Leurs cœurs battaient la chamade.
Hors d'haleine, ils s'éloignèrent le plus rapidement des voies ferrées. Au bout d'un moment de marche rapide et de silence craintif, Alyx tira sur la manche de Lana.
-Lana.
Elle reconnut ce ton. C'était le ton qu'il utilisait quand il était énervé et s'apprêtait à lui crier dessus. Elle se retourna de façon faussement désinvolte.
-Quoi? lui répondit-elle.
Alyx soupira et serra les poings.
-T'as tellement pas intérêt à refaire ça.
-A refaire quoi?
Il lâcha un soupir énervé.
-La connerie que t'as faite tout à l'heure. T'es tellement égoïste des fois, c'est incroyable. Je comprends que tu veuilles que les gens te remarquent, que les gens sachent que c'est toi. Que tu puisses créer toutes sortes d'émotions chez les gens, mais bordel, on ne doit pas se faire prendre. Et ne pas se faire prendre veut dire rester discret.
Lana baissa la tête et se rendit compte de son erreur et regretta. C'était toujours elle qui faisait n'importe quoi.
-Je suis désolée, dit-elle.
-J'espère bien, reprit-il, parce que c'est ça, ou c'est la prison. J'ai pas l'impression que tu le réalises ça. Ce n'est pas un jeu. Ça ne l'est plus. Tu ne peux pas juste agir comme si tout cela est comme tes petits jeux habituels, sans risques, puisque de toute façon papa chéri pourra te sortir de là. Même l'argent ne pourra pas de sortir de ce merdier. Donc concentres-toi un peu plus.
Lana sentit son cœur se serrer. Elle était blessée mais il avait raison. Et c'est sûrement ça qui l'avait blessé en partie. Elle n'était pas habituée à ce qu'on lui balance ses quatre vérités à la figure avant Alyx.
-Je suis désolée j'ai dit, répéta-t-elle, je ne le referais plus.
Alyx lui sourit légèrement mais elle sentit encore son énervement lorsqu'il passa devant elle d'un pas pressé pour continuer le chemin. Elle détestait le savoir énervé contre elle. Elle voulait énerver le monde entier, sauf lui. Tout le monde sauf lui.
Elle le suivit rapidement, essayant de rester à sa hauteur.
-Et on va où là? lui demanda-t-elle.
-J'en ai aucune idée, Lana, j'en ai aucune idée. Je pense qu'on va suivre cette route, et en marchant je vais essayer de rallumer mon portable et de contacter des gens.
-Des gens... murmura-t-elle.
Il se tourna vers elle en haussant les yeux.
-On peut pas rester éternellement ici à rôder sur les rues sans savoir où aller, sans manger, ni quoi que ce soit.
Lana hocha la tête et admit qu'il avait raison. Ils continuèrent leur marche dans le silence, sur un passage sur le côté de la route, sur laquelle filaient une ou deux voitures toutes les dix minutes seulement. Des arbres longeaient le côté dont le vent faisait frémir leurs feuillages. Lana s'arrêta et sortit une écharpe de son sac à dos pour se l'enrouler autour du cou avant de rattraper Alyx. Il avait sorti son portable de sa poche et l'alluma. Ils avaient tous les deux éteint leur portable pour ne pas voir les possibles messages ou appels de leur entourage qu'ils recevraient, et pour ainsi ne pas être déconcentré. Elle prit son portable à elle et l'alluma elle aussi. Elle composa son mot de passe et attendit avant de recevoir ses notifications.
Et ils vinrent comme un flot incessant.
45 appels manqués. 10 messages.
Au moins 15 appels étaient de la part de sa mère, 15 autres de son père, 3 de son frère et le reste un mélange de ses amis du lycée.
Elle alla d'une main tremblante vers ses messages et regarda d'abord ceux de sa mère.
Lana, tu es où? Réponds au téléphone.
Lana, je te promets que si c'est vrai ce que l'on raconte, ne t'avises plus à remettre un pied ici. T'es qu'une petite conne ingrate et profiteuse.
Puis de son petit frère.
Arrête tes conneries, ce n'est plus drôle. Maman est super inquiète, reviens. Quoi que tu ai fait, tu peux le dire, papa va te sortir de là.
Ah bah en fait, papa ne peut rien pour toi. Enfin je suis sûr qu'il pourrait avec un peu d'envie, mais pas là. Oublie le dernier message, reste dans ton coin encore un peu, histoire que ça se tasse.
Je ne veux plus te voir. Je te hais.
Le dernier message lui donna froid puis chaud puis encore froid. Elle était séparée entre deux sentiments. Elle était toujours autant fière, mais décevoir son petit frère était certainement ce qui lui fit le plus mal. Elle n'osa pas ouvrir les derniers messages et n'en eut même pas l'occasion puisque Alyx lui arracha le portable des mains.
-Qu'est ce que tu fais là? Regarde pas tes messages, sinon tu vas vouloir revenir en arrière.
-Jamais, déclara-t-elle.
Elle vit un regard de culpabilité traverser ses yeux pendant l'espace d'une seconde avant qu'il ne tourna la tête. Il secoua lentement la tête et elle l'entendit murmurer.
-Et c'est bien là le problème au final.
Elle fronça les sourcils mais ne réagit pas par peur d'avoir mal compris. Elle marcha à ses côtés et lança des coups d'œil sur son portable. Il envoyait des messages à quelqu'un mais elle ne parvint pas à lire ce qu'il écrivait ni le nom du contact.
-Tu fais quoi là?
-Je contacte mon frère.
-Ah d'accord!
D'un coup son sourire revint et une légère chaleur envahit son cœur, la faisant frémir de tout part.
-Et? poursuivit-elle après s'être reprise.
Un sourire se dessina aussi sur le visage d'Alyx, et la regarda droit dans les yeux.
-Il va envoyer quelqu'un nous chercher et nous envoyer quelque part où il est sûr que personne ne nous trouvera. Et ensuite il va essayer de passer nous voir mais ça va être chaud, puisqu'il est interrogé sans cesse.
Lana sourit, contente qu'ils aient enfin un but. Enfin, au moins un endroit où se cacher.
-On l'attends où et c'est qui?
-Honnêtement Lana, j'en ai aucune idée de qui c'est mais il devrait passer par ici normalement.
-Donc?
-On attends.
Et c'est ce qu'ils firent, ils attendirent. Lana se laissa tomber au sol même, réfléchissant à ce qu'il allait se passer ensuite mais elle se rendit compte qu'elle n'arrivait même pas à l'imaginer. Combien de temps pourraient-ils tenir ainsi, seuls, en fuite? Pas longtemps probablement.
Alyx s'assit à ses côtés et passa son bras autour de ses épaules pour l'attirer contre lui. Elle sourit. Sa présence la réconfortait plus que tout.
Ils restèrent ainsi un moment avant qu'une voiture ne passa et s'arrêta devant eux.
Les vitres s'ouvrirent sur un homme d'environ une vingtaine d'années, avec un visage aux traits doux. Il leur fit un grand sourire accueillant et leur fit signe de monter.
Et c'est ce qu'ils firent.
![](https://img.wattpad.com/cover/58504408-288-k533200.jpg)
VOUS LISEZ
Et puis on tire sa révérence
Genç KurguL'être humain est complexe et contradictoire. 《Et c'est à cet instant qu'il comprit. Elle n'était pas ce qu'elle prétendait être.》 《Elle respirait les émotions et la poésie. Mais le poète avait bien fait son travail. Elle nous atteint, nous envelop...