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《You do not meet people by accident》

Deux heures qu'ils marchaient.
Deux heures de silence pesant et de marche à travers cet air froid de la nuit.
Lana devait se rappeler toutes les dix minutes pourquoi elle était là pour ne pas craquer.

Si elle avait tenu dix minutes, elle pouvait tenir encore dix autres minutes. Et ainsi de suite. Elle devait s'accrocher à ce cercle de dix minutes pour tenir.

Sauf qu'elle détestait tout ça: le froid, l'obscurité, le silence. Surtout la longue marche dans le froid, l'obscurité et le silence.

C'était elle qui avait voulu tout cela, c'était de sa faute et cette pensée la réjouit étrangement. Se savoir à l'origine de tout ce qui est arrivé ne la faisait pas sentir coupable, loin de là. Elle en avait des frissons qui parcouraient son échine. Elle avait envie de crier au monde entier que voilà, c'était à cause d'elle. Qu'ils ne l'auraient jamais cru, qu'elle aussi était capable de faire des choses.

Qu'elle avait réussie à l'avoir son aventure tant recherchée.

-Lana, souffla finalement Alyx la sortant de ses pensées, concentres-toi s'il te plaît, je sens que tu t'égares.

Elle souffla et rajusta son sac sur ses épaules, et baissa la tête, comme prise en flagrant délit. Ce qui semblait plutôt ironique étant donné la situation.

-On arrive à la gare. Le premier train va bientôt passer, il doit être 6h et quelques. Rappelles-toi, ne regarde personne, baisse la tête, ne parle pas, et si jamais quoi que ce soit arrive, cours.

Lana hocha la tête avec vigueur tandis qu'une vague d'adrénaline l'envahit. Ça allait enfin redevenir sérieux. Cela lui avait manqué.

Alyx était plutôt calme pour une telle situation. Après tout, il était dans son élément. Il ne connaissait rien d'autre que ça. La fuite.

Lana aurait dû se sentir en pitié envers lui, mais non. Au contraire, elle l'enviait.

Elle avait besoin de cette dose d'adrénaline, de cette peur continue. Elle avait vécu une vie bien trop tranquille jusque là. Il lui fallait de sortir de sa zone de confort. Quelque chose qui lui fasse rappeler qu'elle est en vie et pas qu'un simple pantin avec un parcours déjà tout tracé.

Alyx mit la capuche sur la tête de Lana avant de lui embrasser tendrement le front.

Celle-ci lui sourit en soutenant son regard qui l'attirait tant.

-On y va, souffla-t-il.

Elle inspira profondément. Le garçon mit lui aussi sa capuche et ils montèrent sur la gare, tickets déjà en main.

Comme attendu, l'écran de la gare, qui diffusait en continu les nouvelles du jour, affichait déjà leur photo. Si quelqu'un les reconnaissait, ils étaient foutus.

Alyx prit la main de Lana et ainsi, ils se fondirent, tête baissée, dans la foule.

Sans s'en rendre compte, Lana serra sa main plus fort qu'elle ne l'aurait voulu, ce qui inquiétait un peu Alyx, qui lui traçait des cercles sur sa main avec son pouce.

Le train arriva, ils le virent de loin et l'entendirent. Alyx jeta déjà un regard inquiété à Lana, la connaissant désormais très bien, elle et ses désirs malsains.

Celle-ci avait levé sa tête et regarda les rails avec un certain regret et une certaine fougue. Un regard qui lui était avant indéchiffrable mais qu'il connaissait par coeur maintenant.

-Lana, non, chuchota-t-il.

Son regard se tourna brusquement vers lui et elle dit d'un ton sec.

Et puis on tire sa révérenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant