Je me réveille dans un grand lit aux draps doux et beiges. L'oreiller sur lequel ma tête repose est si moelleux que celle-ci s'y enfonce de moitié.
La pièce dans laquelle se trouve le lit et moi, par conséquent, n'est pas très grande mais chaleureuse. Les murs sont gris et éclairés par des guirlandes de lampes colorées. La seule et unique fenêtre est camouflée par un lourd rideau beige légèrement plus foncé que la literie.
Je me redresse et vois une commode blanche contre le mur en face de moi. Dessus, des livres et plusieurs cadres photos. J'y reconnais Mai.
Je suis donc chez elle, pour la première fois. Avant nous ne nous retrouvions que dans sa salle au lycée ou dans des bars, ce qui, bien souvent, nous menait dans les toilettes.Cette fois c'est différent, plus personnel, plus intime. Comme si elle voulait confirmer ses dires de la veille.
J'essaye de me souvenir de la soirée. Après avoir « scellé notre amitié » nous avons quitté l'établissement et sommes directement allées chez elle. Je me souviens avoir mangé des pâtes. Je souris en y pensant.
Alors c'est ça l'amitié ? Passer de bons moments avec quelqu'un, lui raconter ses tourments, lui confier ses pensées, questionnements et même avoir des relations sexuelles avec en sachant que ce n'est pas par amour. Enfin... Pour la dernière partie je crois que cela ne s'applique pas à tout le monde. Ahah.
- Je couche vraiment avec ma seule amie ? Me demandais-je à voix haute.
- C'est rien tu sais.
Je tourne la tête vers la porte et vois Mai en tenue de nuit, c'est-à-dire un short blanc et un T-shirt noir clairement trop grand.
Je n'ajoute rien, sachant qu'elle va continuer.
- Ymir tu sais ce que j'en pense. Après toutes mes peines de cœur je n'ose pas souvent aller vers les femmes de peur d'être de nouveau blessée. Pourtant j'aime le sexe, enfin, avoir des rapports intimes avec une fille est quelque chose d'agréable pour moi et avant toi je m'en privais par peur de trop apprécier, de devenir dépendante ou tout simplement de tomber amoureuse. Grâce à notre relation je sais que je suis capable de rencontrer d'autres femmes, passer du bon temps avec elles et ne pas risquer de tomber amoureuse pour autant. Te rencontrer a été l'une des plus belles choses qui aient pu m'arriver. Même si tu refuses encore de me dire pourquoi, je sais que toi aussi tu es une âme meurtrie. On est là l'une pour l'autre et c'est ça l'amitié. Et le sexe peut tout à fait s'y allier !
Argh. Avec ses arguments elle me fait réfléchir. Je déteste ça putain !
- Ouais, t'as du café ?
Elle rit de mon changement de sujet et s'incline.
- Encore chaud et posé sur la table votre altesse !
Je me lève donc, vais chercher mon café dans la cuisine et vais boire devant la fenêtre. Je regarde les gens du haut de ce sixième étage. Tant de grains de sable dans l'immense désert de la vie. J'observe tout ça de loin, comme si ça ne me concernait pas. Après tout je n'ai jamais eu le sentiment d'être comme eux.
Une fille pleure, assise sur un banc. Un gars part dans la direction opposée, les mains dans les poches et la tête haute, j'imagine facilement l'air fier sur son visage. Pauvre con, la prochaine fois ce sera toi sur ce foutu banc. Un peu plus loin un enfant traverse la route, courant après son ballon. Le conducteur dans sa belle porsche freine rapidement, ouvre sa portière et engueule le gamin obnubilé par son jouet.
Je reste impassible face à ces scènes du quotidien. Après dix-sept années d'existence j'ai fini par m'habituer au monde dans lequel on vit. Pendant un temps j'ai cru naïvement que tout ce qui ne va pas finirait par changer. L'enfant que j'étais et que parfois je regrette a découvert bien trop tôt que rien ne se passe comme on le souhaite. Cette enfant savait également que l'espoir est l'une des sensations les plus douloureuses qui soient.
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Out [YumiKuri]
Fanfic[Fiction actuellement en cours de réécriture, la nouvelle version paraîtra prochainement en remplacera l'actuelle] Ymir est cynique, méfiante, infernale. Elle détaille chaque jour la déchéance humaine et les soucis grouillant sous son œil perçant...