Huit de Carreau

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A L T H A I A

"Huitième coup"

- Allô ? Adeline ?
- Jack ?
- Je ne te dérange pas ?
- Non, t'en fais pas.
- Il faut que je te parle.
- T'es sûr que ça va ? On est entrain.
- En live, seul à seule. Lula ne sait pas que je te parle, mais je vais lui dire tout à l'heure.
- T'es bizarre, Jack Wilder, je m'inquiète pour toi.
- C'est important, je... Je ne peux pas te mentir plus longtemps.
- T'es doué, Jack. Je t'ai cru mort pendant un an. C'était trop après avoir perdu mon frère. Tu ne crois pas que c'est un peu tard ?
- Je...
- Un sms. Où et quand tu veux me voir. Je serais là. Je te le promets.

Le jeune homme resta silencieux à l'autre bout du fil. Ils la cherchaient. Les Cavaliers. Sans avoir qu'elle était Althaia. Et pourtant... la phrase et la photo trouvées un peu plus tôt la laissait méfiante.

Était-ce Shrike, qui avait compris qui elle était, et qui cachait une fois de plus ses vrais desseins aux Cavaliers ? Ou bien quelqu'un d'autre, qu'elle n'avait pas envisagé dans l'équation ? Cette possibilité était inquiétante, parce que cela signifiait qu'elle n'avait pas le contrôle sur tout ce qu'elle aurait dû.

La brune se pinça les lèvres. Elle devait continuer. Elle rouvrit la carte, et prit le point le plus éloigné possible. Il ne fallait pas qu'elle suive une trajectoire logique.
Adeline souffla. Son costume toujours en place, elle prit le temps de respirer de longues secondes. Réfléchir. Se calmer. C'était tout ce qu'il lui fallait.
Elle ne savait pas quelle place Damien jouait dans tout ça.

La jeune femme craignait, étonnamment, ce que Jack pouvait vouloir lui dire. Savoir Henley avec eux ne faisaient qu'augmenter ses craintes, même si son amie avait habilement retournée la situation. Rose. Elle avait une tête de Rose ?

Un sourire se dessina sur ses lèvres. Le SMS tardait. Discutait-il avec Lula, ou Daniel, qui l'avait aussi rencontrée ? Ou bien avec les autres Cavaliers avec lesquels Henley était ?

Cela avait beau sentir le guet apens à plein nez, Adeline avait envie de voir Jack. Voir comment elle avait réussi à prendre une forme d'emprise sur lui.

De Jack :
New Rock, 22h, ce soir.

Adeline sourit. Tellement prévisible. Le café où ils s'étaient vus, quelques semaines plus tôt. Des semaines qui paraissaient semblables à des années pour la jolie brune. Bouffée de l'intérieur par la mise en place de son plan, par son passé qui la rattrapait et par la violence des passions qui l'animait, la frontière entre Adeline et Althaia se troublait de plus en plus.

À  Jack :
Je serai là.

Adeline rangea son téléphone, et replaça sa capuche sur sa tête. Elle s'élança dans les souterrains new yorkais et courut un long moment. Suivant la carte, elle finit par atteindre son point d'arrivée. Elle rangea la carte dans son petit sac à dos, et vit que son téléphone était allumé. Elle rangea sa lampe torche, puis jeta un coup d'oeil au message qu'elle venait de recevoir.

De H :
Quoiqu'il se passe n'y va pas. Ils savent qui tu es.

Adeline fronça les sourcils. Et merde. Son cerveau tourna à toute allure. Il faudrait jouer tranquillement, aussi tranquillement que ça avait été le cas jusque là.

À H :
Il faut qu'on aille au bout. Si je ne viens pas, ils sauront que je sais. Je ne peux pas me le permettre.

De H :
Sois prudente, Dela.

À H :
Promis.

Adeline replaça une fois de plus sa capuche par dessus la perruque, et poussa la plaque métallique qui couvrait la sortie d'égout. En plein milieu d'un parc de la ville, elle jeta un coup d'oeil autour d'elle. Personne.  Elle n'était pas très loin de l'immeuble qu'elle cherchait.

Elle avança encore, traversa la rue, et se glissa dans le bâtiment flambant neuf sous le regard de quelques badaux étonnés. Ce n'était pas l'immeuble lui même qui l'intéressait,  mais bien ses caves. Après avoir jeté un coup d'oeil, rassurée de ne croiser personne, Adeline sortit dans la cour intérieur, et longea le mur. Un sourire se dessina finalement sur son visage quand elle tomba sur une pierre gravée. La même que celle qui avait été recouverte de papier peint dans l'autre maison.

Un oeil.

La jeune femme poussa violemment contre la pierre, et le mur pivota. Elle se retrouva dans un espace frais, confiné, dans le noir presque complet. Althaia sortit sa lampe torche, et observa les lieux. Elle ne laisserait rien cette fois.

Quelques vieux meubles, mais pas autant d'aménagements que dans d'autres pièces comme cela avait été le cas dans les autres bâtiments de l'œil. Pas de caméra non plus. La brune se contenta donc de tracer dans la poussière au sol un oeil, et une phrase.

Préparez-vous, Cavaliers, l'heure de votre chute est proche.

Puis Adeline s'approcha de la table placée dans un coin, faisant attention à ne pas tomber à cause du manque de lumière. En plein milieu, il y avait une photo.

"Bloque le Fou."

Tout ça est de plus en plus difficile. Mais j'y suis presque. Henley va gérer de son côté, j'en suis sûre. Damien, quelque soit ta place au sein de ce petit jeu, j'arrive, et je veux des explications. Quand à votre fou de meneur, Cavaliers, ce n'est pas lui qui me renversera. Je n'ai plus rien à craindre.
Je suis Althaia.

Althaia | InsaisissablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant