- Qu'est-ce que ?
Je sens soudainement une seconde petite main agripper mon bras qui, il y a quelques secondes à peine, tenait encore fermement l'échelle avant de la lâcher. Cette petite blonde a donc décidé de me faire chier jusqu'au bout en m'empêchant toute décision, c'est bien ça ?
- Ymir, je ne te lâcherai pas...
En relevant les yeux vers mon interlocutrice je constate qu'elle s'est bloquée elle-même les côtes contre le haut de l'échelle fixée au toit sans aucun doute afin de compenser son poids plume ainsi que son manque de force. Et dire qu'elle a pensé à tout ceci en si peu de temps. Elle ne pouvait pourtant pas prévoir ma chute car elle était en effet plus ou moins volontaire... Enfin si j'avais voulu grimper, m'accrocher davantage ou reposer le pied qui avait glissé j'aurais pu...
Comment a t-elle fait pour savoir ?
- Hn... Gémit la blonde sentant la barre de fer lui rentrer dans le ventre.
Sans réfléchir, je me balance légèrement dans le but de poser mes pieds sur les barreaux de la structure et de pouvoir, enfin, monter sur ce toit. Je me retrouve donc à ses côtés, bien plus proche d'elle que je ne l'ai jamais été, je la vois froncer les sourcils et se tenir là où elle souffre. Ses gémissements de douleur se font facilement entendre à cette distance réduite, j'assiste à la scène interdite, sans réagir, mais cette fois-ci ce n'est pas Liz en face de moi, la douleur lui fait réellement du mal, elle ne l'a pas voulue, désirée et surtout n'en tire aucun plaisir.
Je sers alors les dents et la prends dans mes bras pour la déposer le plus délicatement possible contre le mur du bâtiment. Elle est bien plus lourde que je ne l'aurais cru, enfin, je m'imaginais peut-être qu'elle pesait le poids de Yuna... Donc ouais j'ai totalement foiré l'approximation. Une fois au sol elle me lance un regard attendri ainsi qu'un immense sourire éclatant. J'ai mal au ventre.
- Merci beaucoup Ymir, tu es ma sauveuse...
Je m'éloigne d'elle et détourne le regard, je vais vomir si ça continue.
- J'ai rien fait. Pas la peine de jouer la victime avec moi, tu aurais pu te relever seule, j'ai juste voulu gagner du temps.
- C'est la première fois que nous avons une discussion, enfin excepté la fois où tu m'as montré la classe... Je t'ai tout de suite appréciée !
Et merde.
Je me précipite immédiatement vers le rebord du toit, me penche dans le vide et relâche tout. Je n'avais pas vomis depuis des années, même lorsque je suis malade cela ne m'arrive pas. Tout ce que j'espère en imaginant le carnage dans la rue c'est qu'un abruti ce soit tout pris sur la gueule.
Mais c'est que j'en oublierais presque la présence de Miss Parfaite à quelques mètres seulement. Elle doit être dégoûtée ou carrément partie après ceci. Tant mieux, je n'ai pas envie de supporter son regard écœuré, ou encore son air de pitié. Et dire que je voulais simplement prendre l'air à la base...
Mais lorsque je me retourne elle se tient à mes côtés, semble inquiète et me tend un mouchoir. Ses yeux sont si bleus que je croirais y voir l'océan, ils brillent si fort que j'en perdrais la vue, ils sont si grands ouverts que j'y tomberais facilement... J'ai de nouveau mal au ventre.
- Il vaudrait mieux que tu ailles à l'infirmerie...
- Pourquoi ? murmuré-je d'abord.
Pas de réponse. Elle doit se demander ce que je raconte, après avoir tenté de me suicider tout en l'entraînant avec moi, l'avoir vue souffrir pour me sauver, être moi-même allé l'aider et avoir fini par vomir sous ses yeux, il est normal de ne pas bien comprendre mon attitude, ma question vague, insensée, trouble, cette question s'échappant d'elle-même d'entre mes lèvres, comme provenant directement de mon estomac, là où j'ai mal, cette question que je ne comprends pas.
Mais c'en est trop, je veux savoir la raison de cette douleur, l'influence qu'a cette fille sur moi. Je pensais pouvoir surmonter, toutes les douleurs, les apprivoiser et même les accepter... Mais celle-ci est différente, elle me fait mal, très mal, trop mal.
- POURQUOI ?! finis-je par hurler à pleins poumons avant de m'écrouler sur le sol... sur le toit... Je ne sais même pas comment qualifier cet endroit.
Putain de merde.
- Ymir... Je... Je suis désolée de tout ce que tu ressens par ma faute... Je sais que tu m'en veux même si j'ignore pourquoi exactement, j'aimerais comprendre tu sais, je...
- Ferme-la. Tu ne sais rien, tu ne comprends rien, tu penses que tout peut toujours s'arranger mais un jour tu devras te réveiller Blondie, un jour tu comprendras que tu avais faux sur toute la ligne. Je sais que ma vision du monde n'est pas la bonne, que je suis la seule à le voir comme ça et ce, depuis pratiquement toujours. Mais sache que la tienne ne vaut pas mieux, ta vision du monde est tout autant erronée, si ce n'est plus et un jour tu t'y perdras.
Je suis en sueur et essoufflée, pourtant je me relève, laissant Blondie seule. Je quitte le toit, cours dans le couloir et ralentis devant une porte, je dois reprendre le contrôle, je dois l'utiliser... Mais je me raisonne et passe mon chemin, me servir de Liz maintenant n'en sera que plus douloureux par la suite. Alors je descends l'escalier et rapidement me retrouve devant la salle dans laquelle Mai donne son cours. J'attends plusieurs minutes adossée contre le mur et le pied frappant le sol de façon régulière.
J'entends la sonnerie.
La porte s'ouvre.
Une fois tous les élèves sortis j'entre et ferme la porte derrière moi avant d'agripper fermement les épaules de la rousse.
- Je dois te parler.
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Out [YumiKuri]
Fanfiction[Fiction actuellement en cours de réécriture, la nouvelle version paraîtra prochainement en remplacera l'actuelle] Ymir est cynique, méfiante, infernale. Elle détaille chaque jour la déchéance humaine et les soucis grouillant sous son œil perçant...