne, entre son incapacité à trouver son Kili'an, la guerre et le retour de l'anti-humanité, il n'espérait plus qu'une seule chose pour éviter de rester dans les bas-fonds de la force brune : que certains de ses successeurs soient encore pires que lui. C'eut été encore sa meilleure chance, même si cette perspective n'augurait rien de bon pour les affaires de la Fédération. En attendant, il restait quand même le deuxième Aar'on à avoir perdu un des trois Néko légendaires affiliés à sa lignée. En effet, après la chute du sixième et la reddition de Susanoo, personne n'avait pu remettre la main sur le petit Ukas. Seuls Stin et Kémi avaient suivi le légendaire septième. Là, si le dixième ne retrouvait pas très vite son chaton, il était bon pour devenir la risée de sa lignée pour des siècles et des siècles. Enfin, si elle lui survivait. C'était ça le problème avec la disparition de Kémi : son pouvoir était particulièrement puissant, et nul ne savait ce qu'adviendrait de la galaxie toute entière si jamais il tombait entre de mauvaises mains. Rien que d'y penser faisait sombrer l'Aar'on dans une profonde dépression. Là, pour le coup, il avait complétement merdé. Il était tellement désespéré qu'il n'avait même pas entendu un homme fier pénétrer ses appartements et s'approcher de son lit, une arme à la main. Ce ne fut qu'au dernier moment que, voyant l'étranger brandir la lame au-dessus de son torse, il le reconnut et ouvrit les bras.

– Toi aussi mon fils ? Allez, vas-y Mathuz, achève-moi avec ton couteau ! Peut-être mon successeur aura-t-il plus de succès que moi.

– HEIN ? Mais ça va pas la tête ? – s'exclama le petit Khass-kouil. Je ne suis pas ton fils, je suis plus vieux que toi ! Et puis ça, ce n'est pas un couteau, c'est le bon à tirer du Matin de Vojolakta qui doit paraitre demain !

Les chroniques de VojolaktaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant