Et puis on tire sa révérence

14.

"Don't let them play you like music"

Lorsque Lana et Alyx revinrent dans le chalet, Maël et Cédric étaient tous deux posés devant la télévision entrain de regarder le journal. Aucun des deux ne releva la tête lorsque les deux entrèrent, trop absorbés par les images qui se défilaient devant leurs yeux. Ils se posèrent derrière le canapé, debout pour pouvoir regarder la télévision aussi. C'était une interview d'un policier qui participait à essayer de retrouver les deux jeunes. Il expliqua qu'ils avaient une piste, mais que si qui que ce soit les voyaient, ils se devaient d'immédiatement prévenir la police. Ils ont dit que la moindre indice leur serait utile. L'interview se termina sur une mise en garde, qu'il fallait faire attention quand on sortait le soir, que maintenant on devait tous être vigilants. Lana ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel.

Maël se retourna pour les regarder et leur dit d'un ton très sec ;

-Au moins ils n'ont aucune piste.

Alyx fronça les sourcils.

-Mais... ils viennent de dire que si.

Maël secoua la tête.

-S'ils avaient une réelle piste, ils ne perdraient en aucun cas leur temps à passer des interview minables de la sorte.

Lana et Alyx hochèrent la tête et continuaient de fixer l'écran.

-Du coup, on reste ici ? demanda Lana.

-Du coup vous restez ici. Pour l'instant, leur répondit Maël.

Les deux jeunes hochèrent la tête avant de se détendre légèrement.

Une autre annonce passa à la télé. Une récompense sera donnée à la personne qui réussit à donner une info véridique, une info qui fasse avancer la police. Alyx soupira longuement en se disant que c'était exactement la mauvaise chose à faire. La police va recevoir maintenant des centaines d'informations inventés de tout parts par des gens qui espèrent avoir de la chance que la police les trouve, ou trouve ne serait-ce qu'un piste.

En portant son regard à nouveau sur Maël et Cédric il remarqua que l'expression de Cédric avait changé. Il paraissait en réflexion profonde. Au début, Alyx se dit que c'était probablement rien. Pourtant lorsque quelques secondes après Cédric se leva en marmonnant qu'il devait aller aux toilettes, il eut un mauvais pressentiment. Quelque chose au fond de lui le poussa à le suivre discrètement. Une fois la porte des toilettes fermées, il colla son oreille à la porte pour entendre ce qu'il se passa. Il entendit un long silence, moment où il pense que Cédric était juste parti faire ses gros besoins, d'où sa mine réfléchie. Pourtant il ne tarda pas à entendre la voix du jeune homme résonner à travers la porte.

-Allô ? Oui bonjour, je m'appelle Cédric Lecre. J'appelle pour vous donner une information importante.

Intrigué, Alyx fronça les sourcils, essayant de se concentrer sur les paroles du jeune homme.

-Vous connaissez la grande forêt qui est légèrement éloignée de la ville ? Enfin vraiment éloignée de la ville ? Oui je sais ce n'est pas très précis. Sinon prenez juste ma localisation. Où je me trouve se trouvent les personnes recherchées. Alyx et Lana.

A l'entente des paroles de Cédric, Alyx eut la pulsion d'essayer d'ouvrir la porte. Fermée à clé bien sûr. Il s'éloigna pour donner des grands coups de pieds dans la porte. Il n'entendait plus ce que disait le jeune homme à l'autre côté de la porte mais tout ce qu'il voulait à cet instant c'était arrêter l'appel pour empêcher la localisation. Les bruit de coups de pieds résonnèrent dans le chalet jusqu'au coup de pied final où le verrou se brisa et la porte s'ouvrit. Il fonça comme une furie sur Cédric, lui arracha le portable des mains avec force. Alyx le laissa tomber au sol avant de l'écraser de toutes ses forces avec ses pieds jusqu'à ce qu'il soit vraiment détruit.

Après cet acte, Alyx fixa Cédric. Il long silence plana entre les deux. Maël et Lana entrèrent, inquiets.

-C'est quoi ce délire ? s'exclama Lana.

Personne n'en répondit. Alyx regardait Cédric avec une telle haine qui effrayait Lana et même Maël. Ils sentaient qu'Alyx n'allait pas pouvoir retenir tout ça au fond de lui pendant longtemps. Lana tenta une approche, posant sa main sur son épaule.

Ce qui provoqua justement l'effondrement.

Alyx sauta sur Cédric, le plaquant à terre. Cédric lâcha un long cri de douleur avant d'essayer de se débattre en le frappant du mieux qu'il pouvait. Alyx le bloqua, se mettant à califourchon sur lui, enchaînant les coups de poings sur son visage qui se noyait progressivement de sang.

Pendant ce temps, Maël tenta de les séparer. Il réussit à empoigner Alyx par les deux bras pour le retenir et l'éloigner assez pour que les coups n'atteignirent plus l'autre à terre.

-Alyx, c'est quoi ton problème ? Hurla Maël, dont l'expression était remplie de colère.

Son expression s'adoucit aussitôt en voyant que son frère était en larmes.

Pas les jolies larmes, qu'on voit dans les films quand quelqu'un est triste. Non, les larmes de colère, de tristesse. Des larmes laides, qui déforment le visage. Des larmes qui nous font hurler, cracher, baver. Des larmes de quelqu'un qui s'est retenu de pleurer depuis bien trop longtemps.

Alyx à travers tout ça parvint à dire ;

-Il nous a dénoncé. A la police.

Lana et Maël tournèrent violemment la tête vers le Cédric étendu, ensanglanté, au sol, qui essayait tant bien que mal de se relever.

-T'inquiètes pas Alyx, ça m'étonnerait qu'ils aient eu le temps de nous localiser, tenta Maël.

Cédric lâcha un ricanement, qui le fit cracher du sang juste après.

-C'est terminé pour vous, cracha-t-il.

Et à cet instant là, lorsque Lana et Alyx se regardèrent dans les yeux, ils savaient que Cédric avait raison.