L'aube sera grandiose

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PDV Valentin

Je reste hébété, figé là durant une durée indéterminée avant de lever les yeux pour les plonger dans ceux de celui qui reste, malgré tout, mon ami.
Je vois dans ce regard noisette, chemin de l'âme et reflet de sentiments, de la vie.
Enfin.
J'y lis de l'espoir, une certaine prise de conscience, accompagné d'attente envers l'avenir.
Je dois le convaincre d'aller voir Damien. C'est un moment clef, et c'est à moi de décider du sens dans lequel tout va basculer.
Je m'apprête à entamer une longue bataille, je mobilise mes force mais il me précède. Il abdique. Ou plutôt, il revit.

- Val ? Tu crois que c'est trop tard pour tout réparer ?
- Hein ? Pour tout effacer oui, en revanche l'avenir n'est jamais écris. Tu es celui qui le choisira. Tu ne peux pas ignorer le passé, tu ferai du mal à tout le monde, par contre tu peux construire l'avenir dessus, un avenir solide. Tu peux te faire pardonner facilement. Tu comptes pour nous tous. N'oublie jamais que l'avenir n'est pas figé, qu'il t'appartiens.

Il me regarde quelque instant avant qu'un sourire germe sur ses lèvres.

- Qu'est ce qu'on attend ?

Je sens une bouffée de soulagement, je vois enfin la lumière. On arrive au bout du tunnel.

***

Nous sommes en face de l'hôpital, Thomas et moi. Les autres dorment encore, ils en ont besoin. J'ai juste envoyé un message à Cyril pour lui expliquer la situation.
J'ai couvert mon nez avant de partir, il est probablement cassé, mais je m'en occuperais après.
Il fait nuit. La ville semble endormie, malgré les voitures et les hommes bourré qui passe et repasse, ombres vides dans le monde immense. Mon ami tremble légèrement, il semble regretter. Regretter quoi, je l'ignore. Un peu tout je pense. Je songe un instant qu'il s'apprête à faire demi-tour, mais il respire un grand coup avant de passer la porte.

Il est trop tard pour reculer.

Nous rentrons dans le hall blanc. A l'accueil, nous demandons des nouvelles de notre ami. Ce dernier à quitté les soins intensifs, il s'est réveillé et se porte mieux. Sa vie n'est plus menacée. La réceptionniste ajoute que nous somme en dehors des horaires de visite. Nous insistons tant, que cette dernière, agacée de travaillé une nuit de week-end fini par nous dire d'y aller, en appuyant sur le caractère exceptionnel de cette permission. Elle ne nous aurait pas laissé y aller s'il n'était pas seul dans sa chambre.
Nous la remercions en montant vers Damien.

Nous croisons dans le couloir de la chambre de Thomas un infirmier.

- Nous sommes des amis de Damien Laguionie.
- Je suis Thomas Iturralde. Que lui est-il arrivé ?
- Calmez-vous. Je suis Yvain Bartout, infirmier en chef, je suis responsable de ce secteur. Votre ami c'est évanoui, mercredi midi alors qu'il sortait de chez lui. Il a fait un malaise. Il était en état de malnutrition avancé et surtout il était déshydraté. En raison de son état de santés extrêmement précaire, il a été décidé de le garder 24 heure au soin intensif. Il ne gardera pas de séquelle, mais actuellement, sa santés est encore trop précaire pour que nous puissions le laisser sortir. Nous l'avons placé sous perfusion. Il n'a pas souhaité que l'on prévienne quelqu'un de son réveil, car il « avait promis ». Il est probablement en dépression. Avez vous d'autre questions ? Non, bon très bien. Je vous laisse, le devoir m'appelle. Ne faite pas trop long et appelez-moi en cas de nécessité.

PDV Thomas

Je le regarde partir, hébété. Le soulagement est énorme, il a juste fait un malaise. Je culpabilise toujours car je sais que c'est de ma faute, mais au moins il n'était pas désespéré au point de se suicider. Maintenant mon devoir, mon souhait, est de le relever, de l'aider a vivre. Et pour la première fois l'avenir me semble plus clair. Il n'est pas mourant. Il est vivant. Je sourit à Valentin, avec soulagement avant de pousser doucement la porte.

Il est là. Il dort, entouré de machine, allongé sur un lit d'hôpital. Il me semble apaisé. Je m'approche de lui et le regarde, il est beau. Je reste plusieurs minutes fixé sur son visage, fasciné. J'approche un doigt et lui caresse la joue, couverte d'une barbes touffue. Je réalise que je pleure que lorsque des gouttes humides tombent sur les draps. Je suis hypnotisé. Mon ami a le vissage rongé, mais il paraît serein.
Je réalise qu'il est vivant, vivant. Une vague de soulagement s'abat sur moi, emportant tout sur son passage. Mes jambes me lâchent, je me dépêche de tirer une chaise. Maladroit comme je suis, je tape le lit, provoquant un bruit sourd. Mon ami, mon frère, mon double ouvre les yeux, venant les figer dans les miens. Perles de saphirs dans un monde tremblant. Il me semble discerner un univers entier derrière ce regards endormi. Un monde de rire, de bonheurs. Les souvenirs reviennent comme des échos, Damien, Damien qui ris, qui pleure, qui crie, qui chante, Damien qui vit. Damien est mon passé, mon présent, et de lui dépend mon avenir. Je suis dépendant de ce regard, de ce portail des âmes. Un monde entier ce dessine derrière ce morceaux de ciel, un monde en ruine, mais toujours fertile. Un monde que j'ai détruit, et que l'on reconstruira ensemble. Je le jure. Le ciel est dégagé. Mon ami est ma vie. Je recommence à vivre.

Je pleure, de soulagement mais surtout d'espoir en psalmodiant son nom. Je revis. Je recommence à espérer, l'avenir est moins sombre si nous l'affrontons ensemble. Je ne te lâcherai plus jamais Damien, plus jamais. J'aimerai lui dire à quel point je regrette, lui promettre d'être là. Je n'arrive pourtant pas à sortir autre chose que son nom. Je le regarde sans cesse. Il est mon tout. Je l'aime tellement, comment ai-je pu être aussi con.

Et là, nous nous endormons, l'un sur l'autre et nos mains liées. Il sera temps de parler demain, profitons d'être dans l'œil du cyclone.

*****

Et voilà, je suis de retour. Je vous avoue que j'ai beaucoup hésite sur les raisons qui ont menés notre ami à l'hôpital... (d'ailleurs merci à Rose pour m'y avoir aidé).

Je ne sais trop quoi pensé de ce chapitres, mais il scelle la fin de quelque chose et le début d'une autre.

Le prochain chapitres est cour, 300 mots environ mais je ne me voyais pas couper autrement. Il est prêt, je vais surement publier aujourd'hui ou demain.

Bref,
A bientôt

Un peu trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant