Chapitre 2 : Majoration

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Bren se réveilla en sursaut. Il regarda au dehors du dortoir. Le ciel était encore sombre. Ouf ! Le jour de la majoration, il se devait d'être au top. Cinq heure trente-huit indiquait l'horloge. Le jeune garçon se mit à faire ses exercices habituels. Enchaînant des exercices faisant travailler la totalité de ses muscles, il avait décidé de se construire un corps digne d'un athlète depuis qu'il voulait être chevalier. Depuis le soir du grand départ. L'abandon de sa terre et la détresse qu'il avait éprouvé, ainsi que toute la ville lui avait été insupportable, et il était depuis lors déterminé à redorer le blason de Blanche-Elliarum et à offrir une revanche et un avenir à l'humanité. Il voulait être le visage sûr de lui et toujours souriant du héros Olmaït  qui peuplait ses histoires d'enfant et qu'il avait attendu en vain le jour du grand départ. Au chant du coq, il réveilla en hâte les autres avant de se précipiter dans la salle d'eau pour laver son corps ruisselant de sueur.

"Vite! Vite! ça va commencer!"

Bren était fin prêt. Sa tenue était propre. Il avait choisi des habits simples mais qui lui allaient bien et qui laissaient paraître ses musculeux muscles. Ses boucles blondes étaient coiffées juste comme il faut, ni trop, ni trop peu. Il jeta un dernier regard plein d'assurance dans le miroir, respira un grand coup et partit à la suite de ses amis vers la place centrale. 

Ils arrivèrent à temps pour le début de la cérémonie, dans le rang des "sans-parents". Le Polyarque responsable de la jeunesse se leva et, depuis l'esplanade s'adressa à la foule. Les jeunes étaient massés dans la place centrale, et alors que le Polyarque faisait son discours, les représentants des diverses professions apparurent dans les rues adjacentes à la place  sur des podiums. Le moment approchait où les jeunes seraient "lâchés" et iraient voir le maître qui enseignait la profession qu'ils avaient choisie. Ils pouvaient alors être acceptés, ou refoulés si les rapports obtenus au cours des six dernières années de découverte ne convenaient pas aux maîtres. 

L'envoi fut donné et les jeunes se bousculèrent, impatient d'intégrer leur nouvelle profession. Bren fut l'un des premiers à arriver auprès du maître d'armes Amaurin. Celui-ci avait déjà accepté les trois premiers arrivés, plus grand que lui et dont la réputation de brute était assez répandue. Il s'étonna presque qu' Amaurin les ait acceptés. Cependant, il n'essaya pas de cacher sa joie lorsque le tampon "Accepté" fut apposé sur sa tablette de bois. De son côté, Khalli n'en menait pas large, elle était l'une des rares filles à se présenter à la formation de navigateur/navigatrice et une longue file s'étendait pourtant déjà devant elle.

"Pourvu qu'il me reste une place" pensa-t-elle avec conviction.

Elle aperçu alors Nitram, heureux aux côtés du maître éleveur.

"Il était destiné à ça" se dit-elle.

Elle aperçu alors Haru qui errait mains dans les poches, l'air abattu. Elle aurait voulu lui tenir compagnie, l'aider, mais quitter la file maintenant l'obligerait à la reprendre bien plus en arrière et Khalli ne pouvait se permettre de perdre une telle opportunité. Elle tenta donc un sourire réconfortant, mais Haru ne l'aperçut pas. De son côté, Thibault s'émerveillait déjà en compagnie des quelques nouveaux apprentis voiliers. Ils étaient autour de l'ingénieur Mikaal, un petit bonhomme au visage rond et à la tignasse grise et dont la moustache lui rappelait celle de Timon. La queue avait été courte, et tous avaient été acceptés. Ils partageaient les mêmes fascinations et le même esprit rêveur, si bien que que Mikaal eut tôt fait de passionner ses nouveaux élèves rien qu'en leur décrivant ses derniers jours de travail. Son royaume était au dessus de la cité; autour du gigantesque ballon, ses cordages et des voiles qui la maintenait en l'air. Son rôle était de maintenir cet édifice géant en état de vol et de suivre les directives des navigateurs pour diriger la cité. Entretenir et améliorer si possible tout ce "bardas" comme il disait. 

Aelis, elle, était furibonde. Malgré ses nombreux talents, son manque de discipline lui avait valu d'être refusée des rangs de tous les corps de commandement ou de pilotage qu'elle briguait. Elle fut contrainte de se retrouver chez les artilleurs. Seul corps qui l'acceptait, où d'après elle, elle pourrait prendre du galon assez rapidement. Khalli finit par arriver auprès du maître navigateur Damien. Celui-ci fut heureux d'accueillir l'un des rares profils qui correspondait au rôle de navigateur. *Acceptée* Il ne restait  des compagnons plus que Haru, esseulé au milieu de la place désertée. Il fut interpellé par le commandant de la garde qui avait pour habitude de ramasser les derniers, les indécis, les inaptes... les rejetés.

 La garde se composait majoritairement de ceux qui n'étaient pas assez forts pour devenir chevalier, pas assez ingénieux pour devenir ingénieur, pas assez habile pour se faire artisan, ou tout simplement pas assez passionné pour faire quelque autre travail.  Ils s'exerçaient régulièrement avec les écuyers, futurs chevaliers, mais les deux centres de formations étaient séparés, les chevaliers étaient de bien meilleurs combattants que les gardes et recevaient un meilleur entraînement là ou celui des gardes était sommaire et leur enseignait plus à encaisser les coups qu'à attaquer. De plus, les chevaliers recevaient une importante éducation, destinés à briller en société alors que les gardes servaient majoritairement de main d'oeuvre sans qualification à tout niveau, dont majoritairement l'entretien du mur d'enceinte et de la ville. La journée se poursuivit donc, d'abord par un banquet, puis les diverses écoles regagnèrent leur centre de formation. Dans chaque écoles, les anciens accueillir les nouveaux à leur manière. 

Bren entra aux côtés des autres écuyers. Ils arrivèrent dans la salle d'armes et se virent attribuer une épée, une lance et un mousquet. Oh, bien sûr, les armes ne leur appartenaient pas, du moins pas encore. Ils devraient les entretenir et apprendraient à s'en servir en temps et lieux. Ils durent ensuite passer pour être mesurés. Les mesures seraient refaites pour ceux qui n'avaient pas encore fini leur croissance, mais on pouvais déjà fournir du travail aux forgerons. Les diverses pièces de leur armure seraient obtenues comme récompenses à des épreuves traversées. Ils pourraient eux-même passer commande. Très tôt, alors que le Soleil commençait à peine à disparaître, on leur intima l'ordre d'aller se coucher. Le lendemain, ils devraient se lever tôt pour débuter leur intégration et leur initiation. Bren chercha donc le lit où il avait en hâte déposées ses affaires avant de partir vers la caserne pour découvrir son nouvel environnement, mais celles-ci étaient éparpillées, répandues sur le sol. Il allait sortir pour demander des explications à un supérieur quand le chevalier de faction au dortoir l'arrêta:

"Où vas-tu jeune homme?  

-Chercher un gradé, répondit-il, on a malmené mon paquetage et certaines de mes affaires ont disparues.

-Allons bon, déjà des plaintes? "

Bren avait du mal à discerner si le reproche était adressé au voleur ou à lui-même.

"Ecoute mon garçon, reprit le chevalier, je sais que ce n'est pas juste, mais avant tout, un chevalier doit être fort. La discipline va venir,on se charge d'inculquer les valeurs chevaleresques à tout écuyer avant de l'adouber. Mais on ne peut pas se permettre d'avoir des hommes qui attendent d'être secourus à la moindre difficulté. Tu comprends? Nous sommes les protecteurs, comment pourrions nous protéger les autres si nous ne sommes pas capable de nous protéger nous-même? Chacun d'entre vous devra être capable de se débrouiller seul face à l'adversité. Le but ultime d'un chevalier c'est d'être capable, seul, de s'adapter à toute situation et l'entrainement commence dés maintenant. Tu peux aller te plaindre, mais tu débuteras mal ton initiation. Si le maître d'armes Amaurin ne te penses pas capable, tu risques de passer chez les recal.. chez les gardes. D'ici à ton adoubement, tu devras faire face sans montrer de faiblesse. Sans quoi tu risques de ne pas être adoubé. Mais une fois adoubé, tu devras continuer à te renforcer, car tu seras responsable de la sécurité de la population. Maintenant, Bren, dis moi; veux-tu devenir un protecteur ? "

"Oui" Répondit Bren en serrant poing et dents. Il sentait que l'initiation allait être longue et difficile...

Cytad'ailesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant