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Drago

Une semaine. Une semaine que cette lettre traîne sur mon piano. Je n'ai pas envie de la lire, mais elle m'appelle. Je cède à la tentation. Les mains tremblantes, je la prends.
Je m'installe sur mon lit pour débuter la lecture de ce parchemin maudit, le cœur battant.
Au fur et à mesure de ma lecture, je commence à trembler. Bientôt, des larmes de colère dévalent mes joues. Les pires. Je m'en veux terriblement, maintenant. Je me dégoûte. Pourquoi ne l'ai-je pas laissé m'expliquer ?
« Trop têtu ».
Je suis en colère contre ce satané Skeeter. Tous mes neurones me crient d'aller le tuer, j'ai des envies de meurtre. L'idée que ses sales mains l'aient touchée me met hors de moi. Je suis encore plus en colère contre moi-même. Je l'ai superbement ignorée et profondément blessée alors qu'elle avait plus que jamais besoin de moi. Quel con ! Malgré ma vision brouillée, je distingue des endroits froissés sur le parchemin. Elle a sûrement pleuré en écrivant cette lettre. De nouvelles tâches viennent s'ajouter aux autres : mes larmes à moi. Même dans la douleur, nous sommes réunis. Demain, j'irai lui parler pour m'excuser.

Harry

Samedi. Aujourd'hui nous sommes samedi et Poudlard a été recouvert d'un épais manteau blanc. Je n'ai qu'une hâte : aller jouer dans la neige.
Une fois bien équipés pour sortir, Ron, Hermione et moi sortons de notre salle commune. J'esquisse un mouvement  de recul quand qu'on se retrouve nez à nez avec la fouine.
- Qu'est-ce que tu fais là ? je demande, menaçant.
- Rien qui te regarde, Potty.
Je l'ignore et prends la direction de la cour, talonné de mes deux meilleurs amis.

Hermione

Nous avons rejoint tous nos autres amis pour une après-midi bataille de boules de neiges. L'équipe des filles a été vaincue cette fois-ci, mais nous avons déjà planifié notre revanche. En tout cas, je me suis bien amusée. En tant que préfète, je suis la dernière à rentrer au château : j'ai dû faire un rapide tour du parc pour vérifier qu'aucun élève ne faisait quelque chose de dangereux avec la neige.
Je harpente les couloirs de l'école pour retourner à ma salle commune :
- Hermione ?
Je me retourne brusquement. Je souffle d'agacement en voyant Malfoy s'avancer vers moi. Instinctivement, mon cœur se met à battre plus vite.
- J'ai lu ta lettre, soupire-t-il.
Mon palpitant rate un battement. Je joue la carte d'indifférence, comme lui jusqu'à présent :
- Et ?
- Je suis désolé.
- C'est bien.
- Excuse-moi, Hermione ... Excuse moi..., se lamente-t-il en prenant ma main avec la sienne. Je suis tellement désolé de ne pas t'avoir écoutée, poursuit-il en baissant le regard.
Lui, d'habitude si fier, baisse les yeux. Il a soudainement perdu de sa superbe et semble vulnérable.
- Je m'en veux beaucoup, tu ne sais pas à quel point.
Lorsqu'il relève la tête pour me regarder, ses yeux sont assombris par un mélange de tristesse et de regret non dissimulé. Je suis peinée, mais continue à faire comme si je m'en fichais.
- Contente que tu le dises, Malfoy.
Je soupire longuement, les mains sur les tempes. D'une voix plus douce et plus basse, je reprends :
- Il va me falloir du temps pour te pardonner, Drago.
- Laisse-moi au moins une chance de te monter que je te mérite. S'il te plaît.
J'arque mon sourcil droit, l'air méprisant. Il continue :
- Ce soir. Sois à ta fenêtre à vingt-deux heures.
Je continue à paraître insensible à ses paroles, même si c'est tout le contraire.
- Tu y seras ?
Dans sa voix, je décèle une once d'espoir. Je pense qu'il s'en veut vraiment. Je veux qu'il s'en veuille vraiment.
- Attends ce soir, je réplique avec un demi-sourire.
Ses lèvres minces s'étirent en un sourire sincère, qui atteint aussi ses yeux. J'avais oublié à quel point il était beau.

*

Vingt-deux heures. Je suis dans mon lit, et je ne trouve pas le sommeil. Venir à cette sorte de « rencard » serait retomber dans ses bras. Trop facile. Je me tourne dans mon lit, sourire sadique aux lèvres. Je n'irai pas à son rendez-vous. Premièrement parce que je suis vraiment bien dans mon lit, deuxièmement parce que je ne veux pas m'attirer d'ennuis - pas aujourd'hui du moins- et troisièmement, parce que je veux qu'il s'en morde les doigts, qu'il s'en veuille à mort pour qu'il prenne conscience que je ne suis pas si facile à reconquérir que ça. Après son indifférence de ces derniers temps, j'estime que j'ai le droit de lui mettre un plan. C'est carrément justifié, mais ce n'est rien, comparé à ce que lui m'a fait. Après une demi-heure, je m'endors enfin.
Le lundi suivant, je descends dans la Grande Salle avec Harry et Ron. Nous sommes restés au chaud à l'intérieur, hier. J'ai lu la plus grande partie de la journée, les garçons ont joué aux échecs.
Dans la Grande Salle, nous nous asseyons à nos places habituelles, à la table de notre maison. Je suis surprise de voir que mon petit déjeuner est déjà prêt.
- On te gâte, Hermione ! s'exclame Ron, qui regarde mon petit-déjeuner avec envie. Tu sais qui a eu cette attention ?
Je hausse les épaules, mais je pense savoir de qui ça vient. À la table des Serpentards, je croise le regard de Drago. Mon souffle se coupe instantanément. Une expression amusée sur le visage, il me fixe. Je lui souris poliment. Bientôt, les hiboux arrive à tire-d'aile, envahissant la Grande Salle. À ma grande surprise, un hibou de l'école me largue une rose blanche. Je l'approche de mon nez, elle dégage une odeur incroyable, j'adore. Accroché à la tige, je remarque un petit bout de parchemin « Je t'aime, pardonne-moi ». Il me faut quelques secondes pour comprendre de qui vient cette rose. Il est vraiment adorable. Machinalement, je retourne le parchemin « Même heure, même lieu, j'espère que tu viendras, cette fois. » .  Une larme d'émotion s'échappe de mon œil droit, je l'essuie d'un revers de main rapide.

Vents Contraires | DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant