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"J'aime ceux qui ne savent pas pourquoi ils aiment, c'est alors qu'ils aiment vraiment."

André Gide


Le silence se propagea dans la voiture. Alyx s'était mis devant tandis que Lana était installée sur l'un des sièges à l'arrière. Le silence était bravé par une musique défilant sur la radio. Lana ne sût déterminer si c'était un silence gênant ou un silence confortable. Peut-être un peu des deux. Elle remarqua que le jeune homme au volant jetait de temps en temps des coups d'œil furtifs à Lana dans le rétroviseur, comme s'il avait la moindre peur qu'elle ne s'envole. Elle essaya d'éviter au maximum son regard. Elle tapota nerveusement ses doigts sur sa cuisse, bien qu'elle sût que désormais elle était beaucoup plus en sécurité qu'auparavant. Elle pensa aux messages qu'elle avait reçu et elle frissonna. Cela lui procura un sentiment affreux le fait de savoir qu'elle avait déçu son frère. Ses parents, elle s'en fichait légèrement, mais son frère non. Il fallait les chasser de ses pensées, il n'y a plus de retour possible désormais. Il fallait continuer tout droit, sans regarder en arrière, au risque que tout s'effondre. Elle fixa le siège en face d'elle et essaya de vider sa tête. Avant qu'elle se s'en rende compte, elle s'endormit. C'était un sommeil comme elle n'en avait pas eu depuis longtemps, sans cauchemars, sans rêves. Dommage qu'il fût interrompu au bout de 30 minutes. Le roulement de la voiture l'avait bercé et donc lorsque celui-ci s'arrêta, elle se réveilla soudainement. Le jeune homme au volant dit d'une voix par laquelle elle pouvait deviner sa volonté à vouloir les apaiser :

-Voilà, voilà, on est arrivés. Réveille-toi, petite.

Le surnom lui avait fait lever un sourcil, mais elle ne releva pas, préférant rester silencieuse. Elle ouvrit sa portière et sortit dehors. Elle se retrouva dans une forêt dense où un silence effrayant trônait. Elle avait toujours aimé la forêt. C'était pour elle un lieu magique, mais aussi effrayant, un lieu de terreur et rempli de secrets. Petite, elle s'imaginait constamment des histoires effrayantes et magiques, avec des monstres et des sorciers, se déroulant dans la forêt. Cela lui est resté.

-Par ici, déclara le jeune homme en leur faisant un signe de la main.

Alyx et Lana s'échangèrent un regard hésitant. C'était Alyx le premier à se décider à le suivre. Lana les regarda partir quelques secondes avant de galoper un peu pour les rejoindre. Elle regarda autour d'elle les arbres, les feuillages, les buissons. Elle retrouva une certaine sérénité en se rendant compte qu'ils étaient loin de la ville, loin de la police, loin de n'importe qui qui pourrait les reconnaître. Elle se décontracta.

-Tu t'appelles comment d'ailleurs ? demanda-t-elle à l'inconnu qui les accompagnait.

-Cédric, lui répondit-il, un sourire trônant sur son visage.

Elle pensa que cela avait l'air d'être quelqu'un d'extrêmement gentil. Quelqu'un qui pense aux autres avant de penser à soi. Ça la rassura davantage.

-Tu connais bien Maël ? demanda-t-elle.

-Maël ? Mais bien sûr !

-Ah oui ? enchaîna-t-elle avec beaucoup de curiosité. Raconte !

-Je le connais depuis une éternité ! Depuis qu'on est né je crois. On a toujours été hyper proches, et on l'est toujours. Petit, je traînais toujours chez eux. On en faisait de ces conneries, j'te dis pas. Hein Alyx ?

Il lança un sourire à Alyx qui tout d'un coup lui parût malsain. Alyx évita son regard et elle put voir sa gêne et sa colère apparaître sur son visage. Elle le connaissait depuis assez longtemps pour savoir comment Alyx se sentait rien qu'en regardant son visage. Elle ne comprenait pas. Elle croyait pourtant tout savoir d'Alyx. Et pourtant ce n'était pas le cas. C'est le genre de garçon qu'est comme une œuvre d'art. Lorsqu'on croit avoir enfin tout compris, avoir déchiffré tous les coups de pinceaux et choix de couleurs, on réalise qu'il nous manque encore une partie. Que le peintre a caché un détail quelque part, qui paraît minime, mais qui est fondamentale à la compréhension du tableau.
Elle observa ensuite Cédric, essayant de le déchiffrer lui, mais sa bouille d'ange était de retour et il souriait d'un air enfantin en rajoutant :

Et puis on tire sa révérenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant