5. L'étrange pouvoir du chaton noir

2 1 0
                                    

Encore un jour glorieux pour notre chère Fédération ! Après de nombreuses heures de lutte sans merci, les armées de l'Aar'on, dirigées par le très talentueux et génialissime Mathuz, sont venues à bout des dernières poches de résistance du système Soldane. Tour à tour, ce sont Pozidono, Clito et Critias qui ont rendu les armes ! Dès la fuite des derniers Ashtars vers le système Solphéra, les représentants des Atlans ont signé leur reddition, avec une seule et unique revendication : qu'on leur foute la paix. Représentant l'Aar'on, Mathuz a accepté cette requête à condition que des cohortes d'Humains Aquatiques et d'Humains Souterrains puissent venir coloniser et gouverner nos nouvelles possessions afin, d'y apporter prospérité et progrès.

C'est ainsi un grand jour pour la Fédération, qui se voit rejoindre par un nouveau système allié, et ce, sans même que nous ayons besoin de compter sur un Kili'an au bout d'une laisse, une première dans notre grande histoire commune ! À l'heure où nous écrivons ces lignes, seule une petite poche de résistance menée par les reliquats de l'anti-humanité subsistait encore sur Ris, le tout étant sans doute lié au flash lumineux qui a éclairé la galaxie toute entière. Nul doute que leur extermination définitive n'est plus qu'une question d'heures.

Extrait tiré de l'article « Soldane est tombé ! » paru dans « Le matin de Vojolakta », par notre reporter de guerre M.A.'thuz.

*****

Il était beau, le chaton, sous sa forme humanoïde et adolescente. Vraiment beau. Sa grâce semblait même être une de ses meilleures armes. Nul être doté d'un cœur n'aurait pu imaginer lui faire du mal.

Cela faisait malheureusement bien longtemps que l'anti-humanité avait perdu le sien.

À peine Kémi se fut-il redressé sur ses guiboles que le combat reprit de plus belle. Un seul coup de griffes suffit à faire voltiger Cé'cil contre un mur. Ainsi encastrée, elle ne put que vomir plusieurs litres de sang avant de tomber dans les pommes. Son rêve d'un jour être fécondé par un Aar'on semblait destiné s'évanouir en même temps que son esprit. Elle était lasse. Ce combat l'avait épuisée. Le brun aurait préféré mourir pour son Néko plutôt que de lui offrir sa vigueur. Pire, l'animal en question partageait ces sentiments d'affection. Elle se sentait rejetée. Regroupant ses dernières forces, elle tourna la tête vers Aki'to, le dernier être en qui elle croyait, son allié dans cette étrange aventure, son ami, son amant. Il ne la regardait déjà plus.

Tenant difficilement sur ses jambes, le maître du rouge n'avait d'yeux que pour une seule merveille. Au diable cette femme qui l'avait accompagné ! Elle pouvait mourir. L'anti-humanité et les espoirs que ce groupe portait pouvaient disparaitre avec elle. Leur combat ne revêtait plus la moindre importance. Il avait enfin les moyens, devant-lui, de tout recommencer. Il n'y avait plus que cette petite merveille aux cheveux si doux et au pouvoir si puissant. Kémi. Il le voulait. Il le désirait plus que ses mots ne pouvaient l'exprimer. Son cœur battait plus fort que son esprit n'arrivait à le concevoir. Il ne lui restait plus qu'une seule chose à accomplir pour libérer la puissance cachée du Néko. Une dernière, et tout serait enfin effacé. D'une voix tremblotante, il le somma d'accepter ce destin en lui tendant une main amicale.

– Viens Kémi... Viens dans mes bras. Choisi-moi, et tu ne souffriras plus jamais. Tu n'auras plus à subir le manque, la peine et l'enfermement. Tu seras enfin tout. Le monde, ce monde, mon monde tournera autour de toi. Laisse-moi goûter à ta force. N'ai pas peur, approche...

Les poings toujours serrés, le corps toujours aussi nu, Kémi tourna trois fois autour de l'Aar'on et d'Aki'to, les reniflant tous deux avec curiosité, avant de se poser au milieu de la pièce, les bras croisés. Le front et le nez levés de manière fière et un peu orgueilleuse, il ne prononça qu'un seul son.

Les chroniques de VojolaktaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant