Sous le regard du printemps

perturbé

Tout s'était passé si vite. Bien trop vite ! Je pouvais encore la voir, inconsciente dans mes bras. Je pouvais encore sentir son faible pouls battre contre mes mains. Je pouvais encore dessiner la blessure qui lui avait été affligée sur la jambe, sanglante, déchiquetée... Une vision des plus déplaisante qui ne faisait que me hanter depuis des nuits.

J'avais été incapable de réagir, incapable de faire le moindre geste. Statique, tel un elfon lors de son premier combat. Une vague de panique s'était épris de moi... Oui, incapable est le mot juste pour me définir à ce moment. 

Moi, que mon peuple considérait comme un des plus grands guerriers, j'avais failli devant une si simple tache.

Moi, qui avais déjà tant combattu, je n'avais pu traquer ce qui l'avait mis dans cet état.

Moi,qui avais vu tant de sang, je me retrouvais estomaqué par une simple blessure.

Moi, qui avait déjà perdu tant d'ami, je se sentais brisé face à cette elfine que je ne connaissais que peu.

Si Aeglos n'avait pas été là, je pense que... qu'elle n'aurait pas survécut.

Cela en était presque honteux.

Bien que je n'apprécie pas les Noldors, leurs soigneurs sont réputés dans toute de la terre du milieu. Aussi, lorsqu'Aeglos m'ordonna d'emmener notre elfine le plus rapidement possible à Imladris, je ne me fis pas prier et ce malgré l'impertinence de mon cousin.

Le laissant seul, j'avais passé une légère cape sur Elyfaëlle, essayant de passer outre sa nudité.

J'avais parcouru des lieux entiers sans m'arrêter avant d'arriver épuisé à Imladris. Mon entré en ces lieux me reste encore flou.

Je me souviens juste qu'un elfe prit le corps de l'elfine, m'empêchant de le suivre.

Aeglos m'avait rejoint deux jours plus tard, il avait inspecté chaque recoin de la forêt, sans pour autant trouver la moindre trace de l'agresseur. Nous ne savions toujours pas de quel nature il était, s'il avait blessé volontairement notre petite idiote ou si c'était un hasard. Tous ces questions sans réponses me rendaient fou.

Comment avait pu elle se montrer si imprudente ? Comment avait-elle réussi à se faire blesser alors qu'elle se baignait ?

Cette elfine n'avait vraiment rien de celle que je côtoyais... elle était si maladroite, si négligente... était-ce vraiment de son chef ou simplement était-elle écervelée ?

Je commençais vraiment à me poser la question.

Par Eru, qu'allais-je bien pouvoir faire d'elle ?

_ Veillez m'excuser mon seigneur, mais le seigneur Elrond vous réclame au chevet de votre amie.

Je regardais du coin de l'œil l'elfine qui m'escortait auprès d'Elyfaëlle. Grande, fine, les cheveux longs et une démarche gracieuse. Elle respirait l'étiquette et les bonnes manières.

De toute évidence, c'était une elfine de bonne famille... une de celle qui sera présente au bal de mon père. Une parmi tant d'autre, toutes communes, toutes semblables...

Je passais la porte de la chambre où on avait transféré Elyfaëlle. Allongé sur le lit, entouré de plusieurs Noldors, elle semblait toujours inconsciente.