égoiste

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Alors que nous étions en pleine discussion sur nos projets de départ, un bruit de fracas se fit entendre devant la porte d'Aeglos. Je ne réalisais qu'à cet instant que celle-ci était resté entrouverte. Comment avions-nous pu être aussi négligent... Il faut dire que ces derniers jours j'avais la tête quelque peu ailleurs, mais cela n'était pas important.

Alors que j'étais certain que quelqu'un nous avait entendu, Aeglos ouvrit la porte pensant surprendre notre espion peu discret. La porte ne nous laissa que devant un plat brisé recouvert de ce qui semblait être des sucreries qui j 'avais du mal à identifier. Mon cousin sorti de la pièce et se mis tout à coup à appeler le petit curieux.

_ Elyfaelle !

Ou curieuse en l'occurrence. Cette elfine semblait toujours être mêlée de près ou de loin aux situations problématiques. Ne savait donc elle pas se contenir ne serait-ce qu'une journée ? Las de toute ces complications qui semblait s'accumuler autours de moi, je me laissai tomber sur un fauteuil près de moi. Aeglos, qui avait toujours était le plus spontané de nous deux, se prépara à courir après notre fauteuse de troubles. Mais cela il en était hors de question.

_ Ne la suis pas.

_ Mais Thranduil, tu vois bien qu'elle est perturbée... il faut que je... nous ... mettions la situation au clair.

Je regardais mon cousin, lui qui avait le regard si fier, si sûr de lui habituellement, semblait complétement déboussolé par la situation. Cela n'avait pourtant rien de catastrophique... pour une fois. Mon regard se posa plus particulièrement sur ses mains. Il avait toujours eu la fâcheuse habitude de serrer les poings dès qu'une situation lui échappait. Un comportement que mon père n'aurait tolérait s'il avait été le mien, bien que je ne sois pas parfait.

Les poings de mon cousin étaient contractés contre sa paume, Le visage crispé, le regard fuyant, Aeglos était plus que contrarié. Assis sur mon fauteuil, j'étais quelque peu exaspéré par le comportement de ce dernier. Je n'arrivais pas à m'expliquer ce qui avait bien pu le mettre dans cet état.

Je savais pertinemment qu'Aeglos était opposé au fait que nous partions sans plus de cérémonie. Il m'était aussi connu que m'éclipser sans en dire un mot au seigneur des lieux était déjà très impoli et surtout peu conventionnel pour quelqu'un de mon rang... Mais les Noldos n'étaient généralement pas outré par ce genre de pratique. De plus, je n'avais aucune envie d'être de nouveau donné en spectacle par Elyfaëlle au moment du départ. Elle m'avait presque ridiculisé lors du repas, bien que Glorfindel et Aeglos soit d'avis que j'aurai très bien réussi cet exploit seul, je ne voulais en aucun cas donner une nouvelle raison à mon père de mon incapacité diplomatique... C'est en pensant à cette petite effrontée que je compris.

Je dévisageais Aeglos, c'était tellement évident... Comment avais-je fait pour ne pas m'en rendre compte avant ce jour ? Ce n'était pas notre départ qui mettait mon cousin dans tous ses états. Non. Ce n'était pas non plus mon arrogance comme il aimait si bien le dire. Non. C'était elle ! Il ne supportait pas de la voir mise à l'écart, il ne supportait pas le voir en disgrâce face à moi... elle était depuis son arrivée le sujet de nos disputes. Lui qui si souvent m'avait suggéré de l'abandonner attachée à un arbre ou de la laisser au coin du feu pendant que nous partons... Voilà maintenant qu'il ne pouvait plus se passer d'elle. Il s'était attaché à Elyfaëlle, c'était indiscutable. Il voulait la rejoindre... Il en était hors de question. Elle était à présent ma pupille aux yeux de tous, elle était attachée à moi non à lui. Je n'allais pas laisser mon cousin intervenir, peu importe la manière, dans son... éducation.

Ce n'était alors pas sans mal que je du freiner mon sourire lorsque je pris congé d'Aeglos en lui interdisant formellement de courir après mon elfine. Comme je m'y attendais, j'eus le droit a une révérence servis d'un "il sera fait selon les désirs de sa majesté" des plus sarcastique... Mais en effet, ma volonté sera faite et rien ne pouvait me gâcher ce plaisir.

A déambuler dans les couloirs, je le faisais la réflexion qu'Elyfaelle commençait à déteindre sur Aeglos. Était-ce une bonne chose ? je ne serais le dire. Je me sentais cependant envieux de cette relation qu'ils entretenaient. En quelques semaines, ils avaient tissé des liens qui m'échappaient et je ne m'en étais jusque-là pas même rendu compte. Pour ma part, je n'avais réussi que l'exploit de détruire le peu de contacts amicales que j'avais avec l'elfine. Elle n'avait d'ailleurs pas cherché à me voir depuis que je l'avais mise à la porte... elle était également venue apporter des sucreries à Aeglos, non à moi... Était-ce de la jalousie ? Non, il était tout à fait normal que je sois déstabilisé face au peu d'intérêt qu'elle me portait ; J'étais tout de même un personnage important !

Cela me fit penser qu'il fallait tout de même que je prévienne cette petite impolie de notre départ, bien qu'écoutant aux portes, je ne doutais pas qu'elle fût déjà au courant. Mes devoirs royaux me réclamaient. Mon père m'avait envoyé un messager afin que je revienne à la cour. Le temps des promenades et des plaisirs était révolu pour moi... au moins je gardais l'espoir d'emmener avec nous Elyfaelle afin que le voyage soit plus plaisant.

J 'arrivais enfin devant la chambre qui lui avait été affectée. Les gardes étaient toujours devant. Elle s'était donc bien réfugiéd ici après sa fuite, comme je le pensais. Un des gardes me fit savoir qu'elle n'avait pas bougée de la journée... tient donc ? L'elfine s'était donc envolée comme par magie pour retrouver mon cousin dans sa chambre ? J'ouvris la porte sans pour autant m'annoncer. Il faisait sombre, très sombre.

_ elyfaelle, je suis venu te parler de quelque chose d'important.

Pas de réponse. J'ordonnais qu'on ouvre ces rideaux qui empêchait la douce lumière d'entrer. Et comme je m'y attendais, la pièce était vide. Je me retournais vers le garde furieux, je le vis défaillir devant mon visage. Etais-je si impressionnant ?

_ Ne venez-vous pas de me dire qu'elle n'était pas sortie ?

Le garde s'agenouilla... Je grimaçais. Cette marque de respect ou de crainte était typique des valets de mon père. Or, je détestais tout ce qui pouvait se rapprocher de près ou de loin à l'autorité qu'il exerçait. Le garde se confondit en excuses, il me jura de n'avoir vu personne sortir de la pièce ni même y entrer... Elle s'était jouée d'eux sans même qu'ils ne s'en rendent compte. Ah ces Noldos...

Les laissant à leurs excuses pathétiques et non sans faire comprendre mon mécontentement je me mis à la recherche d'Elyfaëlle qui avait encore une fois montré qu'elle ne savait pas se tenir. Aurais-je du laisser Aeglos la rattraper ? Avait-elle effectivement compris notre conversation de travers comme ce l'était imaginé mon cousin ?... Je devais absolument la retrouver, et ce avant un certain elfe sindar.

Après des heures de recherches tout en essayant de faire croire que tout allait bien à qui me croisait, j'étais sûr de deux choses : elle était introuvable et tous les elfes mangeaient des sucreries appelées cookies qu'elle leurs avait fait... tous sauf moi !

Fou de rage, car je n'aimais pas que les choses m'échappent, je retournai à ma chambre et me laissa tomber sur un sofa. J'étais furieux, c'était un fait... mais je ne savais pas m'expliquer cette boule étrange qui se coinçait au creux de ma gorge. Était-elle au moins en sécurité ? J'allais devoir avouer à mon cousin la perte de l'elfine... J'allais devoir supporter les foudres de ce dernier, qui dans un cas pareil se moquait bien que je sois son futur roi... J'allais devoir retourner dans mon royaume sans elle... Je pris un coussin et dans un élan peu mature mais tellement libérateur, je lançais ce dernier sur mon lit en hurlant.

A ma grande surprise, mon lit me répondit "nan, mais ça ne va pas ?"


Sous le regard du printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant