mardi 24 juillet 2018,
tôt le matin,
dans la nuit.Salut,
El'.Je n'avais pas l'intention de t'écrire aujourd'hui, non pas que je t'en veuille pour une quelconque raison qui t'échapperait, mais parce que je ne savais pas quoi te dire, et que je n'en ressentais pas spécialement le besoin.
Pourquoi suis-je devant mon écran à taper rapidement ces mots qui apparaissent comme par magie sur cette page blanche, alors ? Très bonne question.
On se reparle un peu, en ce moment. Tu m'as demandé conseil par rapport à un évènement compliqué de ta vie, et j'ai essayé d'être là pour toi sans trop de maladresse. Tu m'as remercié, et ça m'a fait plaisir. Non pas que tu me remercies, j'men fous éperdument de ça, mais si tu l'as fait, c'est parce que je t'ai un tant soit peu aidé, non ? J'ose l'espérer.
Quand tu m'as annoncé que tu avais besoin que je te conseille sur quelque chose qui m'avait fait mal, je t'ai immédiatement imaginée en couple, et c'était pas top.
Bien que la situation m'ait vraiment rendue triste par rapport à toi, je sais combien tu es forte, et je suis désormais, moi, à l'aise avec ce sujet pour t'en parler.
Je t'ai aussi demandé si tu aimais le noir, et c'était assez nul et vague, comme question, je l'avoue, mais je n'avais rien trouvé de mieux, alors je t'ai envoyé ce foutu message sans aucun sens.
Pour te remettre dans le contexte, aux alentours de 20 heures, je crois, j'en ai eu marre de cet appartement, de cette ambiance qui m'étouffaient alors je me suis préparée et je suis partie, pour passer une soirée sympa en ma propre compagnie.
Connaissant pas mal la ville dans laquelle je suis, j'ai marché pendant une bonne heure, peut-être plus, j'avoue avoir perdu toute notion du temps. Il y a ce qu'on appelle un marché de nuit, qui, comme son nom l'indique, est un marché qui commence la nuit. Très bon concept qui marche depuis des années déjà, du moins aussi longtemps que j'me souvienne.
Une femme vendait des tas de bracelets tressés, tu sais, typique de ceux qu'on achète en vacances. Y'en a que j'trouvais assez sympas ( ils étaient noirs ), j'ai hésité à t'en acheter un mais je me suis ravisée, à tort d'ailleurs puisque je le regrette un peu maintenant. J'ai souri en m'imaginant te le glisser au milieu de tout ce papier, toutes ces lettres.
Si j'me décide un jour à t'envoyer tout ça, bien sûr.
J'suis retournée dans une librairie assez intéressante, où un vieil homme travaille. Il a l'air d'avoir lu tous les livres qu'il vend, et c'est grâce à lui que, quelques années auparavant, j'ai commencé à acheter une collection de livres pour mon père, qu'il a adoré. Je le lui ai signalé et ça a eu l'air de lui faire plaisir, il a fait un papier cadeau et pendant qu'il s'activait, je regardais une pile de livres, et souriais chaque fois que je reconnaissais certaines de mes anciennes lectures. Je suis tombée sur un livre qui avait été de loin mon préféré lorsque j'étais plus jeune - en primaire -, et j'ai entrepris de me l'acheter, heureuse de retomber dessus avec la même couverture.
Cette petite sortie nocturne m'a fait prendre conscience de pas mal de choses, et j'ai bien l'intention de me remettre à la lecture. J'essaierai de lire rapidement le livre de mon père avant de rentrer, parce que l'histoire a vraiment l'air captivante et il paraît qu'elle est merveilleusement bien écrite.
Tu sais, en c'moment ça va pas vraiment mieux, mais tu m'connais : j'suis tenace et j'essaie de me débrouiller comme je peux pour rester dans les parages.
Je n'avais vraiment pas prévu de t'écrire, mais il est tard, je ne parviens pas à dormir - les pensées fusent dans ma tête et m'empêchent ainsi de me reposer - et j'écoute du lil peep, ça m'inspire, si je puis dire.
J'aimerais vraiment te recopier tout ça à la main, mais j'ai pas la meilleure des écritures, loin de là, sans parler du fait que, comment on passe de l'écriture normale à celle en italique ? Faudrait que je recopie exactement les lettres comme une machine à écrire, et pas en attaché.
Ou je sais pas ?
Rendre les choses simples difficiles, mon quotidien. Faut dire que c'est un talent !
Cette lettre devient, une fois de plus, longue, barbante et brouillon ; sans parler du fait que je me suis, une fois encore, totalement éloignée de ce que je voulais te dire au départ.
Une autre fois ?
Salut.
Sar'.