fou

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Les yeux encore fermés, je sentais déjà que cette journée allait être difficile. Qui par Morgoth, avait osé dire que les elfes ne ressentaient pas les effets de l'alcool ? La tête prise, je maudissais le fou que j'avais été la veille. Au vu des nombreuses concertations qui m'étaient programmées à ce jour, j'aurais dû me montrer plus prudent, plus raisonnable...

Je finis par ouvrir difficilement les yeux. Etais-je en retard ? Certainement. Je tendis la main droite afin de trouver ma cape de nuit, j'avais pris l'habitude de m'y blottir dans des situations comme celle-ci. Cependant, ce ne fut pas ce que j'attrapai. Soyeux, fins, longs... il était indéniable que j'avais en main des cheveux qui ne m'appartenaient pas !

Me rappelant tant bien que mal où je me trouvais et comment j 'étais arrivé dans cette pièce, je soupirai las de ma propre faiblesse ; quel impudent je faisais !

L'esprit quelque peu embrumé, je tournais la tête afin de me trouver face à son doux visage. Les cheveux emmêlés, quelques mèches rebelles cachant un léger sourire apaisé, Elyfaelle dormait à poing fermés. Le temps d'un instant je me sentis l'envie de céder une fois de plus à mes faiblesses... par Horu, quelles pouvaient être nombreuses ces derniers temps ! L'envie d'oublier pour un moment mon rang, mes obligations et ces promesses dont je me serais passé, juste pour rapprocher mon visage du sien, sentir sa respiration prendre contact avec ma peau...

Loin du protocole et des devoirs gouvernementaux, aurais-je eu simplement une chance de la séduire ? Je la savais insensible au pouvoir, elle y était même complètement indifférente, comme si elle n'avait pas conscience de ce que cela pouvait représenter. Je me demandais souvent comment elle était avant de croiser notre route. Comment vivait-elle dans ce monde dont elle semblait venir. Je l'imaginais souvent forte et indépendante, une tigresse dans un monde plein de mystères et de « technologie » comme elle me l'avait expliqué.

Pourtant, à la voir ainsi paisible, elle semblait inspirer à une vie simple, un environnement sans complication, une bulle sécuritaire où elle pourrait s'épanouir et rester elle-même. Une vie qui pourrait être à sa portée dans les campagnes elfiques, une vie où je ne pouvais malheureusement apparaître. Serait-ce lui couper les ailes que de m'attacher plus que de convenance à sa compagnie ?

Le regard toujours posé sur l'elfine, il me vient alors la certitude que je ne l'avais jamais perçue aussi calme. Aeglos aurait tout donné pour qu'elle fût ainsi nos premiers jours de voyage ! J'entendais chacune de ses respirations toujours régulières. Je lui avais souvent dit qu'elle respirait aussi fort qu'un orc mais j 'avais bien évidemment menti à ce sujet. Un orc ne m'hypnotiserait certainement pas comme elle pouvait le faire à cet instant. Inconsciemment, j'approchais mon visage du sien. Serais-je fou de lui voler un tendre moment ? Ne résistant que peu à cet appel, j'effleurais ses lèvres des miennes, sentant alors un frisson me parcourir l'échine.

Je reculais vivement, venant presque à me tasser dans les édredons. J'étais complètement fou, il n'y avait pas d'autre mot ! Pourquoi ? J 'aurai pu la prendre, la faire mienne depuis longtemps. Ce n'était pas comme si je ne l'avais jamais fait, les elfines n'avaient que très peu de retenues pour le sang royal et j'avais appris bien assez tôt à tirer avantage du sourire princier !

Mais avec elle, tout semblait différent, j'avais toujours eu peur de me jouer d'elle. Aeglos m'en avait d'ailleurs fait la remarque dès les premiers instants, même si j'avais passé outre ses paroles. Aujourd'hui, j'avais beau vouloir y croire, je savais que cet attachement était perdu d'avance, je préférais seulement être le seul à en souffrir.

_ Tu en fais du bruit ..., me sorti alors de mes pensées houleuses une petite voix à moitié endormie.

Elyfaelle, assise jambes croisées afin de me faire face, s'étirait tout en baillant sans aucune retenue. Il était certain que malgré le charme que je lui trouvais, elle ne faisait preuve ici d'aucune grâce... Encore un point qu'il me faudra lui faire travailler.

Sous le regard du printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant