Sous le regard du printemps

égarée

Trois pas en avant, quatre pas en arrière, deux pas sur le côté, trois pas de l'autre côté... Bon, c'est sûr, je suis perdue.

Voilà maintenant deux semaines que j'ai le droit de me lever, de sortir, de bouger. On ne peut pas le nier, c 'est cool !

Jusqu'à présent, on m'avait tranquillement laissé faire ma vie. Je venais et allais à ma guise dans les jardins de cette superbe demeure. J'avais même sympathisé avec des elfes du coin. Notamment Fréhen, qui venait chaque jour prendre de mes nouvelles. Il m'avait fait visiter les recoins du jardin et les lieux essentiels à ma survie : la cuisine et la bibliothèque. Je trouvais cet elfe fort amical... je l'aimais même plutôt bien avec son esprit rêveur et sa grande passion pour les plantes.

Malheureusement, il n'était pas aux gouts de tous.

Thranduil semblait avoir une aversion pour ce dernier. Un léger différent, m'avait-il dit lorsque je lui en avais demandé la cause... Je n'avais pas spécialement insisté car de toute façon, ce prince avait une aversion pour à peu près tous les elfes de ce domaine.

Aeglos me tenait également compagnie aussi souvent qu'il le pouvait. Après m'avoir traité de plein de noms d'oiseau, dont je ne voulais même pas connaitre la traduction, il avait entrepris de m'apprendre à me défendre.

Au début, j'étais plutôt enthousiaste, je me voyais bien avec une épée telle un chevalier se battant pour de nobles quêtes.

Mais après quelques entrainements aux aurores ou la douleur m'avait fait découvrir des muscles dont j'ignorais l'existence...j'avais quelque peu baissé les bras.

Aussi, j'avais essayé maints stratagèmes afin d'éviter ma séance de torture quotidienne mais Aeglos pouvait se montrer aussi collant qu une bande de cire premier prix (celle qui reste agrippée a votre jambe alors que le papier lui est dans votre main ...).

Mais a l'heure actuelle, j'étais belle et bien seule au milieu d'un couloir que je ne connaissais pas. Le seigneur Elrond m'avait convié à un repas, mais genre officiellement quoi.

D'habitude, je mangeais en compagnie d'Aeglos ou Fréhen ... jamais avec Thranduil car lui était toujours convié au repas officiel.

Mais il venait me voir systématiquement dans la soirée.

Bref, tout ça pour dire que je devais me rendre dans une pièce pour qu'on me fasse les retouches sur mes vêtements du soir, sauf que personne ne s'était donné la peine de m'y emmener.

Désespérée de tourner en rond, je fini par essayer de rebrousser chemin.

Malheureusement quand t'es perdue, c'est que tu ne sais pas où tu es mais tu ne sais plus non plus d'où tu viens. J'avançais donc dans la direction d'où je pensais venir... Je me rendis vite compte que ce n'étais pas le bon chemin.

Je me laissai alors tomber par terre. Assise contre un mur, seule dans cet immense couloir, je ruminais contre moi même, incapable de se débrouiller toute seule dans ce monde elfique.

J'avais déjà eu l'occasion de faire le bilan depuis mon arrivée ici.

Je ne m'étais jamais tirée d'une situation seule, je n'avais fait que chouiner, pleurer et râler...

J'avais même fait du chantage affectif à Thranduil pour qu'il m'emmène avec lui et Aeglos.

J'étais vraiment un cas désespéré.