6. La chute d'Horus et la naissance de la Fédération

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Putain, comment on les a trop niqués !

Extrait tiré du journal intime d'un enfant-soldat au service de sa magnificence l'Aar'on

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– Attends tonton, écoute celle-là : Nous sommes prêts à attaquer ! Ce soir, nous danserons tous ensemble dans les ruines d'Horus, nous boirons dans les crânes des Khémèts et nous procréerons dans leurs lits afin d'assurer la survie et la suprématie de notre espèce ! Non, sérieux, c'est classe comme accroche pour galvaniser les troupes, non ? Bon, j'admets, c'est un peu guerrier, hein, mais on n'écrase pas un peuple en refusant de tuer quelques innocents ou de coucher avec son Kili'an !

– Moui... – marmonna Gabri'el. Enfin, j'sais pas... Pour tes mémoires, si j'écris que tu as raconté ça à ton armée avant la bataille finale, j'ai peur que les gens trouvent cela un peu téléphoné... Tu es censé marquer ton temps encore plus que le premier de ta lignée, être à la base de quelque chose de gigantesque, et pas un simple chef de guerre. Là... pffff, Voilà, quoi, c'est vu et revu. La seule différence avec le passé, c'est que normalement, c'est avec les femmes des vaincus qu'il faut coucher, mais toi, t'as que ton blond en tête. Du coup, j'me retrouve comme un con à devoir me satisfaire des femelles de mon espèce. Bravo l'ouverture d'esprit !

– Rho, t'abuses ! Bon, et qu'est-ce que tu dirais de : « Allons enfant de Vojolakta, le jour de gloire est arrivé, contre nous de la tyrannie, le derrière du Kili'an est levé » ? J'ai trouvé ce chant dans les affaires du premier et j'ai simplement modifié deux trois trucs. J'me disais que ça pouvait grave le faire. C'est entraînant, y a du rythme, les gens comprennent facilement... On pourrait presque en faire un hymne...

– Ouais, nan. Sérieusement, nan. Laisse un peu de boulot à tes successeurs, pour ça. Faut vraiment chercher un truc qui claque, en fait...

En quelques mois, les forces de l'alliance entre Humain et Avs avaient repris une grande partie du terrain perdu en plusieurs dizaine d'années de conflit. Solissacar, Soljude et surtout Solsiméo s'étaient vu débarrassés de la présence des Kémèts. Attaqués de toute part alors qu'ils ne s'y attendaient pas, ces derniers avaient été obligés de se replier dans leur système natal, Solruben. Il n'avait fallu qu'un battement de cil et quelques coups de reins à l'Aar'on pour impacter le destin de l'univers tout entier. Les victoires avaient succédé aux succès, les triomphes aux actions héroïques. Au fil des dizaines, l'armée de libération de Susanoo n'avait fait que croitre et croitre encore. La raison aurait poussé l'Humanité à temporiser et à pacifier ses positions retrouvées, afin de consolider son autorité sur ses terres. Le jeune brun qui menait les troupes ne l'entendait pas de cette oreille. S'il s'était éveillé à sa véritable nature, il n'avait toujours pas été intronisé aux yeux de l'existence toute entière. Il n'était encore pour l'Histoire qu'un simple général en chef, et non pas un leader incontesté régnant sur une planète et une race. Mais il refusait de recevoir le diadème symbolisant son pouvoir dans les décombres de la grandeur passée de son illustre famille. Même s'il avait lancé la reconstruction du château détruit, Susanoo ne l'intéressait plus. C'était bien au bord des océans dorés d'Horus qu'il triompherait et imposerait sa loi.

Il fallait aussi dire qu'avec Gabri'el, en plus de réfléchir au nouvel ordre politique interstellaire qui suivrait cette guerre – avec un Kili'an aussi chaud du slip dans la couche aaronesque, ce n'était pas non plus comme s'ils pouvaient la perde –, ils avaient pris beaucoup de temps à soigner la légende et tout le folklore qui allait avec. En même temps, c'était logique : les successeurs de ce brun tireraient leur légitimité de ses actes, il valait donc mieux blinder le truc, d'autant plus fort que le projet était de mettre en place une aarocratie absolue de droit aaronesque et de se débarrasser définitivement de cette connerie de démocratie parlemento-aaronesque. Forcément, il était sûr et certain que les plus faibles et les couillonnés allaient râler, mais en même temps, hein, ce n'était pas non plus comme si leur avis était d'une importance capitale.

Les chroniques de VojolaktaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant