Les chroniques de Vojolakta

5. Nous irons ensemble fleurir les tombes de Baldr

Règle numéro cinq de l'Aar'on modèle : oh et puis merde, il fait ce qu'il veut. C'est sa Fédération, c'est son Kili'an, il se démerde. Non mais aussi, à quoi ça sert que je me fasse chier à écrire ça, il ne le lit même pas ? Je suis sûr que je pourrais le traiter de crétin et de niquedouille, il ne s'en rendrait même pas compte !

Règle numéro cinq bis de l'Aar'on modèle : quoi ? Y en a encore qui lisent ? Non mais moi, c'est bon, j'en ai assez. J'veux bien jouer au Régent et m'occuper des affaires courantes pendant que je termine ma thèse, mais ne comptez pas sur moi pour changer à nouveau les couches d'un brun. Merci et au revoir.

Extrait tiré du guide de bon comportement à l'usage des Aar'ons en devenir du précepteur Mathuz

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– C'est quand même un peu la merde, là, non ?

– Ça dépend, Éduan. Si tu considères que foirer la libération d'un système, de voir son armée mise en déroute et de passer pour un nul devant son Kili'an, c'est la merde, alors oui, je confirme. C'est la merde. Mais si tu positivais un peu, tu verrais que les choses pourraient être encore pires ! Je ne sais pas, moi, on pourrait tomber en panne d'essence en plein territoire ennemi, ou mon p'tit blond pourrait carrément bouder ! Et là, pour le coup, on serait vraiment dans la mouise.

Tout en se grattant le crâne du bout de la griffe, le fier Galos admira le treizième Aar'on nier avec un talent certain à quel point la situation pouvait être critique. Le pauvre garçon, la défaite sur Muan avait bien fini par lui attaquer les neurones. Non seulement, cela faisait trois lunes et deux astéroïdes qu'il refusait de faire le plein en prétextant que tant que l'aiguille n'était pas sur le rouge, il était hors de question de dépenser son argent de poche, tout entier destiné aux magnifiques yeux verts de son amant. Mais pire encore, les yeux en question étaient rougis par la colère et la déception.

Son Kili'an faisait la tête, et le brun ne s'en rendait même pas compte ! Éduan trouvait cela parfaitement risible, mais en même temps, il était vrai que ce blond-là était plutôt caractériel. Avec le temps et l'habitude, on pouvait très bien s'accommoder de ses crises et faire l'impasse sur sa manière de croiser les bras et de lever le nez en tournant la tête. Mais quand même pas de sa manière de faire payer sa rancœur en faisant la grève du lit.

– Nan ! J'veux plus qu'on essaie, c'est trop la honte ! Tous les Ashtars me regardaient, c'était pitoyable ! À cause de toi, j'savais plus où me mettre ! De toute manière, t'y peux plus rien, j'ai choisi de faire vœux de chasteté ! J'ai décidé de me passer de sexe et de câlin jusqu'à ma prochaine réincarnation. J'pense que j'peux tenir, ce n'est qu'une question de volonté ! Par contre, du coup, j'te préviens, j'vais grossir un peu. Pas ma faute, mais j'suis obligé de compenser avec du Nutella. J'ai déjà vidé les réserves du vaisseau, donc pense à en acheter quand t'iras faire le plein !

À cela, l'Aar'on n'avait trouvé à répondre qu'une seule chose :

– Oui mon bichon, promis. Tu veux que je continue à te masser les orteils ? Tu dois être fatigué, repose-toi... Non mais c'est bien que tu prennes des résolutions comme ça, et c'est mon rôle de t'encourager, même si c'est à mon détriment...

Espionnant la conversation, Éduan avait longuement soupiré avant de réprimer le brun. S'il cédait à ce genre de caprices aussi facilement, jamais lui et son Kili'an n'atteindraient le stade légendaire de Résonnance. En réponse, le brun se posa d'un air interrogateur l'index sur la bouche. Il était vrai qu'il n'avait pas pensé à ce léger détail, mais bon, tant que l'amour de sa vie était content, il s'en fichait. Le plus important était qu'il puisse dormir à ses pieds et...