5. La libération héro(t)ïque de Susanoo

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Pour un soldat, rien n'a plus de valeur que de se battre pour libérer ses frères. C'est, peut-être, le seul combat qui vaille. En tous cas, ce fut celui dont je restasse le plus fier. Nous n'étions plus en fuite. Nous venions reconquérir notre bien, notre terre, notre liberté et nos espoirs. Rien ne pouvait nous arrêter. D'une poignée de braves au début de notre résistance, nous étions maintenant une armée complète. La grande armée de libération de Susanoo. Et moi, j'étais fièrement aux avant-postes de tous les combats.

Extrait tiré du journal intime d'un enfant-soldat au service de sa magnificence l'Aar'on

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– Gamin, c'est pas pour critiquer, du tout hein, mais... J'crois qu't'a un Kili'an accroché au zizi...

– JE SAIS TONTON ! JE SAIS ! Mais j'arrive pas à l'enlever, ça fait ventouse. Et même, quand j'essaie et que je range mon truc, il se met à hurler et à crier avant de se rejeter dessus...

La saillie aaronesque avait rapidement fait effet. Il n'avait en effet fallu au Kili'an que quelques secondes pour réaliser ce qu'était sa nature et tomber profondément amoureux du brun qui le possédait. Seul problème, l'Aar'on n'était encore qu'un jeune adolescent et ne savait pas du tout comment fonctionnaient les blonds, fussent-ils les siens. Du coup, il s'était retrouvé un peu gêné au moment de devoir le satisfaire. La grande cérémonie d'éveil du Kili'an avait ainsi duré trois jours et trois nuits, à la demande du nouvel éveillé. Et quand, à bout de force, le jeune Aar'on était tombé à genoux, son camarade avait refusé de le lâcher. Il avait trop faim d'amour pour cela et ne demandait qu'à être nourri. Une fois intégré au groupe, ses principales activités furent de coller son homme, de le câliner et de le gâter à sa manière, provoquant ainsi la gêne du pauvre concerné qui ne savait plus où se mettre quand les bisous un peu trop baveux avaient lieus devant le reste de sa maigrelette armée, toujours composée d'un Humain, d'un môme, d'un Galos, de deux chats et d'un chien. L'animal s'était naturellement proposé de rejoindre le groupe par fidélité envers le Kili'an. À partir du moment où il lui avait reniflé les fesses, un lien « à la mort, à la vie » s'était créé entre eux.

Toute la petite troupe victorieuse avait ainsi laissé Preynokor derrière elle pour retourner sur Lug, choisie pour devenir le poste avancé de la reconquête spatiale ainsi que capitale de l'Humanité aaronesque et triomphante, et ce tant que Susanoo n'aurait pas été complétement libérée de ses oppresseurs. Maintenant qu'il avait retrouvé son Kili'an et que ce dernier était fortement accroché à son slip, le jeune brun pouvait enfin penser à la suite. Son premier objectif était de mobiliser le plus de troupe possible. Avec l'aide du jeune Éduan, il créa le premier corps expéditionnaire Lugien dont l'objectif était de soutenir l'escadrille que mènerait Mathuz. Même si l'enfant était très jeune, l'Aar'on avait fait le choix de lui confier le commandement de tous les vaisseaux piqués à l'Anti-Humanité. Il voulait autant miser sur sa fraicheur et sa spontanéité qu'éviter un incident diplomatique à cause de l'annulation – faute de budget – des obsèques nationales du gastéropode Charles. Ce dernier avait dû se contenter d'une boite en carton. En même temps, il semblait plus sage d'utiliser les quelques sous en réserve pour équiper les Humains qui, mis au courant de l'éveil de leur leader, avaient rejoint en nombre Lug pour s'engager dans cette grande armée de libération. Gabri'el se porta volontaire pour les mener au sol. Il avait une brillante idée de création d'un régiment purement féminin à gros lolos dont il pourrait prendre la tête. Malheureusement, le faible nombre de guerrières bien gaulées dans les rangs nouvellement formés le poussa à ajourner pendant un temps son glorieux projet. Cela n'empêcha pas les choses de se mettre en place petit à petit, jusqu'à voir débarquer sur Lug un beau matin plusieurs représentants du peuple Av.

Les chroniques de VojolaktaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant