Kaze x reader

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Le vent soufflait fort et soulevait mes cheveux. Une légère pluie venait s'ajouter aux larmes déjà présentes sur mes joues qui ne cessaient de couler. Mes yeux étaient happés par la noirceur du vide devant moi.

Il était là.

Il était en bas.

Il était mort. Pour moi. Pour me sauver.

Jusqu'au bout il m'aura été fidèle. Depuis toutes ces années il n'a fait qu'être tourmenté par son passé, par ses actions, par sa culpabilité. Il n'était qu'un simple enfant alors qu'il prenait déjà tout ce poids sur ses épaules sans jamais se confesser à quelqu'un...

Oh Kaze... Je t'ai pardonné le jour même où je t'ai rencontré. Tu m'as juré allégeance et, bien que tu n'avais pas confiance en toi, je croyais en ta personne plus qu'en quiconque. Tu as toujours été là quand j'en avais besoin. Tu m'as toujours protégé, que ce soit lorsque nous nous promenions ou que nous soyons sur le champ de bataille. Ta présence à mes côtés suffisait à me rassurer.

Un sourire naquit sur mes lèvres quand un souvenir revint à la surface.

Dis, Kaze, tu te souviens quand nous avions établi notre camp dans les Plaines ? Ce soir-là, un orage se préparait dans le ciel. Depuis toute petite, ils me terrifiaient. A chaque fois, je priais les Dieux pour qu'ils me pardonnent mes actes. Le bruit du tonnerre me rendait folle et les éclairs m'aveuglaient. Cette soirée, peu après le diner, tu étais venu me voir pour me demander si j'allais bien. Tu as eu toutes les peines du monde à trouver la réelle cause de mon anxiété. L'orage. Alors que je m'attendais à ce que tu te moques, quand bien-même ce n'était pas ton genre, tu m'as offert ton aide. Tu m'avais d'abord proposé de dormir dehors à l'entrée de ma tente, ce à quoi j'avais refusé catégoriquement. Il était hors de question que je te traite comme un chien gardant la tente de son maitre. Je t'avais alors proposé, ou plutôt ordonné car tu avais refusé, de dormir dans ma tente, à quelques mètres de moi. Juste à côté de moi. Nos couvertures se touchant, se chevauchant. Tu sais, je crois que c'est cette nuit-là que j'ai compris ce que je ressentais pour toi. Quand tu as osé me prendre dans tes bras tandis que je tremblais et sanglotais de tout mon être sous les tissus. Tu m'as offert ton torse pour m'y cacher. Et je ne te l'ai pas dit mais je n'avais jamais aussi bien dormi de toute ma vie. Je me sentais à ma place. Au chaud, contre le cœur de la personne que j'aimais.

Oui, Kaze. Je t'aimais. Et je t'aime toujours.

Tu étais quelqu'un de très humble et serviable. Ton succès auprès des femmes et ton incompréhension face à elles te valaient des moqueries de ma part mais c'est l'une des choses que j'appréciais le plus chez toi. Ou le moins, je ne sais pas vraiment. Tu te dévalorisais tellement que ça me rendait dingue. Si seulement tu avais pu voir à travers mes yeux comment je te voyais.

Tu étais... mon ange gardien. L'ange gardien que je voulais moi-même protéger.

Tu étais d'une douceur rare.

Et tu avais donné ta vie pour me sauver. Tu n'avais pas eu peur, tu avais été sûr de toi, alors que moi, j'étais terrorisée. J'étais terrorisée par la mort alors que désormais, j'étais terrorisée par ton absence.

Ryoma m'avait dit qu'avec le temps je surmonterai ta perte. Mais... avais-je envie de la surmonter ?

Cela faisait désormais quelques jours que nous avions établi notre campement à quelques mètres, mon frère jugeant que les guerriers n'étaient pas aptes à reprendre la route. En vérité, il le faisait pour moi. Je ralentissais tout le monde.

Kaze... Je n'arrive plus à être moi sans toi. Je n'arrive plus à manger, à dormir, à parler, ni même à sourir. Tu étais la meilleure partie de moi, mon bonheur. Et tu es parti.

Et si... Et si je n'étais pas revenue ce jour-là ? Et si j'étais restée avec Nohr ? Tu serais toujours là. Tu serais toujours vivant. Nos vies ne se valent pas. Je ne suis qu'une pauvre princesse perdue, sans aucun talent alors que toi, tu avais une grandeur d'âme immense et étais un ninja talentueux, le meilleur de l'armée. Tu aurais sûrement trouvé une femme qui t'aurait comblé et qui ne serait pas allée au front, n'étant donc pas obligé de la protéger et de risquer ta vie pour elle.

Par ma faute... Ton destin s'était plongé dans les ténèbres. Ta vie fut écourtée de la pire des manières. Et tout ça à cause de moi...

Si j'avais réagi à temps nous serions là, tous les deux. Main dans la main. Et je t'aurai avoué mes sentiments.

Dis, Kaze, un jour tu m'as avoué que la vie sans moi n'en vaudrait pas la peine. Ce jour-là, je ne t'avais pas compris. Je me disais que ta vie t'importait peu et que tu étais fermé d'esprit mais... Maintenant... Je comprends.

Cette douleur que j'éprouve, ce trou dans ma poitrine. Elle est mille fois pire que n'importe quel coup d'épée. Depuis ta disparition je ne respire plus. Je suis constamment en apnée.

La vie sans toi n'en vaut pas la peine.

Alors, attends-moi, mon cher Kaze.

Réunissant les dernières forces qu'il me restait, je me mis debout, sur le bout du terrain qui menait au précipice. Ryoma et sa famille venaient chaque jour se recueillir avec moi. Ils restaient un peu plus loin pour me permettre d'être seule avec toi. Je me tournais pour me mettre dos au néant et face à eux.

Contre mon dos, le vent n'était plus agressif. Il me caressait, il m'appelait. La fosse répercutait ta voix, comme si tu m'appelais.

La vie n'est rien sans toi.

Mes forces m'abandonnèrent, mes jambes se dérobèrent. Et pour la première fois depuis ta mort, je me sentais vivante, mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine. Ryoma qui parlait à Takumi intercepta mon regard. Il cria mon nom et toute la famille royale accourut vers moi. Mais c'était trop tard. Plus vivante que jamais, je leur offris mon plus beau et sincère sourire.

— Merci pour tout. Je vous aime.

Et dans un souffle, mon corps bascula. Il tomba à toute vitesse mais c'était agréable. Je pleurais, mais c'était des larmes de bonheur. J'allais te retrouver, mon cher Kaze.

Mes poumons se déployèrent, m'offrant une véritable bouffée d'air. Je respirais enfin.

Le gouffre était si profond que, de là où j'étais, je ne voyais plus le ciel. Mais je n'avais pas peur. Autour de moi, je sentais tes bras m'enlacer. J'entendais ta voix me murmurer mon nom dans l'oreille. Je fermais mes yeux dans un ultime geste et avoua avant de rejoindre ton corps :

— Je t'aime, Kaze. 

Fire Emblem x reader OS [Requêtes fermées]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant