Vents Contraires | Dramione

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Drago

Ainsi, je ne fus pas étonné lorsque le lendemain en début d'après-midi, on frappa à la porte du Manoir. Le Serdaigle, escorté par l'un de nos elfes de maison dont le nom m'échappait, se tenait dans mon salon, droit comme un piquet, l'air penaud.

Lentement, je me levai du fauteuil en cuir noir dans lequel j'étais confortablement moulé jusqu'à maintenant en toisant froidement mon invité du jour. La seule vue de son visage aux traits trop parfaits me donnait envie de lui refaire le portrait. Plus par politesse qu'autre chose, nous échangeâmes tout de même une poignée de main rigide -durant laquelle je ne manquai pas de lui broyer les doigts- avant qu'un silence glacé ne crépite entre nous. Il le brisa en me demandant :

— Bon, on s'y met ?

Au moins, on tergiversait pas cent ans.

— Tout de suite, oui. Allons dans mon bureau.

Sans prendre la peine de vérifier s'il me suivait, je sortis du salon et me mis à arpenter les longs couloirs de mon manoir jusqu'à mon espace de travail. Toujours en silence, nous prîmes tous les deux place derrière mon bureau en bois de chêne massif -bien qu'il fut à moitié rangé, il était si grand qu'il y avait largement assez d'espace pour y travailler à l'aise.

*

On frappa à la porte de ma chambre une grosse demi-heure plus tard :

— Daisy ! j'aboyai à l'adresse de ce que je pensais être mon elfe de maison. J'avais dit que je ne devais être dérangé sous aucun prétexte !  

Mais mes suppositions furent totalement faussées quand ma mère fit un pas dans ma chambre. Elle était belle, dans son chemisier de lin blanc aux dentelles discrètes et son pantalon de tailleur noir.

Classe et sophistication à la Malfoy, pensai-je, à la fois fier et admiratif.

— Pardon, Maman. J'ai cru que c'était Daisy...

Les lèvres pincées, la femme de ma vie m'adressa un regard où se mêlaient un agacement certain et une tendresse propres aux mères. J'eus envie de me faire tout petit. Ses yeux bruns et sévères se posèrent ensuite sur Skeeter, assis à côté de moi :

— Bonjour, jeune homme. On vient seulement de me prévenir de votre arrivée. Je suis Narcissa, la mère de Drago.

Elle tendit sa main aux longs doigts fins dans un geste gracieux, et Skeeter s'empressa de lui faire un baise-main plus ou moins réussi.

— Enchanté, Mrs Malfoy.

Les lèvres ourlées de rouge de ma mère s'étirèrent en un sourire poli, quoiqu'un poil condescendant. Mais de toute évidence, je fus le seul à avoir remarqué ce détail.

— Au fait Drago... Je viens d'avoir des nouvelles de ton père. Il a fini plus tôt et reviendra dans l'après-midi. Je ne vous dérange plus, je vais vous laisser étudier.

Eh merde ! J'allais passer un sale quart d'heure...

— Ta mère a l'air aimable, constata le Serdaigle une fois que cette dernière se fut retirée.

— Elle l'est, je répondis laconiquement en me replongeant dans l'étude des documents du manuel.

Même si j'étais à fond dans un texte sur l'évolution du sortilège Stupéfix, une interrogation existentielle vint troubler ma concentration.