Plume

Drei

La magie? Ça semble trop beau pour que ça existe réellement, mais cet homme qui venait de m'adopter, Leo, semblait y croire si fort, que je voulais y croire moi aussi. Et d'ailleurs s'il y avait une seule personne qui représentait la magie mieux que quiconque, c'était bien lui. Pas seulement parce qu'il était beau à tomber, mais parce qu'une aura semblait tournoyer autour de lui et qu'il inspirait le pouvoir. Les fleurs semblaient plus belles sur son passage, plus fières. Bref, plus le temps passait et moins cette idée me semblait si loufoque.

Quelques minutes silencieuses plus tard, nous nous trouvions dans un quartier riche devant la plus grande maison qu'elle ait vu. Difficile de croire qu'une seule personne y vivait. C'était un château plus qu'une maison.

- Bienvenue à notre manoir, Plume. Tu peux choisir la chambre que tu veux dans l'aile Ouest. Moi je suis dans l'aile Est. On se retrouve dans une heure pour le repas dans la salle à manger au premier étage.

Je n'étais pas certaine que toutes ces indications soient nécessaires jusqu'à ce que j'entre. De l'intérieur, le manoir était beaucoup moins beau même s'il demeurait élégant. Il manquait de lumière et semblait plus effrayant qu'impressionnant. La poussière s'accumulait et il manquait clairement une touche féminine que je pourrais certainement ajouter. Je pris le gigantesque escalier qui menait à l'aile Ouest puis décidai de regarder mes possibilités. Il y avait quatre chambres. Une qui ressemblait plus à une résidence funéraire et qui aurait plus convenu à un vampire qu'à moi. Je passai à la suivante. On aurait dit une chambre de princesse, immense avec un lit à baldaquin en son centre. Mais si peu meublée, la chambre semblait vide et triste. La suivante était un peu mieux, mais elle semblait vieille, comme si ça faisait plus d'un siècle que personne n'y était entré et les insectes en avait fait leur demeure. Pas question. Je ferai le ménage plus tard car le château en avait terriblement besoin, mais je ne dormirais pas là. Me restait plus que la chambre au fond du couloir, sinon je n'aurais pas le choix de prendre la chambre de princesse.

Lorsque j'ouvris la porte, je sus que c'était la bonne. Elle était parfaitement éclairée, avec une baie vitrée qui devait donner sur le levé du soleil et une fenêtre en rond où un lit luxueux était encastré. C'était tout simplement magnifique. Je m'imaginais bien lire dans ce petit coin face à la vue merveilleuse d'une plage derrière la maison. J'installai le peu d'affaires que j'avais dans les armoires et sur la petite coiffeuse se trouvant à l'extrémité de mon lit. Je posai le seul livre en ma possession sur la table de chevet. Les Buddenbrook. Mon héritage de mes parents, un livre allemand usagé, mais qui valait tant à mes yeux.

Une fois toute installée, je sortis de la pièce et me rendis à ce que je croyais être une salle à manger. Je regardai autour de moi et j'aperçu des photos sur le bord de la cheminée. Ça semblait être des photos de Leo, mais je n'eus pas le temps de bien voir avant que Leo lui-même ne vienne les retirer brusquement.

- Ce n'est pas ici que nous mangeons. Tu ne dois pas entrer ici. Pas tant que je ne te le permets pas.

Je baissai les yeux.

- Désolé je ne savais pas. Ça prendrait une carte pour que je sache où me rendre!

- Justement en voilà une!

Je croyais qu'il disait cela pour plaisanter, mais je vis qu'il sortait réellement une carte de son sac. Il me la tendit er je l'observai. Cinq étages. Une bibliothèque? Intéressant... une salle de cinéma? Ouuuuh j'aime ça. Un théâtre!?!?!? Ben voyons il est si riche? Des glissades d'eau?!?!? Quelle belle vie! Il pourrait accueillir tellement de gens qui n'ont nul par où aller... ça en fait mal au coeur. Peut-être que je pourrai le lui proposer un jour? De faire de ce manoir un accueil lors des mauvais jours pour certaines personnes un toit par exemple en hiver.

Je lève la tête et ne trouve plus Leo. Je devais être plus absorbée dans mes pensées que je ne le croyais...

- Ton repas est dans la VRAIE salle à manger, regarde sur ta carte si jamais tu n'es pas certaine. Ensuite, rejoins-moi au théâtre.

Il s'approcha des escaliers, je tentai de le rejoindre. Puis, il s'envola doucement et sous mes yeux, se transforma en colombe. Je crus que je devenais folle. Peut-être ne m'étais-je pas assez faite à l'idée que la magie existait... Néanmoins, je perdis conscience alors que l'oiseau de paix revint vers moi et redevint Leo qui me retint pour m'éviter une chute dangereuse. Puis, ce fut le noir.