La semaine qui suivit son rétablissement , Aelis dût avec peine se conformer aux exercices et épreuves imposées aux futurs gardes. Haru avait rapidement gagné le respect au sein du groupe de Kennec, mais malgré ses efforts pour aider Aelis, celle-ci refusait de s'intégrer et se débrouillait pour attirer les ressentiments de toute la caserne. Son habituel cynisme et son goût pour la plaisanterie avaient muté en un comportement irrité et irritant qui gâchait l'ambiance rude et fraternelle de la garde.
De son côté, Haru encaissait, portait, courait, suait sang et eau de manière exemplaire. Au delà du corps, son esprit semblait s'être endurci à toute épreuve. Sans que la réussite ne le rende orgueilleux, il avait atteint une certaine notoriété auprès des novices comme des gardes confirmés.
Vint le jour du premier examen stratégique. Cet examen ne concernait qu'une partie des gardes novices qui avaient été sélectionnés. Haru en faisait partie. Il devrait diriger un cordon de garde et protéger un objectif stratégique qui pourrait être une personne, un bâtiment ou tout autre chose. Ceux qui réussiraient ou dont les capacités seraient remarquées deviendraient officiers novices et recevraient des cours de commandement. Ils continueraient à vivre en garde parmi les gardes et seuls ces cours différeraient de l'entraînement des autres.
"Un officier, avait dit le commandant de la garde, se doit d'être considéré par les hommes qu'il dirige comme un des leurs."
L'épreuve débuta tôt dans la journée. Avant le lever du Soleil, Haru dut réveiller les novices sous son commandement. Ensemble, ils se dirigèrent vers la proue de la ville. Ils devraient protéger un cordage pendant 18 heures. Ils ne savaient ni quand, ni qui les attaquerait, mais à eux neufs, ils devraient empêcher quiconque d'approcher le cordage. Celui-ci passait dans la tour de proue.
Rapidement, l'équipe fit le tour du lieu et prévint les gardes en factions en quoi consistait leur exercice.
Ils ne disposaient que de perches en bois et ignoraient ce qu'ils auraient à affronter, c'est pourquoi Haru préféra placer une sentinelle au sommet de la tour tendis que quatre de ses hommes iraient se cacher dans la maison la plus proche. Pour sa part, il resterait dans la tour avec ses quatres derniers compagnons. Une longue attente commença.
Haru se souvenait avoir assisté à de tels entraînements les années précédentes. En général, il entendait les novices discuter calmement jusqu'à ce qu'un grand groupe d'écuyers déboule. A ce moment, les gardes paniquaient, et malgré leur courageuse résistance,ils finissaient écrasés par la force et la technique de leurs adversaires.Les heures passèrent.
A midi, le meneur avait réfléchi. Deux solutions lui paraissaient viables. La première était la plus audacieuse. Sachant que ses hommes ne pourraient pas vaincre les écuyers en combat régulier, il prévoyait de rester seul dans la tour et de surprendre ses adversaires en déployant la totalité de ses hommes dans leur dos. Cependant, passé l'effet de surprise, s'ils n'avaient pas pris l'avantage, ils seraient condamnés.
Sa seconde option était de jouer le temps. Il voulait distraire ses adversaires en les attirants dans un combat à l'extérieur de la tour. Pendant la pause qu'ils s'octroyaient, Haru consulta ses hommes avant de trancher. Jusqu'au coucher du Soleil, la stratégie adoptée serait la stratégie audacieuse. Passé cet instant, ils joueraient le temps.
Ainsi organisés et confiants, les compagnons s'installèrent dans une nouvelle attente. Le temps s'étira jusqu'à ce que le Soleil décline et finisse par se coucher. Les compagnons de Jean revinrent alors de leurs cachettes pour s'installer à côté de la tour au sommet duquel se tenait Haru. Alors que minuit approchait, des lueurs de torches s'élevèrent. Les écuyers arrivaient.
Les novices se relevèrent -ils étaient assis autour d'une miche de pain- et firent face à la menace, fatigués d'une journée complète aux aguets. Les écuyers chargèrent. Les novices ne tentèrent pas de leur interdire l'accès à la tour, ils reculèrent sur le côté, s'éloignant progressivement de celle-ci. Les écuyers avaient clairement envie de se battre, aussi suivirent-ils le mouvement des gardes. Le combat s'engagea.
La plupart des écuyers ayant lâché leur torche, Haru distinguait mal les combats dans la pénombre. Il lui semblait cependant que la ligne formée par ses compagnons tenaient bon face aux assauts des redoutables écuyers. Elle reculait, mais tenait bon. Il regretta de ne pas être aux côtés de ses amis, mais il ne pouvait pas laisser la tour et le cordage sans surveillance, et ses compagnons l'avaient jugé comme le plus apte à tenir la porte. A tout moment, l'un des écuyers pouvait se souvenir que leur mission était d'atteindre ce précieux cordage. Il vit alors tomber le premier de ses hommes et étouffa un cri. La ligne pouvait tenir les assauts, mais pas avancer. Celui qui été tombé fut roué de coup et laissé à terre derrière les écuyers. Haru serra les dents.
Un à un, les écuyers parvinrent à faire tomber les gardes de leur formation. Un à un, Haru vit tomber ceux qu'il avait sous son commandement. Il grinça des dents en les voyant se faire démolir tour à tour par les écuyers et serra les poings en voyant ces derniers marcher vers la tour. Il saisit sa perche et descendit pour se placer au seuil de la tour, prêt.
Les écuyers ricanèrent en voyant le seul novice restant oser les braver. Le cadre de la porte permit à Jean de résister longtemps sous les coups des écuyers. Haru se débrouillait pour manier sa perche sans en heurter les contours tandis que les écuyers se gênaient mutuellement. Ils finirent cependant par le repousser et purent alors se déployer à trois contre un. Haru fut vite maîtrisé et amené à terre. Il s'apprêtait à recevoir une nuée de coups quand un cor sonna. La fin de l'exercice !
Il était minuit, l'entraînement touchait à sa fin et les écuyers n'avaient pas atteint le cordage. Les novices, épuisés et meurtris eurent tout de même un cris de joie en entendant le vieux garde qui supervisait leur exercice annoncer que l'objectif était sauf. Tous repartirent vers la caserne. Les uns la tête haute malgré leurs blessures, les autres la tête basse, renfrognés. Haru allait sortir, lui aussi quand il remarqua qu'un écuyer n'était pas sorti. Il reconnut alors avec appréhension l'écuyer qui l'avait chargé le premier jour d'initiation, et qui lui avait causé bien d'autres blessures depuis. Sans un mot, l'écuyer sortit son gourdin en s'avançant tandis que Haru cherchait désespérément une arme du regard.
Le lendemain, Nitram lui rendait visite à l'hôpital.
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Cytad'ailes
FantasíaL'humanité a toujours su s'adapter; à chaque marche de l'évolution, chaque pallier à franchir. Serait-elle cette fois acculée pour de bon? Les derniers progrès datent d'il y a à peine trois ans. Grâce à l'Empire, tout juste imposé par Maximilien, u...