7ème Aar'on (le Fondateur) - 1. La chute du sixième Aar'on

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7ème Aar'on (le Fondateur) – À l'aube de la Fédération, ou laquête du légendaire septième Aar'on.

Aujourd'hui, alors que je dormais, une sorte de flash lumineux a ébloui le ciel. Un Vortico venait de s'ouvrir. Cela n'était pas arrivé depuis des années. Seul, je suis allé à la rencontre des visiteurs. Il y avait un brun et un châtain. Ils avaient l'air assez classes. Le brun semblait plutôt gêné, mal à l'aise, comme s'il cherchait quelque chose. Pour rire, j'ai lancé un caillou en direction du châtain. Il l'a dévié, puis m'a regardé. C'est ainsi que commença ma fabuleuse aventure dans Vojolakta.

Extrait tiré du journal intime d'un enfant-soldat au service de sa magnificence l'Aar'on

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Comme tous les matins, alors que le soleil Amaterasu ne ressemblait qu'à un petit point à l'horizon, l'air de Tsukiyomi était froid et sec. Huitième planète du système Solsiméo, la grosse tellurique n'avait pas la chance de sa voisine Susanoo de pouvoir accueillir de l'eau liquide à sa surface. Et pourtant, de la flotte, ce n'était pas ce qui manquait sur ce foutu rocher dont la température moyenne approchait les moins quarante degrés. Il y en avait partout, sous forme de glace. Malgré que l'endroit fût peu propice à la vie, l'Humanité y avait envoyé quelques missions scientifiques, histoire d'étudier sa formation ainsi que la faisabilité de l'extraction de quelques matériaux précieux, présents en nombre sous sa surface. En dehors des quelques zones habitables transformées en colonie précaires, il n'y avait pas âme qui pouvait y vivre. Dans ses hautes montagnes balayées de vents violents et glacés, en tout cas, on n'estimait pas qu'un être Humain, même vêtu des plus chauds habits, puisse y survivre plus de quelques heures. Alors deux Humains, et avec des animaux, en plus...

– J'ai froid, tonton Gabri'el... Et puis j'ai faim aussi ! J'en ai assez de bouffer des glaces tous les jours. Et puis, t'es vraiment un cuisinier de merde ! On te l'a déjà dit, ça ? Tu vaux à peine mieux derrière les fourneaux qu'en nourrice, c'est dire...

Grimaçant, l'Humain dévisagea son très jeune compagnon d'exil. Et il avait envie de lui foutre des baffes. Mais vraiment. Des grosses. Pour faire son éducation. Et lui apprendre la vie.

– Tais-toi et bouffe, Aar'on ! Et si t'as froid, t'as qu'à t'enfermer dans ta sphère focale, ça te réchauffera ! Tu sais comment faire, maintenant, je t'ai appris, tu n'as plus besoin de squatter la mienne ! Vas promener les chats pendant que je dessine le plat de ce midi. Et arrête de croire que c'est facile de cuisiner avec des pinceaux. Tu sais bien que, si mon Regard Particulier « Âme » me permet de donner une existence réelle à ce que je peins, je ne contrôle que l'apparence, pas le goût !

Franchement, ce garçon brun avait beau être d'un naturel plutôt doux et porter en lui les derniers espoirs de l'Humanité, Gabri'el se demandait parfois pourquoi il l'avait sauvé bébé pour venir s'installer avec sur ce stupide caillou glacé. L'avantage, certes, c'était que les Kémèts ne viendraient jamais les chercher ici. À leurs yeux, les fuyards avaient forcément dû se faire exterminer avec quatre-vingt-dix pourcents de l'Humanité lors de la chute du sixième Aar'on. Il fallait être complétement fou pour trouver refuge sur Tsukiomi ! Ce qui correspondait plutôt bien au tempérament du châtain. Cela faisait maintenant dix ans qu'ils vivaient avec l'enfant sur cette triste planète. Un battement de cil à son échelle, certes, mais un battement de cil dans un frigo sans gonzesse pour se réchauffer, ça restait plutôt long. Gabri'el n'attendait qu'une seule chose : que son protégé fête son quatorzième anniversaire et soit enfin en âge de s'éveiller à sa nature, pour aller exiger le match retour. Laisser les Kémèts réduire son espèce en esclavage l'avait un peu peiné. Ce n'était pas qu'il ressentait une grande affection pour ses semblables, mais quand-même. Cette fin n'était pas celle qu'il avait espérée lorsqu'il s'était engagé dans cette très longue aventure. Lui qui ne vieillissait plus depuis qu'il en avait fait le choix, il s'était retrouvé condamné à vivre une longue éternité. Il la souhaitait quand même assez cool.

Les chroniques de VojolaktaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant