Out [YumiKuri]

Chapter VIII (part 2)

Liz sourit durant tout le trajet jusqu'au lycée. Apparemment elle avait su lire entre les lignes, mais qu'a t-elle lu au juste ? Hum. Peu importe.

- Dépose-moi là.

- Mais le lycée n'est plus qu'à quelques pâtés de maisons.

- Justement. Tu es vraiment naïve parfois. Souhaites-tu que quelqu'un me voit descendre de ta voiture ?

- Tu as raison ! Ciao bella !

Je regarde le véhicule s'éloigner en me disant que l'accent de Liz était plutôt convaincant. Peut-être voyage t-elle souvent ? Ce serait intéressant.

Je marche donc quelques minutes jusqu'au grand bâtiment à l'architecture parfaite, mon sac bien trop léger sur l'épaule.
Arrivant devant la grille je vois Reiner se les geler à attendre seul comme un abruti.

- Putain Ymir tu me donnes froid habillée comme ça !

Comme seule réponse je lui lance un immense sourire faux accompagné d'un doigt d'honneur tout en continuant mon chemin.

- Mais arrête-toi, la grille n'est pas encore ouverte !

- La ferme gros tas, depuis le temps qu'on est ici tu n'as toujours pas remarqué qu'on pouvait y faire ce que l'on veut ? Ah non c'est vrai tu es trop occupé à reluquer les femelles pour t'informer sur l'environnement qui t'entoure.

Le blond prend un air outré et se rapproche de moi.

- De nous deux ce n'est pas moi qui baise la première venue dans l'enceinte du lycée.

- Normal. Tu parles, tu mates mais ne fais jamais rien de concret.

Je me retrouve enfin face à cette grille massive et, évidemment, fermée. J'appuie sur un des boutons de l'interphone et entends une voix, celle de Mai, quelle chance.

- On se les gèle dehors, ouvrez.

Rien ne se passe, aucune réponse.

- Rho, s'il vous plaît.

Finalement nous pouvons entrer, les quelques personnes se trouvant autour de moi me regardent ébahies et murmurent, probablement à mon sujet. Reiner quant à lui attrape la grille que je viens d'ouvrir et laisse entrer les quelques personnes.
Il me suit cet abruti.

- Pourquoi tu parles comme ça aux professeurs ? Tu es complètement folle !

- Calme-toi, c'était une prof en particulier avec qui j'ai plus ou moins d'affinités...

Un silence de mort envahit le hall du lycée dans lequel nous nous trouvons pendant que le gros tas sans amis qui s'incruste à mes côtés semble réfléchir intensément.

- Tu l'as fait.

- Hein ?

- Tu as fait ce à quoi je pense !

- De quoi tu parles ?

- Ymir t'as baisé cette prof !

Immédiatement je me jette sur lui afin de le plaquer contre le mur, une main sur la gorge y exerçant une légère pression.

- Ferme-la. Juste, ferme-la. Tu veux qu'elle se fasse virer juste parce qu'un élève à la con balance des conneries à haute voix ?

- Alors c'est bien vrai...

Ma jambe étant parfaitement calée entre les siennes j'en profite pour presser quelque peu ses attributs masculins à l'aide de cette dernière.

- Aïe !

- Alors ferme-la. C'est ma pote cette prof si tu veux, on se parle bien et parfois on sort mais c'est tout, okay ? Retiens-bien ça et arrête d'imaginer des conneries pareilles.

Je m'écarte de lui tandis qu'il pose ses mains sur l'endroit que j'ai endolori. En même temps c'était bien trop tentant et au moins maintenant il a compris, en tout cas j'espère.

Soudain Musclor se raidis en relevant la tête, derrière moi précisément. Il panique, c'est évident. Bien que cette vision soit à se tordre de rire je ne peux m'empêcher de me demander ce qui lui provoque une telle réaction et me retourne.

Je n'aurais pas du.

Oh non.

- Christa !

La concernée d'abord déconcertée prend par la suite un visage souriant et décontracté mais à mon avis parfaitement fictif dans le seul et unique but de nous duper.

- Je ne savais pas que vous étiez en couple tous les deux... Dit cette dernière, toujours cet affreux sourire au coin des lèvres.

- Non non non ! Ymir et moi sommes simplement amis !

- Uniquement dans ta tête gros tas.

Blondie ne semble pas comprendre mon surnom à l'égard de Reiner voire même le mépriser et, hum, comment dire ? Je n'en ai rien à foutre, si cette fille a un quelconque problème envers ma façon de parler tant mieux. J'aimerais qu'elle me déteste autant que moi, ça serait plus amusant au moins...

Soudain une pensée particulière me traverse l'esprit. Qu'est-ce que cela donnerait si Christa se retrouvait dans la même position que Liz la veille ? Totalement à ma merci, contrainte d'admettre qu'elle non plus n'est rien. Rien de plus qu'une pauvre fille dans ce merdier, une pauvre fille qui ne pourra absolument rien y changer. Je tente alors de visualiser la scène, cela ne pourra que me faire du bien après tout, imaginer la personne que l'on aime le moins dans cette situation doit être quelque chose de satisfaisant.

Je visualise ses cheveux dorés, ses yeux bleus comme la mer, son sourire sincère, son nez légèrement retroussé et son petit corps frêle...
Mais c'est tout.
Rien de plus.

- Putain. Laissé-je échapper.

- Qu'y a t-il ?

Cette voix. C'est celle de ce démon infâme m'obstruant toute pensée dégradante à son égard. Pourquoi n'y arrivé-je pas ? Hein ? Ce n'est pourtant pas compliqué, je veux juste la souiller dans mon esprit à défaut de pouvoir l'en sortir et même ça je ne peux pas ? Merde, merde et merde.

Reiner est évidemment bien trop occupé à lorgner sur Blondie pour faire attention à moi et j'en suis soulagée. Mais elle, son regard à elle, toute son attention n'est dirigée que vers ma personne. Pourquoi fait-elle ce genre de chose ? Je ne peux plus supporter ces yeux insistants, ne serait-ce qu'une seconde de plus.

Je me retourne et marche, de plus en plus vite jusqu'à courir. Une impression de déjà-vu. Enfin, je monte l'escalier et m'assoies sur sa dernière marche, la plus haute. Ici je respire un minimum, je sais que je peux fuir n'importe qui ou au contraire observer n'importe qui. Cet angle de vue est tout simplement parfait...

En ce moment rien ne va plus.

Depuis hier je déconne complètement et je le sais. Je veux me défouler, encore une fois, simplement pour oublier Christa, Reiner, Mai et tout le reste. Il me faut Liz. Il me faut cette sensation. Parler avec Mai ne changerait rien, parler ne change jamais rien, seuls les actes comptent. Et davantage s'ils sont violents.

Mais au même moment un bruit se fait remarquer dans les marches, ainsi qu'une chevelure rousse colorée appartenant à la personne s'approchant de moi.

Quand on parle du loup...