Et puis on tire sa révérence

15.

« with your feet on the air and your head in the ground... »

La musique et la voix du chanteur des Pixies lui entraient dans les oreilles et faisaient monter les frissons sur sa peau.

« Try this trick and spin it, yeah »

Une main agrippée à sa taille, l'attirant contre lui, pour la sentir, elle et son corps le plus proche possible.

« Your head will collapse and there is nothing in it and you'll ask yourself »

Ses mains posées sur sa nuque et sa tête posée sur son épaule. Ses yeux étaient clos.

« Where is my mind ? »

-Where is my mind ? chantonnait Alyx par-dessus la voix du chanteur.

Il était là, dans les bras de Lana, l'enlaçant sur le son de sa chanson préférée. Il avait toujours rêvé de ce genre de moment. Il avait, au fond de lui-même, un cœur de romantique, ne voulant qu'être avec la personne qu'il désirait et écouter avec elle les musiques qui le rendaient vivant. Il aurait voulu lui donner son cœur à travers cette chanson. Sauf qu'elle ne l'entendait même pas battre. Il voulait l'emmener danser dehors, dans les bois, dans les champs, dans la ville, pour toujours voir son sourire primer sur son beau visage. Sauf qu'elle ne dansait pas bien souvent.

Il aurait surtout aimé que ce moment dure toujours.

Mais ce ne fut pas le cas.

Il sentit ses mains s'enlever de sa nuque, provoquant une légère brise froide sur celle-ci. Il sentit son corps s'éloigner de lui. Sa chaleur s'éloigna de lui. 

Lana recula et le regarda. Il lui sourit. 

Avant de remarquer que quelque chose clochait. Encore.

Lorsque leurs regards se croisèrent Lana éclata de rire. D'un rire fort et démesuré, qui frôla l'exagération. Elle se cacha le visage entre ses mains avant d'entrouvrir ses doigts pour pouvoir le regarder à travers.

-Oupsi, gloussa-t-elle.

Alyx soupira longuement d'agacement.

-T'as encore fumé ? Lana tu te fous de moi là ? Tu sais que j'aime pas du tout putain. Je t'ai déjà dit, tu fais ce que tu veux de ton temps libre mais viens pas me voir complètement défoncée.

Ce devait être la cinquième, voir même sixième fois qu'elle venait le voir complètement défoncée. Au début, il en avait rigolé et cela l'amusait fortement de l'entendre glousser constamment et dire n'importe quoi. Les autres fois cela devenait juste lassant. Il sentit que quelque chose était brisé entre eux à ce moment-là. Il espérait tant bien que mal que tout ne s'effondre pas, de la tenir contre lui pour qu'elle ne s'écroule pas. Mais il commençait à avoir l'impression qu'il n'était qu'un divertissement, qu'une amourette et que son amour pour lui avait une date de péremption.
Le sourire de Lana disparut et elle le fixa d'un air triste.

-Je suis désolée, dit-elle en se trifouillant les doigts.

Alyx la regarda avec un certain agacement avant de s'installer sur son lit, attrapant son portable reposant dessus.

-Lana, on sait tous les deux que tu n'es pas désolée. Tu n'es jamais désolée pour ce que tu fais. J'ai compris ça maintenant.

Alyx ne lui adressa plus aucun regard et avant qu'il ne puisse lui relancer des reproches qu'il aura probablement regretté plus tard, Lana sortit de sa chambre. Il soupira en entendant la porte de sa chambre claquer. Il fixa le vide par-dessus son portable avant de marmonner :

-C'est comme si t'avais besoin de ça pour me supporter.

Il espérait vraiment que ce n'était qu'une passe, qu'elle avait une mauvaise période, et que bientôt ils pourront à nouveau s'enlacer sur des chansons des Pixies, mais cette fois sans qu'elle ne sente le joint.

Sauf qu'il ne se doutait absolument pas que Lana n'aimait pas tant que ça les Pixies et que son intérêt pour des bras l'enlaçant n'était plus très présent.

En effet c'était plutôt dans les bras d'un autre qu'elle aimerait être.

C'était alors que lorsque Lana sortit de la chambre d'Alyx, énervée, défoncée et surtout désireuse, qu'elle se dirigea d'un pas assuré vers la chambre de Maël. Elle entra sans toquer, trouvant Maël assis sur une chaise à son bureau, étant sur son ordi. Il tourna brusquement la tête vers la jeune femme qui venait d'entrer avec une certaine force dans sa chambre. Il la regarda et fronça les sourcils.

-Toque la prochaine fois. T'es pas chez toi à ce que je sache. Tu veux quoi ? lui demanda-t-il en tournant sa chaise vers elle.

Un sourire malicieux apparut sur son visage et une lueur de désir brilla fortement dans ses yeux rougis. Elle s'avança vers lui, s'asseyant à califourchon sur lui, et en lui chuchotant à l'oreille :

-Toi.

Maël, étant un peu outré de la situation, la regarda faire sans vraiment comprendre. Bien-sûr qu'il se doutait qu'elle avait une attirance pour lui, c'était clair depuis le début. Mais il pensa qu'elle avait un peu plus de respect pour Alyx pour faire ce qu'elle était entrain de faire. Maël fut saisi d'une colère et la repoussa violemment, qu'elle en tomba presque au sol.

-T'as vraiment des putains de soucis Lana ! Sors de ma chambre ! Sors de ma putain de maison même !

Lana le regarda sans pour autant sembler comprendre. Elle leva les yeux au ciel en marmonnant :

-Ouais vas-y fais le difficile, je t'aurais un jour.

Elle lui tourna alors le dos avant de sortir de sa chambre et se diriger vers la sortie. Maël la suivit légèrement dans le couloir, comme pour vérifier et lui cria encore après :

-Alyx mérite mieux que toi.

Il espéra qu'elle l'avait entendu. Et c'était bien le cas.

A cet instant, Alyx sortit de sa chambre, croisant ainsi le regard de son frère. Il comprit immédiatement ce qu'il s'était passé. Ce n'était pas très difficile à comprendre.

-Tu penses que je devrais rompre ?

Maël soupira.

-J'en suis convaincu même.

Alyx venait de réaliser ce qu'il devait faire. Il venait de réaliser que le cœur de Lana était une petite flamme virevoltante qui brillait fortement dans la pénombre. Bien qu'il l'aimât du plus profond de son être, il se devait de faire la seule chose dont il était capable.

Il souffla.