5

18 1 0
                                    

Jeudi 19 juillet 2018,
en milieu et fin
de matinée.

Salut,
El'.

Je suis actuellement à l'appartement, seule, devant desperate housewives. Je viens de m'embêter à changer la police parce qu'avec celle que j'avais choisi on ne peut pas écrire en italique. J'ai vraiment des problèmes existentiels. Quand je t'ai dit que j'étais seule, j'avoue avoir un peu menti. Je suis en compagnie de ma chienne qui a décidé d'aller hiberner dans la chambre, et d'une tortue Ninja suicidaire qui se contente de grimper sur sa cage, rester coincée puis tomber. Faut savoir que lorsqu'elle tombe elle se retourne, elle est donc sur la carapace, et c'est pas bon parce qu'au bout d'un certain temps elle peut en mourir, encore plus vite étant donné qu'elle est jeune. Je l'ai sauvé je ne sais combien de fois depuis que j'suis arrivée ici. Insupportable.

Dans ma série, un mec a fait une tentative de suicide avec des médicaments. J'ai toujours adoré les boîtes à médicament, dans les séries. Je n'en ai jamais vu en France, à mon grand regret. Ça aurait été plus cool de se shooter aux médocs. Ce mec s'appelle Tyler, enfin, officiellement, il ne s'appelle pas comme ça, mais c'est un prénom caché. La coïncidence m'a fait sourire : la tentative aux médicaments, le prénom Tyler.

Il aime une fille qui n'en a rien à foutre de lui, il se sent seul et paumé, et il a l'impression que tout autour de lui s'écroule. Donc il a pris des médicaments. Et il s'appelle Tyler.

Si j'avais été un tant soit peu normale j'aurais pas souri à ce genre de similarités, mais comme tu le sais, je ne suis pas normale alors je te partage avec bonheur ce petit clin d'oeil.

L'un des épisodes les plus tristes, frustrants et violents a démarré.

Ça fait quatre fois que je sauve cette tortue suicidaire depuis que je t'écris et le temps que j'écrive cette phrase a suffit pour que j'en arrive à la cinquième.

Pendant que j'écris, j'essaie d'imaginer tes réactions, tes pensées au fil de cette lecture, mais je n'en ai aucune idée. Je ne sais même pas si tu liras tout ça.

Est-ce que je finirai par abandonner cette idée ?
Est-ce que j'oserai tout t'envoyer ?
Est-ce que je recopierai tout ça sur papier ou je te l'imprimerai ?
J'en sais rien, j'avoue que je n'en sais vraiment rien.

Salut.
Sar'.

ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant