La chute

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23 jours plus tard / Sortie d'hôpital + 20 jours.

J'ai emménagé provisoirement chez Thomas. Tout le monde voulait m'envoyer chez Analia, mais mon ami m'a fait comprendre qu'il me voulait absolument afin de me prouver qu'il avait changer. Au début, je m'y opposait également, pas par peur, mais parce que je l'aime toujours, malgré tout. J'avais peur de cette situation que je devinais gênante, je ne voulais pas de cette ambiguïté. Mais j'ai sous-estimé Thomas, il est parvenu à instaurer un bon climat.
J'ai déménager depuis vingt jours déjà, et je retrouve doucement mes marques. L'hôpital m'a diagnostiqué une dépression sévère, il ne pouvait me laisser sortir seul, sans un suivi psy.
Depuis, Thomas est là à chaque instant, il veille sur moi, comme un vrai papa poule. Il veut que je sois heureux. Il vérifie que je dors, que je fasse quelque chose de mes journées, que je voie ma psy et que je mange. Ce dernier point doit probablement être le plus dur, je me suis habitué à ne manger presque rien.
Je vois une psy régulièrement, mais ce n'est pas elle qui m'aide, c'est Thomas. Et elle le sait, je serai bientôt plus obligé d'y aller.
Celui qui m'héberge à également tenu à aller voir un psychologue, pour « ne plus retomber dans la facilité de l'ignorance, avoir quelqu'un pour m'ouvrir les yeux ». J'ignore ce qui se passe là-bas, mais ça à l'air de lui faire du bien.

Maxime, Valentin et Cyril sont rentré il y a sept jours à Angers après m'avoir fait promettre de leurs dire au moindre problème, et avoir juré qu'ils m'appelleraient tout les jours. Seul Valentin n'a rien dit, il m'a juste serré dans les bras, mais alors qu'il s'apprêtait à partir, il est revenu me demander d'être heureux. Rien que ça...

Je remonte doucement la pente, mais le chemin est encore long. Sans parler de s'assumer devant les autres, pour ça je crois que c'est définitivement mort. Mais je devrais m'estimer heureux d'être vivant, de pouvoir compter sur Thomas et les autres. Au moins je ne me retrouve pas à la rue.

Je n'ai pas la force de retourner sur les réseaux, de faire face aux théories qui ont tenté de justifier mon absence. Mais surtout je ne veux faire face aux abonnés que j'ai quitté. Thomas à juste fait un unique tweet, laissant le bouche à oreille faire le reste, pour annoncer que nous allions bien, que nous avancions à nouveau ensemble, mais que pour l'instant je n'étais prêt à retourner faire face à ce que j'ai laisser. Mais je sais que lui va recommencer les lives, et qu'il va faire face à des centaines de questions me concernant. Je sais pas si j'arriverai à revenir un jour.

Je ne sais que faire de mon avenir, les autres me disent d'attendre, je suis sortit que depuis peu après tout. Mais il a toujours été dans ma nature de m'inquiéter.

Quelqu'un toque à la porte de la chambre d'ami que j'occupe, venant me tirer des pensées obscures dans lesquelles je m'embourbais. Je grommelle un «ouais» peu convaincu, et la porte s'entrouvre laissant apparaître Thomas, les cheveux encore plus en bataille que d'habitude.

- Sors de ce lit, t'as assez fait le mollusque pour aujourd'hui, il est déjà midi. Alors tu bouge ton cul et tu viens manger.

Il se dirige vers la sortie sans attendre ma réponse et crie juste avant de quitter la pièce :

- Sinon je te renverse un seau d'eau sur la tête, et crois moi, tu préfère te lever de toi même plutôt que je vienne le faire.

Il est resté moins de quinze seconde. Une tornade.

En grommelant des insultes fleurie à l'égard de celui qui ne les entends plus, je me lève, avant de prendre des habits et de lui crier que je vais prendre une douche. Au fond il a raison de me faire sortir de la chambre, je pourrais facilement passer la journée enfermer dedans sans rien manger. Les habitudes sont tenace, presque autant que la tristesse, il faut beaucoup, énormément, de détermination pour les expulser. Détermination que Thomas semble posséder.

L'eau coule sur ma peau fatiguée, et je réfléchi toujours. Les derniers mois auront au moins eu le mérite de me faire comprendre que si le bonheur est fragile, il n'est jamais très loin. Et ces derniers jours, je sens qu'il se rapproche. Il me fait penser à un jeune animal, un rien suffit pour le faire venir, comme pour le faire partir. Et si l'on le chasse trop souvent, il apprend et reviens moins facilement à chaque fois.

Je me fais encore souvent réveiller par un cauchemar qui me laisse tremblant. J'ai peur que tout recommence. Mais si je veux avancer, je dois avoir confiance.

Je suis fatigué, fatigué de tomber sans cesse. Tout avait pourtant pas si mal commencé, je suis juste tombé amoureux. Mais je suis tombé de haut quand j'ai vu sa réaction lorsque je l'ai avoué. J'ai fini par tomber dans les pommes à cause de mon état mental et physique, avant de finalement tomber dans ses bras lorsqu'il est venu s'excuser.

Quoi qu'on dise, chacune de ses chutes m'a fait mal. Quand on tombe, on fini toujours par se blesser.

On souffre lorsqu'on tombe amoureux, quoi qu'on en pense, on finit par toujours souffrir. On souffre avant de le dire puis on l'avoue et on chute, une chute parfois longue.
Quand on a de la chance, c'est une chute idyllique qui nous fait oublier l'impact qui nous attend, l'être aimé nous aime aussi. Mais on fini toujours par toucher le fond, il nous quitte, il nous trompe et on se sépare. Ou on le quitte, on le trompe et on se sépare. Mais ça fait quand même mal, une séparation est toujours dure. Tomber est douloureux.
Pour l'instant, je suis probablement en train de tomber après l'avoir accepter quand il est revenu, mais cela finira bien par cesser, je finirai par heurter violemment le sol qui se teintera d'écarlate. Et j'aurai encore un peu plus de mal à me relever, à chaque chute on perd un peu de nous. Et ça fait mal.

Mais c'est la règle de la vie.

***

Je finis par sortir pour aller rejoindre mon ami à la cuisine. Il me tends le pain, et je commence à me faire des tartines. Nous sommes étonnamment silencieux.

- Aller mange, tu dois reprendre du poids.

Je sourit doucement, sa sollicitude me touche, il reste constamment là pour moi maintenant, mais même si mon appétit me reviens doucement, je n'ai toujours pas assez faim pour lui. J'ai l'impression d'être chez ma défunte grand-mère, elle me faisait toujours manger, elle me gavais même quand j'avais déjà mangé assez pour trois semaines. Selon elle, j'étais trop maigre. Toujours. Heureusement qu'elle ne me voit pas aujourd'hui.
Elle est morte avant que mes parents ne parlent plus, elle n'a pas connu ma décadence. Heureusement. J'aurais encore plus souffert sinon.

- Bon alors, qu'est ce que tu veux faire aujourd'hui ?
- Je sais pas, pas grand-chose. Rester ici, se faire un film.
- Ok, si tu veux. Mais il faut d'abord qu'on aie faire des courses, les placards se vident.
- Ok. On n'y va juste après ?

***

PDV Thomas

Je stream moins, mais il faut toujours remplir le caisse, surtout maintenant que j'héberge mon ami. Je suis content, il mange d'avantage, sourit plus souvent et dors mieux. Je ne l'entend enfin plus pleurer la nuit.
Contrairement à moi.
J'ai toujours été fin, mais là, j'atteins des recors. J'ai plus d'appétit, mon estomac est noué.
Mais voir ces sourires orner le visage de mon ami m'aide. Tellement.
Il reprend du poids, il reprend la forme. Et même si je devine qu'il reste des traces, elles sont de moins en moins visible. J'espère juste qu'elles s'effacent vraiment, qu'il ne fait pas semblant.

Mais J'ai décidé d'être heureux. J'ai décidé que je ne pouvais continuer à me haïr pour ça.

*****

Bonjours ! On approche de la fin, comme ça vous êtes prévenu.

Sinon j'ai pas grand chose d'autre à dire.

A si, j'ai fait ma rentrée et j'ai beaucoup de travail.

Je vous aime.

Bref,
A bientôt

Un peu trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant