Valet de Carreau

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J A C K

"Onzième coup"

Jack se sentait mal. D'avoir lâché ces mots, et de l'avoir laissée partir. S'il l'avait fait, c'était qu'il savait. Intimement, il savait qu'Adeline ne se laisserait pas attraper. Qu'elle disparaîtrait, ou qu'elle mourrait, plutôt que de se faire avoir sans récupérer les informations qu'elle voulait.

Elle ne lâcherai pas l'Oeil avant d'avoir eu son face à face avec Damien. Lui même aurait aimé que Shrike leur dise la vérité, dès le début. Qu'il ne joue pas l'agent du F.B.I. si longtemps face à eux. Qu'il ne joue pas les leaders faussement confiants. Qu'il leur accorde sa confiance. Qu'il ose croire qu'ils pouvaient l'aider. Qu'ils avaient grandis, appris en étant les Quatre Cavaliers. Qu'ils n'avaient jamais cessé d'être des magiciens compétents, mais qu'ils avaient acquis des grandes capacités.

Jack se leva et dehors, dans la nuit, eut un violent geste d'humeur. Il sortit son téléphone de sa poche, maintint le six appuyé et attendit qu'on lui réponde à l'autre bout du fil.

- C'est fini, Dylan. Fini de jouer. Elle sait tout. Elle sait que Damien dirige tout. Il faut que tu arrêtes tes conneries maintenant, et que tu lui fasses comprendre. Il doit nous faire face. Une seule fois. Vous nous devez des explications. Tous les deux. Ça ne peut plus durer.
- Jack ?
- Arrête Dylan.
- Jack, tu es amoureux d'elle n'est-ce pas ?

Jack ne répondit pas. Il sentait la colère se mêler à la peur en lui. Il secoua la tête tout en sachant que Dylan ne pouvait pas le voir.

- Ouais. Je suis amoureux d'elle. J'ai toujours été amoureux d'elle. J'aimais sa famille. J'aimais tout chez elle. J'aimais sa mère, qui ne s'est jamais remise de la disparition de son fils, malgré tout ce qu'elle prétendait, qui me considérait comme son fils, là où je n'existais pas pour mes parents. J'aimais son sourire, un peu timide. J'aimais sa manière de me dire "Je t'aime" sans vraiment me le dire. J'aimais son frère. Son frère qui était mon meilleur ami, qui faisait des vannes tout le temps. Jamais sa manière de ne pas lâcher l'affaire. Et je l'aime encore, même si elle est cette femme qui nous empêche d'atteindre nos objectifs, qui contrarie nos plans, même si elle n'est plus rien de la fille que j'ai connu. Je ne sais pas quoi dire ou faire, ça m'obsède. Ça m'a obsédé pendant des années de ne pas savoir où était Damien, et l'Oeil... L'Oeil m'a donné une raison d'avancer. Une raison de me battre, de faire ce que je voulais. Faire tomber les gens qui corrompent, les mauvaises personnes.
- Jack, je...
- Tu quoi, Dylan ? Tu ne nous a pas fais confiance. J'ai cherché pendant des années celui qui était sous mes yeux. J'ai cru que mes rêves se réalisaient, que j'étais enfin utile, tout ça pour quoi ? Pour me rendre compte qu'au final, je faisais sûrement partie des mauvaises personnes. J'en ai assez de tout ça.
- Damien contrôle tout, depuis le début.
- Tu y crois vraiment, Dylan ?
- J'ai confiance en lui.
- J'avais confiance en toi, à un moment.
- Jack. Lula vient de me rejoindre.
- Je ne veux pas lui parler au téléphone. Dis lui de me rejoindre à l'entrée de l'immeuble. Je serai là dans une demi-heure. Et Dylan ?
- Oui ?
- Surveille tes arrières.

"Faire avancer le Cavalier. "

Je craque. C'est comme si ce que j'avais enfoui toutes ces années remontait à la surface. Comme si les cicatrices s'ouvraient à nouveau. Comme si je retombais amoureux d'elle, sans pouvoir rien y faire, comme si j'allais repartir à la recherche de Damien.
J'ai l'impression d'être aussi perdu que quand j'avais dix-sept ans, quand Damien et Adeline sont sortis de ma vie. J'ai l'impression que je dois tout recommencer.
Mais peut-être est-ce le cas ? Peut-être que je dois reprendre le jeu depuis le début.
Je suis Jack Wilder après tout.
La Mort.

Althaia | InsaisissablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant