2. Le Kili'an dont l'existence défiait la science.

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Règle numéro deux de l'Aar'on modèle : la chasse puis le dressage du Kili'an doit se réaliser sans arme, ni haine ni violence. Il est très important pour un Aar'on de ne pas blesser son Kili'an et de toujours le chouchouter, le dorloter et l'adorer, et ce sans la moindre exception possible. Un Kili'an a tous les droits.

Règle numéro deux bis de l'Aar'on modèle : la règle précédente s'applique uniquement lorsque le Kili'an est sage et ne boude pas. Sinon, il est encore plus important de lui donner la fessée et de lui faire passer l'envie de se rebeller. Non, parce que « trop bon, trop con », il ne faudrait pas non plus qu'un blond puisse en profiter.

Extrait tiré du guide de bon comportement à l'usage des Aar'ons en devenir du précepteur Mathuz

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Longtemps les Maors avaient résisté, d'abord aux Humains puis aux Ashtars. Même si leur planète bien aimée Marama avait été conquise à plusieurs reprises, ils n'avaient jamais abandonné leurs rites et croyances et ne s'étaient jamais soumis. Mais le reste de l'univers s'en fichait bien : ces sortes de singes glabres ne maîtrisaient pas le Regard, malgré leur établissement en société primitive et leur capacité à communiquer entre eux de manière élaborée. Ils n'étaient pour les puissants que de simples animaux sans importance. Leur avis ne comptait pas. Quand ils se rebellaient de manière un peu trop bruyante, on les massacrait, tout simplement.

Que diable un Kili'an pouvait-il bien foutre sur cette gigantesque planète tellurique de dix fois la taille d'Horus, parfaitement viable mais principalement recouverte de steppes, de ravins et de déserts ? Certes, si les lieux n'étaient pas très accueillants dès lors que le soleil Atua brillait dans le ciel – et il chauffait fort –, on y trouvait tout de même de nombreuses richesses dans les sous-sols, ce qui expliquait pourquoi les Humains et leurs alliés Avs en avaient pris possession, et pourquoi les Ashtars avaient pris la décision de s'en emparer à leur tour. En temps de paix, on pouvait trouver dans les entrailles de Marama de nombreuses pierres précieuses qui brillaient magnifiquement à la lueur de la lune Tapu. En temps de guerre, c'étaient les alliages et les métaux rares qui présentaient un intérêt. Mais à part des mines, des tribus de Maors, des bases militaires Ashtars et des troupeaux d'animaux divers et variés, on n'y trouvait pas grand-chose. Pas la moindre télé, pas de bédés et même pas de complexe sportif pour se vider la tête : Marama était un enfer pour un Kili'an normalement constitué. Et ça, ça embêtait quand même un peu le jeune Aar'on en poste : il avait peur de tomber sur un blond de mauvaise qualité, voire même un chouïa frelaté. Le problème avec ces choses-là, c'est qu'il n'existait pas de service après-vente ! Pas moyen de l'échanger ou de se faire rembourser : la destinée était inflexible. La sienne était d'au plus vite mettre la main sur ce petit blond.

Les sages paroles d'Éduan le poussèrent à diligenter une enquête. Marama était en territoire ennemi, il fallait donc agir avec parcimonie et ne pas précipiter les choses. Il n'était pas question d'envoyer tout une partie de l'armée au casse-pipe pour organiser la plus grande chasse au Kili'an de l'Histoire.

D'un autre côté, la libération de Solzabul n'était pas non plus un mauvais projet politique. En tant que brun, l'Aar'on savait pertinemment que sa légende ne pourrait s'écrire qu'à l'aune de ses victoires. Mathuz lui avait répété depuis sa petite enfance : « Il faut aider ses petits copains Kekchis et Avs, sinon, c'est méchant ! » Et lui, il était l'Aar'on le plus gentil de l'existence.

L'assaut sur Marama fut ainsi décidé un kiliadi et planifié à l'aarodi suivant. L'armée fut divisée en deux groupes : le gros des troupes resterait en orbite pour protéger les arrières de l'équipe d'intervention. Cette dernière, à l'avant-poste, serait composée des seules personnes à qui l'adolescent pouvait accorder sa confiance. À savoir Mathuz, Éduan et lui-même.

Les chroniques de VojolaktaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant