Méprisé

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Je me suis toujours demandé si tout était comme dans les livres ? Notre destin était-il vraiment tout tracé. Avions-nous un quelconque libre arbitre ou chacune de nos décisions étaient déjà planifiées ?

On m'avait affirmé depuis ma tendre enfance que les Valars veillaient sur ma destinée. Ma mère me contait qu'ils m'emmèneraient au bout du monde afin de trouver la deuxième moitié de mon féa. Mon père lui, prônait qu'ils guideraient mes pas afin que je devienne un souverain des plus respectable. Jusqu'ici, je n'avais remis en cause ni l'une, ni l'autre de ces deux affirmations car les deux semblaient se corréler.

Mais à cet instant, je sentais le malaise de cette théorie grandir en moi. Sentant ses petits doigts caresser les lignes de ma paume, je ne pouvais que me demander si mes actes avaient été prémédités. Les palpitations inconnues qui prenaient place dans ma poitrine me questionnait sur la possibilité qu'elle fut la moitié de mon féa. Or, cela me semblait autant agréable que discutable. Rationnellement parlant, cette théorie ne pouvait être juste...

_ Et bien, les elfes sont-ils tous aussi stoïques après avoir fait l'amour ?

Je crus m'étouffer d'indignation à ces mots qui me sortirent de mon état de latence.

Je pensais la réprimander sur son manque de retenue langagière, mais à la vue de son visage perché au-dessus du mien je compris. Ce n'était pas sans arrière-pensée que l'elfine avait choisi ses mots. Au contraire, elle ne voulait que me faire réagir comme me le laissait entendre son large sourire suite à ma réaction faciale. Je soupirais, quelque peu déçu de m'être encore fait avoir. Je regardais alors Elyfaelle, la lune reflétait toutes les petites imperfections de son corps : taches de rousseurs cachées au creux du cou, la marque qu'elle avait héritée à Imladris, les quelques écorchures qu'elle venait d'acquérir au cours de la dernière heure... Je pouvais voir chacun des pores de sa peau réagir au vent frais en ce début d'hiver. Il était certain que nous allions avoir de la neige ces prochains jours...

_ Thranduil ! J'ai froid ! Arrête de me regarder sous tous les angles, je rentre !

Une seconde fois, elle venait de me tirer de mes réflexions. Habituellement j'étais plus loquace avec mes conquêtes... Ne trouvant rien d'autre à dire, je sortis un pénible « bien », sans pour autant que mon corps puisse bouger afin de la suivre.

Les yeux écarquillés, l'elfine, s'habilla des plus rapidement semblant mécontente. Qu'avais-je bien pu encore faire... Je n'eus pas le temps de réfléchir plus longuement, car Elyfaelle, me lança ma chemise avec violence.

Cette fois-ci, je réagis plus vite que voulu :

_ Ne sais-tu donc pas faire preuve de délicatesse même dans ces moments ?

_ De délicatesse ? ... Super, écoute c'était sympa mais là je suis morte de froid. Donc je rentre !

Je crus, alors par mégarde entendre un « délicatesse mon cul » alors qu'elle s'éloignait me laissant complètement nu, estomaqué par son « c'était sympa ». J'avais fini par apprendre que sympa était un terme agréable cependant, je doutais qu'elle l'eut utilisé dans ce sens. Et cela me déplaisait fortement ! J'avais connu elfine plus avenante dans la même situation et sa réaction me laissait dubitatif. N'aurais-je pas été à la hauteur de ses espérances ? ... C'était fort peu probable. Il fallait se rendre à l'évidence que son féa n'avait pas dû être aussi ébranlé que le mien...

Préoccupé par des futilités qui ne devraient pas être une priorité pour moi, je me dirigeais vers mes appartements afin d'y déverser mon mécontentement... ou plutôt ma colère car plus je pensais à son attitude plus je ne pouvais empêcher la fureur monter en moi. C'était-elle moqué de ma personne ? Avais-je mal identifié ses signaux ? Être si indifférent, si passagé, me laissait un sentiment de mal-être que je pouvais m'expliquer.

Sous le regard du printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant