Chapter III (part 2)

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Je ferme les yeux quelques secondes, minutes ou même heures, puis les ouvre. Je suppose qu'il est environ midi, donc ouais, j'ai séché une matinée de cours, d'abord pour un retard, puis pour aller chez une prof afin de la baiser. Ce qui ne devait être qu'une exception parmi tant d'autres se transforme peu à peu en un quotidien dérangeant. Non pas lassant mais bel et bien dérangeant.

Je repense à ce qu'il s'est passé quelques heures plus tôt, lorsque j'ai découvert le contenant de cette fameuse mallette. J'ai beau avoir eu plusieurs expériences et avoir vu pas mal de choses, je n'avais jamais eu en face de moi une boîte de cette envergure remplie à ras-bords d'autant d'objets sexuels divers et variés...

Elle doit vraiment aimer le sexe...

Je me souviens alors du regard de Liz qui s'était assombri d'envie lorsque je lui avais apporté la mallette et donc, par conséquent, dévoilé la multitude d'objets. Ses yeux observaient mon visage et les objets en alternance, elle semblait créer un lien malsain dans son esprit... Ne pas savoir ce qu'elle pensait à ce moment m'agace assez. Sur le moment j'admets ne pas y avoir réellement réfléchis mais maintenant ça me saoule !

Je soupir alors assez bruyamment et m'affale sur la moquette. Tiens, c'est donc là qu'on a fini ? Ahah. Cette réflexion a quand même eu le don de m'extraire un sourire.

Je fixe le plafond jusqu'à m'y perdre et finis, au fil du temps par y discerner des images, des couleurs, des formes qui s'animent. Je cherche à comprendre ce que je vois ou en tout cas, crois voir. C'est finalement après quelques instants d'intense concentration que je les aperçois, ces grands yeux bleus, ce regard trop pur et ces longs cils foncés contrastant avec la clarté de l'iris azur.

Je sers les poings et fais grincer mes dents. Il ne manquait plus que ça ! Cette sale gamine est constamment dans mes pattes, tel un misérable insecte se collant sur ma chaussure.

- Quelque chose ne va pas ? me demande Liz, qui m'était d'ailleurs complètement sortie de la tête.

Je la détaille un instant. Elle n'est vêtue que d'une simple nuisette transparente, ses longs cheveux de blé épousent parfaitement les courbes de son dos. Elle pourrait être mannequin, même au réveil son maquillage est toujours là. Je me demande à quoi elle ressemble sans et quel prix il coûte pour être aussi résistant.
Enfin, tout ça pour en conclure qu'elle est vraiment séduisante.

Pourtant je ne me sens pas particulièrement chanceuse de pouvoir l'approcher aussi intimement. Je sais très bien qu'elle en a vu beaucoup avant moi, qu'elle en voit toujours énormément et qu'elle en verra davantage. Les gens ne doivent rien être d'autre que des objets sexuels pour elle, rien de plus que ce qu'elle a dans sa boîte. Le problème est qu'elle ne peut les contenir dans une foutue mallette, ou en tout cas pas moi. D'ailleurs, moi ? Hein ? Qu'est-ce que je suis parmi tous ces joujoux ?

- Tu sembles perplexe Ymir, laisse moi te détendre...

Elle sourit de façon équivoque et s'approche du canapé sur lequel je me suis finalement installée. Je sais ce qu'elle veut faire et je ne le veux pas. Mais j'attends. J'attends qu'elle franchisse la limite pour que je puisse l'arrêter.
C'est donc sous mon œil attentif qu'elle s'agenouille devant moi.

Ses longues mains fines parcourent mes jambes avant de se poser sur ma ceinture qu'elles tentent de déboucler. Je l'arrête alors d'un revers de main sec, presque brutal.

Elle se redresse immédiatement, cherche mon regard et troublée me demande pourquoi. Elle est indignée et vire vite à l'anxiété.

- Parce que c'est comme ça. Contente-toi d'apprécier ce que je te fais ou ne viens plus me voir.

Je me lève sur ces paroles, n'attendant pas sa réaction et enfile ma veste. Liz me regarde et avance mais je quitte l'appartement avant qu'elle ne m'atteigne.

Elle commence à m'énerver.

Je n'aime pas qu'elle me veuille. Finalement, je préférerais qu'elle me considère comme un objet.

Je me contente de la satisfaire lorsqu'elle en a besoin et lorsque j'en ai envie. Pense t-elle réellement que j'ai besoin de ses attentions ? Pff. La naïveté atteint vraiment n'importe qui. Je n'ai jamais demandé à qui que ce soit de s'occuper de moi, de quelque manière que ce soit.

Enfin si, il y a bien eu une personne mais est-il vraiment nécessaire de préciser qu'elle a réussi à tout gâcher en essayant de préserver ses secrets ?

Comme je le dis souvent, les questions rhétoriques sont extrêmement pratiques.

Je regardais le sol dans l'ascenseur mais une fois dans la rue je regarde mes pieds. Leur synchronisation est parfaite, ils avancent à tour de rôle sans jamais se rencontrer. S'ils ne s'accordaient pas aussi bien je tomberais.

Je pense que cette pensée me plaît, c'est concret, ni bien ni mal, c'est comme ça que nous sommes faits. Réfléchir sur ce genre de choses m'aide probablement à ne pas sombrer complètement dans l'insatisfaction liée à notre putain de vie. Ou bien suis-je simplement en train d'essayer de m'en convaincre ? Eh, je crois bien que j'ai réellement touché le fond depuis des années.

Je relève enfin la tête et aperçois Reiner assis à la terrasse d'un café en compagnie de la petite blonde insupportable aux airs d'ange. Super. Je passe donc à côté d'eux et espère que le gros tas ne me remarque pas sous peine de devoir subir de nouveau ses réflexions débiles. Cependant c'est la blondasse qui tourne la tête au même moment, encrant donc son regard dans le miens.

- Christa ? l'interroge Reiner constatant son égarement.

Je délies alors nos regards et continue mon chemin. La voix de Reiner habituellement rauque et affirmée était si mielleuse que j'en ai la nausée. Mais pire encore, le prénom qu'il a dit, ce foutu prénom... Désormais tout se concrétise.

Mon putain de cauchemar a un nom.

Christa est mon cauchemar.

Out [YumiKuri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant