Mercredi 18 juillet 2018,
tard le matin,
tôt l'après-midi.
Salut,
El'.
Nous en sommes à la troisième lettre et j'ai toujours l'intention de te les envoyer. Je n'ai pas encore oublié ou abandonné ce semblant de projet, pour une fois. Quand on y pense, le chiffre trois est pas mal apprécié. Ça doit bien être le chiffre le plus surcôté, et de loin.
C'est vrai quoi, on parle souvent de trio infernal, ou de triangle amoureux. C'est d'ailleurs souvent le synonyme de « Bienvenue, nocivité ». Pour ta gouverne, j'ai vérifié et, tu seras peut-être aussi étonnée que moi mais sache que le mot « nocivité » existe bel et bien. Curieux, n'est-ce pas ? Ça sonne horriblement mal, puis c'est insupportable à prononcer. Essaie, tu verras bien.
Le temps est triple. Eh oui, lui aussi s'y met : passé, présent, futur.
Puis, quand on entre dans une église et qu'on fait le signe de la croix, on pense : au nom du père, du fils et du saint esprit, amen.
Sans parler du rythme ternaire, que je trouve super intéressant et que l'on écrit tous sans s'en rendre compte. Tu sais, c'est le fait d'écrire trois élément se rapportant à une même idée, à la suite. Ça nous aide à insister sur notre idée. Ça peut être trois verbes, ou trois adjectifs pour un même nom par exemple. Ça dépend, en fait, et j'adore les analyser en cours de littérature.
Avec ma voisine de classe, on avait tendance à dire rythme tertiaire pendant toute cette année de seconde. Ça nous faisait sourire dès qu'on se surprenait à dire cette erreur à voix haute, ou lorsqu'on se rendait compte une fois sorties de cours que c'est ce que l'on avait écrit sur notre feuille de contrôle.
Notre professeur de littérature nous avait dit que le chiffre trois avait beaucoup d'importance, que c'était biblique. La sainte trinité, je crois. Tu sais que je ne m'y connais pas vraiment là-dedans, donc ce que tu lis est sûrement un tas de conneries. Je n'en sais rien.
Tu sais, quand j'y pense, t'es un peu mon chiffre trois : importante, intéressante, mais pas surcôtée. Loin de là.
T'es mon chiffre trois sans son rythme ternaire, en fait.
Certes, je ne suis absolument pas objective, et j'en suis parfaitement consciente, mais si je le pense sincèrement, c'est ce qui importe, non ?
Guy de Maupassant disait qu'il existe autant de vérité qu'il existe d'individu, car chacun a son propre ressenti, sa propre vision des choses.
Ce bon vieux Guy a tout résumé en une seule phrase, c'est ce qu'on appelle être un génie, car ça ne s'applique pas seulement à la littérature. De base il le disait par rapport au réalisme, comme quoi la notion de réalisme s'applique selon les cultures, l'éducation et bien d'autres choses encore. Enfin, ça, c'est moi qui le rajoute et le développe à ma façon.
Et c'est valable pour tellement de sujets qui touchent notre quotidien.
Le cours s'éternise, je te laisse donc avec cette conclusion : le chiffre trois est surcôté, et Guy est intelligent.
Salut.
Sar'.
